Pendant la pandémie de Covid-19, la fortune des milliardaires a augmenté de 60% en deux ans, soit d'à peu près 5.000 milliards de dollars. Si ce n'est pas forcément une bonne nouvelle pour la répartition des richesses, c'est une excellente affaire pour le monde du grand luxe.
À ce titre, l'industrie des superyachts, ces bateaux de plaisance de plusieurs dizaines de mètres, devrait se frotter les mains. En effet, quel plus grand luxe que de disposer d'une immense villa transportable n'importe où?
À ceci près que les milliardaires qui raffolent le plus au monde de ces extravagances flottantes sont les oligarques russes. Les sanctions internationales qui les visent en ce moment font peser de sérieuses conséquences sur quiconque chercherait à faire des affaires avec eux.
D'après le média spécialisé Superyacht News, ce sont 7 à 10% de tous les superyachts mondiaux qui appartiennent à des grandes fortunes russes. Déjà impressionnants, ces quelques pourcents jettent un froid sur tout le reste de l'industrie.
L'argent russe brûle les doigts
Le système de propriété des superyacht est volontairement très opaque. D'ordinaire, il permet d'échapper aux contrôles mais en cette période de crise, ces mystères jettent un voile de doute sur l'ensemble de la flotte mondiale. «Personne ne sait ce qui appartient à qui, et vous ne pouvez pas le vendre. Vous ne pouvez pas travailler dessus. Vous ne pouvez pas le bouger, explique à la BBC Sam Tucker, un membre du cabinet d'analyse maritime VesselsValue. Tout le monde a peur de s'approcher de trop près de la mauvaise monnaie.»
Or, si ces bateaux ne sont possédés que par une poignée de milliardaires, ils nécessitent toute une industrie pour les maintenir à flot. D'après la BBC, entre l'entretien, l'équipage (entre 50 et 100 personnes) et le carburant, être propriétaire d'un superyacht coûte chaque année environ 15% de la valeur totale du navire.
Si on ajoute à cela les chantiers navals forcés d'arrêter de travailler sur de nouveaux projets, ce sont des centaines de millions d'euros par an avec lesquels les travailleurs de l'industrie ont peur de se brûler les doigts.