On devrait se préoccuper de protéger l'orbite terrestre via des réglementations environnementales, de la même façon que l'on cherche à en appliquer sur la Terre, alertent des scientifiques.
Une étude publiée par une équipe de chercheurs internationaux dans la revue Nature Astronomy le 22 avril 2022 met en garde contre la forte augmentation du nombre de satellites qui gravitent autour de la Terre, et polluent le ciel nocturne pour ses observateurs tout en augmentant le risque de collision d'objets dans l'espace.
Sont notamment mis en cause les méga-constellations de satellites, qui ont connu un essor aussi fulgurant que préoccupant ces dernières années: il s'agit de groupes de satellites artificiels qui se comptent en plusieurs milliers voire dizaines de milliers, et qui sont placés en orbite terrestre basse, notamment dans le but de fournir un accès internet à haut débit.
Un ciel troué de lumière
Les auteurs de l'étude estiment que d'ici 2030, leur nombre pourrait dépasser les 100.000, ce qui perturberait d'autant le travail des astronomes, et modifierait considérablement notre vision du ciel nocturne. En effet, le nombre de satellites que l'on peut confondre avec des étoiles par leur brillance commence à rivaliser avec le nombre de véritables étoiles visibles à l'œil nu, et peut laisser des traînées sur les images qui les rendent illisibles pour les astronomes. En plus de cela, leurs émissions peuvent noyer les signaux radio naturels à basse fréquence.
«Il faut se rendre compte que les problèmes que nous constatons en orbite sont les mêmes que ceux que nous constatons lorsque nous nous préoccupons de la terre, des océans et de l'atmosphère», relève Andy Lawrence, l'un des auteurs de l'étude, professeur d'astronomie à l'Université d'Édimbourg.
Jusqu'à présent, les seules réglementations substantielles concernent la sécurisation du lancement des satellites et l'encadrement de leur émission de signaux dans certaines bandes de fréquences.
Pour Chris Newman, professeur de droit et de politique de l'espace à l'Université de Northumbria, «un long chemin reste encore à parcourir avant la mise en place d'un traité international contraignant, compte tenu de l'étendue des nouveaux acteurs et de l'accroissement des tensions géopolitiques. En tout état de cause, la loi ne peut pas nous mener beaucoup plus loin. Les pays et les entreprises qui sont actifs dans l'espace doivent donc faire preuve d'un leadership responsable.»
Ces deux dernières années, les seuls lancements de SpaceX ont quasiment fait doubler le nombre de satellites en orbite autour de la Terre: ils se situent tous actuellement en orbite basse, entre 100 et 2.000 kilomètres au-dessus de la Terre.