En 2015, le gouvernement britannique lançait l'Undercover Policing Inquiry, à la suite d'une série de révélations choquantes quant aux pratiques très controversées de certains policiers infiltrés depuis la fin des années 1960. Cette enquête était censée examiner la façon dont ces derniers «ont espionné 1.000 groupes politiques, principalement de gauche, pendant plus de quarante ans», explique le Guardian.
Si ces premières révélations avaient provoqué une vague d'indignation outre-Manche, et avaient d'ailleurs valu à cette affaire d'être surnommée le «spy cops scandal» (le «scandale des flics espions», en français), on apprend par le biais du Guardian que de nouvelles informations tout aussi consternantes viennent d'être révélées par l'enquête.
Selon le journal britannique, le MI5 –le service de renseignement britannique responsable de la sécurité intérieure– aurait ainsi demandé à la police de récolter des informations concernant les activités politiques de certains adolescents, «notamment des rapports sur un jeune de 17 ans [...] et deux écoliers, alors âgés de 14 et 16 ans».
Plus précisément, le MI5 aurait indiqué qu'il souhaitait se renseigner sur des élèves «actifs dans des organisations subversives exploitées à des fins subversives», ainsi que collecter des informations sur des professeurs d'école qui auraient «utilisé leur position à des fins subversives, par exemple pour tenter de convertir des élèves ou pour mettre des locaux scolaires à la disposition d'organisations subversives», précise le Guardian.
Des cibles manipulées
L'enquête a par ailleurs démontré qu'à l'époque, ce genre de pratiques controversées étaient légion. Aussi, à de nombreuses reprises, l'État a été accusé d'avoir «violé les libertés civiles des militants qui menaient des campagnes pacifiques et légales», commente le journal britannique.
En 2020, l'enquête avait par exemple dévoilé que des policiers infiltrés couchaient avec certaines cibles qu'ils espionnaient, et que certains d'entre eux ont même eu des enfant avec ces femmes. D'autres ont été accusé d'avoir menti sous serment lors de procès, ce qui a pu conduire, à tort, à l'inculpation de certains militants.
Beaucoup de choses restent encore méconnues. Mais on estime aujourd'hui que les opérations ciblaient principalement des groupes de lutte en faveur de l'environnement, des militants antiracistes, ainsi que certains partis de gauche et d'extrême droite. D'ici à la fin du mois de mai, des responsables du Special Demonstration Squad –une unité secrète de la police du Grand Londres créée en 1968– «chargés d'autoriser et de superviser les premières étapes des opérations d'infiltration entre 1968 et 1982», seront entendus par les juges, d'après les informations du Guardian.