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Ivano-Frankivsk, la ville ukrainienne où les femmes s'entraînent à tirer

Les récits de viols et de tortures par les soldats russes ont poussé des milliers de femmes à suivre des cours de maniement de kalachnikov.

Fin mars, le maire de la ville annonçait que cinq écoles seraient réhabilitées dans le but d'éduquer les citoyens à l'utilisation d'armes à feu. | AntoineLanz <a href="https://pixabay.com/fr/photos/femme-tournage-cibler-arme-%c3%a0-feu-4811945/">via Pixabay</a>
Fin mars, le maire de la ville annonçait que cinq écoles seraient réhabilitées dans le but d'éduquer les citoyens à l'utilisation d'armes à feu. | AntoineLanz via Pixabay

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

L'école Litsey 20, à Ivano-Frankivsk, l'une des plus grandes villes de l'est de l'Ukraine, accueille d'habitude essentiellement des enfants à partir de 6 ans. Mais à cause de la guerre, elle a été réinvestie pour recevoir un autre type de public: des femmes désirant apprendre à utiliser des armes à feu. Le Guardian s'est intéressé à cette situation.

Dans le sous-sol de l'école, dix femmes de 18 à 51 ans regardent Serhiy Korneliyevych Hamchuk montrer comment on recharge une kalachnikov. Fin mars, le maire de la ville annonçait que cinq écoles seraient réhabilitées dans le but d'éduquer les citoyens à l'utilisation d'armes à feu.

Bien qu'ils soient ouverts à tous, ces cours sont avant tout destinés aux femmes. Le maire explique qu'il existe d'autres institutions où les hommes peuvent s'entraîner. «Ces cours en revanche sont spécialement organisés pour les femmes. Elles doivent apprendre à se protéger et à protéger leurs familles.»

Le traumatisme de Boutcha

La première leçon s'est tenue le 31 mars, au lendemain de la découverte des massacres de Boutcha. Dans les jours qui ont suivi, au fur à mesure que les crimes (viols et actes de torture en majorité) étaient rapportés par les médias, des milliers de femmes ont signé pour prendre des cours de tir. La première semaine, elles étaient plus de 3.700 –pour 800 hommes. Des milliers d'autres les ont rejointes, et la liste d'attente est désormais longue de plus de 6.300 femmes.

Natalia Anoshina, 51 ans, s'est inscrite avec sa fille Anya. En évoquant les événements de Boutcha, elle confie: «C'est un cauchemar. Ce sont des informations que je n'arrive pas encore à assimiler tant elles sont effrayantes.» C'est Anya qui a suggéré que mère et fille s'inscrivent ensemble. Les cours dispensés dans les cinq écoles sont divisés en deux parties: une première pour apprendre à tenir une kalachnikov, une seconde pour s'entraîner avec une arme chargée à blanc.

Puisqu'il n'y a pas (encore) de combats dans cette ville, le but est d'anticiper l'arrivée des Russes et de se préparer à des exactions comme celles relatées d'ailleurs en Ukraine.

Lorsque les femmes tirent sur une tasse de café, elles discutent et laissent même parfois échapper un rire. Mais quand elles évoquent les motivations qui les poussent à venir, leurs visages s'assombrissent. Galina, l'une d'entre elles, explique: «Vous devez connaître les bases et avoir la possibilité de vous défendre dans le futur. Mon mari et mon fils sont dans l'armée. J'en ai besoin pour moi-même, en cas d'urgence.»

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