Une grande partie du nord de l'Italie fait face depuis quelques jours à une vague de sécheresse historique, la pire que le pays ait connu en soixante-dix ans. Les conséquences sont telles que le gouvernement a décidé de déclarer l'état d'urgence dans cinq régions italiennes le 4 juillet. Surtout, l'agriculture pourrait pâtir de cette chaleur intense, rapporte le Guardian.
Certains importateurs s'attendent ainsi à une hausse des prix de plus de 50% pour certains aliments tels que le riz et les tomates. Dans la plaine du Pô, une des régions touchées par la sécheresse et connue comme «la patrie du riz Arborio utilisé pour le risotto», les agriculteurs s'inquiètent d'une «réduction significative» de la production cette année.
Concernant l'huile d'olive, «la production italienne pourrait être inférieure de 20 à 30% à celle de l'année dernière», alerte Kyle Holland, un analyste du groupe d'études de marché Mintec. Selon lui, il faut même s'attendre à «une baisse substantielle de l'offre mondiale» puisque d'autres régions du monde connues pour être de grandes productrices du liquide –à l'image de l'Espagne– risquent également de voir leur stock décroître à cause des vagues de chaleur intense.
«Nous constatons déjà que certains oliviers ne produisent aucun fruit, ce qui n'arrive que lorsque les niveaux d'humidité du sol sont dangereusement bas, commente Kyle Holland. La baisse de la production et, par conséquent, l'offre limitée d'huile d'olive, sont susceptibles de provoquer une augmentation des prix dans les mois à venir.»
«À moins qu'il ne pleuve très bientôt, la récolte d'olives sera considérablement réduite», explique Walter Zanre, directeur général au Royaume-Uni de l'entreprise spécialiste de l'huile d'olive Filippo Berio.
30% de la production agricole menacée
Face à cette crise, il y a fort à parier que les acheteurs aillent chercher leur stock autre part qu'en Italie. «Je ne pense pas que nous allons obtenir beaucoup de l'Italie, et ce que nous allons obtenir sera très cher», confie Jason Bull, directeur général d'Eurostar Commodities, qui importe du riz et des tomates de la Botte. L'homme d'affaires rappelle par ailleurs que les prix des produits italiens n'ont fait qu'augmenter ces deux dernières années.
«Les agriculteurs disent qu'il n'y a pas de neige sur les Alpes alors qu'il y en a toujours habituellement, les rivières s'assèchent, les lacs s'assèchent, déplore Jason Bull. Ils continuent à planter mais ils ont peur que les cultures pourrissent dans le sol car il n'y a pas d'eau pour les nourrir.»
Du côté italien, les porte-paroles du plus grand syndicat agricole, Coldiretti, ont déclaré que la sécheresse qui s'abat sur le pays depuis le début du mois de juillet menaçait «plus de 30 % de la production agricole et la moitié des exploitations de la vallée du Pô». Les agriculteurs des régions du nord rappellent aussi qu'ils ne sont pas habitués à de telles chaleurs, à l'inverse du sud, où des systèmes d'irrigation sont mis en place depuis de nombreuses années.