Sciences

Les pesticides rendraient les abeilles soûles, alertent des scientifiques

Difficultés à voler et à trouver de la nourriture: les produits chimiques sont un danger pour le cerveau des pollinisatrices et donc, pour leur survie.

Les pesticides maintiennent les abeilles éveillées la nuit en perturbant leur rythme circadien. | Dmitry Grigoriev <a href="https://unsplash.com/photos/yxXpjF-RrnA">via Unsplash</a>
Les pesticides maintiennent les abeilles éveillées la nuit en perturbant leur rythme circadien. | Dmitry Grigoriev via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Independent

Les guêpes ont attaqué nos assiettes et nos terrasses tout l'été, mais aucun signe des abeilles... Et pour cause: les pesticides leur procurent la même sensation que celle qu'éprouveraient des conducteurs alcoolisés au volant.

Des recherches récentes menées par l'équipe de la docteure Rachel Parkinson, de l'Université d'Oxford, démontrent que les pesticides modernes nuisent au cerveau des abeilles, réduisant leur capacité à se mouvoir, comme l'explique The Independent.

Dr Parkinson a mis en place une simulation sur le système nerveux et optique des abeilles pour observer l'impact des pesticides sur elles. «Les insecticides les plus utilisés, comme le sulfoxaflor et les néonicotinoïdes, peuvent profondément détériorer le comportement visuel des abeilles.» À noter que les néonicotinoïdes constituent la classe d'insecticides les plus utilisés au monde.

Les tests de l'équipe d'Oxford évaluent la réponse optomotrice des pollinisatrices, c'est-à-dire l'ensemble de leurs réflexes visuels. Cette réponse, innée chez les abeilles, leur permet de se réorienter sur une trajectoire droite quand elles sont menacées d'être déviées en vol ou au sol. Lorsqu'elles sont privées de ce réflexe, leur capacité à trouver de la nourriture et à voler est compromise.

Des résultats alarmants

Les scientifiques ont comparé l'efficacité de la réponse optomotrice sur quatre groupes de vingt-deux à vingt-huit abeilles sauvages qui avaient ingéré une solution de sucrose soit intacte, soit contaminée par les pesticides. Il s'avère que les abeilles qui avaient ingurgité des pesticides n'ont pas réussi le test des simulations optiques.

«Les résultats suscitent notre inquiétude parce que la capacité des abeilles à répondre correctement à des informations visuelles est cruciale pour leur vol, leur guidage, et de fait, leur survie», s'alarme Rachel Parkinson.

Si la tendance actuelle se poursuit, certaines espèces seraient amenées à disparaître, et toute la chaîne alimentaire serait menacée. Les abeilles, les fourmis et les scarabées disparaissent dix fois plus vite que les mammifères, les oiseaux ou les reptiles. Et selon l'Union internationale pour la conservation de la nature, une espèce d'abeilles et de papillons sur dix est au bord de l'extinction.

Dans l'Hexagone, le ministère de la Transition écologique a développé un plan national en faveur des insectes pollinisateurs et de la pollinisation intitulé «France, terre de pollinisateurs», entre 2016 et 2020. Un autre est en œuvre depuis 2021, et sa fin est prévue pour 2026.

Depuis le 1er janvier 2019, les pesticides sont interdits sur notre territoire aux utilisateurs non professionnels; seuls ceux d'origine naturelle sont autorisés. En outre, un arrêté en faveur de la protection des abeilles sur les conditions d'utilisation des insecticides et acaricides à usage agricole est entré en vigueur en janvier 2022.

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