Économie

Pourquoi les entreprises détestées sont plus rentables

Temps de lecture: 2 minutes

Scott Adams,  dessinateur pour le Wall Street Journal et créateur de la série Dilbert, en est convaincu: il faut investir dans les entreprises les plus détestées. BP, que l'auteur avoue à la fois admirer et haïr, en offre actuellement une parfaite illustration.

Cette théorie peut sembler absurde ou irrationnelle. Pas tant que ça, dit Adams, qui la compare à d'autres méthodes d'investissement. A l'en croire, celles-ci sont bien moins efficaces. Démonstration...

• l'analyse technique: cela consiste à étudier des flux pour pouvoir prédire des mouvements futurs. Pour Adams, «ça a la même validité scientifique que si vous prétendiez être une sorcière ou que vous spéculiez sur les crottes de poulet».

• investir dans des entreprises bien gérées: cette pratique peut sembler rassurante, d'autant que les PDG desdites entreprises tiennent généralement un discours positif et réconfortant. Le problème, c'est que ces mêmes PDG ont une aptitude spéciale qui leur permet de développer une forme particulière de mensonge: le leadership. Grâce à cette capacité, ils font croire qu'ils ont une vision, c'est-à-dire une forme d'hallucination optimiste qui ne devient vraie que dans de très rares cas.

• les antécédents: il peut sembler logique d'investir dans des compagnies qui sont rentables depuis longtemps. Seulement, il existe deux constantes en matière d'investissement: 1/ les performances passées ne donnent aucune indication sur les performances futures; 2/ il faut prendre en compte les antécédents d'une entreprise. Deux vérités contradictoires mais qu'il faut toujours prendre en compte avant d'investir.

• investir dans les compagnies que vous aimez
: la fausse bonne idée. Adams lui-même y a cru et a engagé des conseillers financiers de Wells Fargo pour l'aider. Toutes les entreprises conseillées ont vu leur valeur chuter. D'où sa haine tenace envers Wells Fargo. Tant et si bien qu'il regrette de ne pas avoir acheté des actions Wells Fargo, à l'époque où il détestait le plus la banque....

• faire ses propres recherches: on peut trouver, comme ce fut le cas pour l'auteur, une compagnie en tous points conforme à ses attentes: un business model séduisant, une mission honorable, une volonté d'améliorer la vie quotidienne, une promesse d'un futur plus rose... Pour Adams, cette entreprise était Webvan (un supermarché en ligne, qui a fait faillite en 2001. 2.000 licenciements et un milliard de dollars [1,16 milliards d'euros de l'époque] de pertes à la clé...)

• et Warren Buffet? Si Warren Buffet peut racheter des compagnies de qualité à un prix raisonnable et gagner beaucoup d'argent grâce à elles, pourquoi pas vous? Sauf que Buffet gagne son pain en disposant d'informations que les autres gens n'ont pas et en achetant des choses que les autres gens ne peuvent pas s'offrir. Comme, par exemple, des compagnies entières...

En conclusion à ces conseils emprunts de bon sens, Scott Adams raconte une anecdote révélatrice. Propriétaire d'un iPhone défaillant et si mal conçu (selon lui) que le clavier rend impossible l'écriture de mails ou de SMS, il vient d'acquérir un iPad. Enfin... il vient d'être mis sur liste d'attente pour pouvoir acheter un iPad. Et malgré le fait qu'il abhorre Apple, il songe de plus en plus devenir actionnaire de la firme à la pomme.


[Lire l'article sur le site du Wall Street Journal]

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Photo: BP Gas Station / futureatlas.com, via Flickr CC License by

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