Le souvenir d'une rupture amoureuse particulièrement douloureuse vous semble plus distinct qu'un instant de pur bonheur d'intensité égale? Pas de panique, bon nombre de personnes sont effectivement plus enclines à ressentir les moments de tristesse de manière plus forte que ceux de joie. En psychologie, ce phénomène porte d'ailleurs un nom: le biais de négativité.
Vice a voulu en savoir un peu plus sur ce phénomène et est donc allé poser la question à Mareile Poettering, une thérapeute et coach mentale spécialisée en médecine psychosomatique, c'est-à-dire l'étude des troubles physiques résultant de facteurs psychiques. Si elle rappelle qu'il est important de ne pas faire de généralités, elle admet toutefois avoir «remarqué que beaucoup de gens ressentent plus fortement les émotions difficiles que les émotions positives».
En cause? D'un point de vue social, nous tentons généralement d'éviter la négativité à tout prix. «Le chagrin et la douleur sont plus menaçants pour nous que les bons sentiments», explique la thérapeute. Et puisque «la joie est moins susceptible de représenter un danger», nous l'appréhendons de manière assez passive et donc moins mémorable.
À l'inverse, nous devons surmonter les émotions comme la tristesse de façon active, afin de tenter de nous en débarrasser. «Mais si nous ne les gérons pas, elles restent avec nous et leurs effets peuvent se voir sur notre corps», commente la coach.
Le corps et l'esprit
Selon la spécialiste, il est en effet particulièrement difficile pour certaines personnes de digérer des émotions comme la tristesse, le deuil ou l'angoisse. C'est dans ces moments que des troubles psychosomatiques peuvent entrer en jeu. Mareile Poettering donne un exemple particulièrement extrême de ce type de somatisation, à savoir le syndrome du cœur brisé. Ce dernier peut provoquer des douleurs intenses au niveau de la poitrine, «qui peuvent être déclenchées par un stress ou une souffrance intense».
Les émotions difficiles refoulées peuvent donc, selon la spécialiste, «continuer à faire rage» au fond de nous-mêmes. Mareile Poettering nous invite à les accepter, dans la mesure du possible, bien évidemment, car «les sentiments difficiles sont nécessaires dans la vie [...] Sans eux, on ne peut pas non plus ressentir de belles émotions». Rappelons cependant que nul n'est tenu à l'impossible et que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne en ce qui concerne la santé mentale.