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Le régime iranien se craquelle

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Le Guardian a réussi à obtenir le témoignage précieux de plusieurs officiers iraniens qui ont récemment fait défection. Après avoir fui leur pays, ils ont accepté de s'exprimer devant les caméras du bureau d'investigation du quotidien britannique. Et tous évoquent un pouvoir vacillant au pays des mollahs.

«Nous étions forcés de surveiller tout le monde, de suivre les directives. Dès que j'ai eu l'opportunité de quitter ce monde-là, j'ai sauté sur l'occasion», explique le colonel Mohammed Torkaman, ancien des Gardes de la révolution, qui est venu grossir les rangs de la diaspora iranienne depuis qu'il s'est installé en Turquie. Il affirme ainsi que l'ordre de tirer sur les manifestants pendant les émeutes qui ont suivi la réélection de Mahmoud Ahmadinejad en juin 2009 a été donné par le ministre de la Défense, Ahmed Vahidi.

Membre de la cellule de renseignement, Torkaman précise qu'il rencontrait plusieurs fois par semaine les plus hauts officiels du régime, y compris le président et ses ministres. «J'ai senti la peur et la panique», avance-t-il, quelques mois après avoir emmené avec lui femme et enfant, «dégoûté» par le pouvoir en place. On apprend également que le gouvernement et les mollahs, incertains de la loyauté de leur milice, auraient décidé de recourir à des mercenaires libanais et palestiniens pour juguler les manifestations par la manière forte. «Ceux qui ont reçu l'autorisation d'ouvrir le feu ne parlaient même pas farsi», précise encore Torkaman.

Selon lui, pendant la fête d'Achoura, en décembre, quand les émeutes ont recommencé, le gouvernement a failli être renversé. C'est à ce moment que le colonel Torkaman a choisi l'exil, craignant pour sa vie si le régime des mollahs était renversé. «L'Iran prétend être une théocratie, un gouvernement basé sur la religion. Mais en Iran, Dieu n'existe pas», regrette-t-il. Sur certains billets de banque à l'effigie de l'ayatollah Khomeiny, le père de la révolution islamique, on peut lire ceci: «Juin est le mois de la lutte», ou encore «mort à Khamenei», le Guide Suprême actuel.

Le ressentiment se développe également chez les vétérans de la guerre Iran-Irak, qui ont rejoint les rangs des forces de sécurité du régime dans les années 1990. C'est le cas du général Mohammad Reza Madhi, qui fut en charge du comité de protection de la révolution. «Je ne fais que tenir la promesse que j'ai faite à mes camarades soldats», explique-t-il, lui qui considère que Téhéran a trahi la promesse de 1979. «Le régime est en train d'assister à sa propre destruction [...] Ahmadinejad n'a aucun pouvoir, c'est une marionnette.» Tombé en disgrâce il y a deux ans, le général fuit désormais de pays en pays, et ne se déplace jamais sans son gilet pare-balles. De son bureau improvisé de Bangkok, il essaie d'organiser la résistance en échangeant des informations sur Skype. Avec un seul objectif: déstabiliser le régime.

[Lire l'article et visionner la vidéo sur le Guardian]

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Photo: Mahmoud Ahmadinejad / REUTERS, Aly Song

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