«Twitter a un énorme potentiel, je vais le réaliser», écrivait Elon Musk le 14 avril dernier dans une lettre adressée au conseil d'administration de l'entreprise. Aussi riche en ambition qu'en actions, le nouveau propriétaire de la plateforme a donc pour projet de la transformer, après avoir déboursé 44 milliards de dollars pour l'acquérir. La BBC s'est demandée ce qui pourrait bien advenir de Twitter entre les mains de l'homme le plus riche du monde.
L'un des objectifs mis en avant par le milliardaire (qui s'auto-décrit comme «un absolutiste de la liberté d'expression») est de libérer la plateforme de la «censure», ce qui inquiète plusieurs associations de droits humains. Cela pourrait signifier, par exemple, réactiver des comptes suspendus et alléger la modération des contenus haineux.
Amnesty International, dans un thread sur Twitter, s'est montrée concernée par ce rachat: «Nous sommes inquiets de chaque mesure que pourrait prendre Twitter pour affaiblir les mécanismes de protection des utilisateurs.»
Two words: toxic twitter.
— Amnesty International (@amnesty) April 25, 2022
Dix de perdus, un de retrouvé
Plusieurs inquiétudes émergent aussi quant à de potentiels utilisateurs influents qui quitteraient le réseau à cause du rachat. Mais on commence également à entendre des spéculations sur un ancien utilisateur qui, lui, pourrait profiter de l'allégement prévu des règles de modération: Donald Trump.
Son compte avait été suspendu après le 6 janvier 2021 et la prise d'assaut du Capitole par ses supporters. Cependant, l'ancien président américain a affirmé qu'il n'avait pas l'intention de revenir sur le réseau car il préfère désormais le sien: Truth Social. Au sujet d'Elon Musk, il le qualifie d'«homme bien qui améliorera Twitter».
Pourtant, Ming-Chi Kuo, un analyste de l'entreprise d'investissement TF International Securities, doute des dires de Donald Trump: «Il pourrait y retourner [sur Twitter] s'il se présente à la présidentielle en 2024. Twitter est toujours mieux pour porter une voix, et c'est difficile de créer une plateforme qui aurait plus d'influence avant la prochaine élection.»
D'autres personnes influentes, en revanche, veulent quitter définitivement Twitter avant que ça ne devienne un espace trop anarchique, sans régulation. C'est le cas de l'actrice Jameela Jamil, célèbre pour son rôle dans la série The Good Place. Dans ce qu'elle aimerait être son «dernier tweet», elle affirme: «J'ai peur que ça devienne un espace encore plus haineux, anarchique, sectaire et misogyne.»
Ah he got twitter. I would like this to be my what lies here as my last tweet. Just really *any* excuse to show pics of Barold. I fear this free speech bid is going to help this hell platform reach its final form of totally lawless hate, bigotry, and misogyny. Best of luck. ❤️ pic.twitter.com/fBDOuEYI3e
— Jameela Jamil 🌈 (@jameelajamil) April 25, 2022
Dans la sphère politique américaine, les réactions sont diverses. Elizabeth Warren décrit le marché comme «dangereux pour la démocratie» tandis que la sénatrice républicaine Marsha Blackburn parle «d'un jour encourageant pour la liberté d'expression».
Néanmoins, plusieurs interrogations demeurent sur le devenir du réseau social. Parag Agrawal, le directeur général de Twitter, aurait tenu à ses employés ce langage: «Une fois le marché conclu, on ne sait pas quelle direction la plateforme va prendre.»