Santé

Aux États-Unis, la consommation de champignons hallucinogènes dépénalisée pour ses vertus thérapeutiques

De la drogue récréative illicite au traitement prometteur pour la santé mentale, le statut de ces champignons magiques semble amené à évoluer.

Des centres dédiés à la consommation de ces produits devraient ouvrir début 2023 aux États-Unis. | Mathew Schwartz <a href="https://unsplash.com/photos/fK2E0NT2Pgw">via Unsplash</a>
Des centres dédiés à la consommation de ces produits devraient ouvrir début 2023 aux États-Unis. | Mathew Schwartz via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Scientific American

On s'éloigne de plus en plus de Las Vegas Parano: avec le temps, les substances hallucinogènes ont prouvé qu'elles avaient une utilité plus médicale que distrayante.

En 2020, l'Oregon a voté une loi pour dépénaliser la consommation de champignons hallucinogènes. Selon de nombreuses études, la psilocybine, molécule issue de ce genre de champignons, aurait des résultats bénéfiques dans le traitement de la dépression, de l'alcoolisme et du tabagisme, ainsi qu'au niveau de la réduction du stress des malades du cancer en phase avancée.

D'autres essais sont actuellement menés à propos d'un potentiel bienfait thérapeutique sur certaines pathologies psychiques, le stress post-traumatique et l'anorexie nerveuse, comme l'explique Scientific American. Ces examens pourraient permettre à la substance d'être approuvée par l'U.S. Food and Drug Administration. Mais le combat est loin d'être gagné, selon les scientifiques.

Un cadre légal plus leste

À la suite de la Convention des Nations unies sur les substances psychotropes en 1971, la psilocybine a été classée comme «psychédélique» et «interdite pour un usage médical», indique la Drug Enforcement Administration. D'autres produits tels que le LSD et l'ecstasy, qui font partie de cette même catégorie, sont également considérés comme illégaux aux États-Unis.

Malgré les obstacles légaux rencontrés ces vingt dernières années, les recherches sur les fongus (nom botanique des champignons) et leurs avantages médicaux se sont énormément développées et ont donné de premiers résultats prometteurs. À tel point que certaines municipalités américaines ont voté des mesures pour dépénaliser la consommation de champignons de ce type. C'est notamment le cas de Denver, Oakland et Santa Cruz. L'Oregon est le premier État à avoir décriminalisé ces substances sur tout son territoire.

Un cadre pour réguler l'utilisation thérapeutique et légale va rapidement être mis en place grâce au conseil scientifique créé pour l'occasion. La consommation se fera dans des centres, lesquels disposeront obligatoirement d'une licence. Leur ouverture est prévue en janvier 2023. L'objectif n'est –pour le moment– pas de traiter la dépression, mais d'améliorer le bien-être en général.

«Toutes nos décisions sont prises pour la sécurité du consommateur», fait valoir Jessie Uehling, mycologue à l'Université d'État de l'Oregon, qui siège au conseil scientifique. «Nous évitons tous les risques potentiels et créons l'environnement le plus sûr possible pour les individus.»

Certains scientifiques souhaiteraient une décriminalisation des champignons à plus grande échelle. C'est le cas de David Nutt, neuropsychopharmacologue à l'Imperial College de Londres, qui s'insurge: «Il est inconcevable que l'Organisation mondiale de la santé puisse continuer à dire que la psilocybine n'a pas de vertu médicale. Elle est utile là où d'autres médicaments ne le sont pas.»

Rappelons qu'en France, depuis 1966, «les champignons hallucinogènes sont une drogue classée parmi les stupéfiants» et que leur «usage est interdit», selon Drogues info service.

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