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Le couple qui sauva des centaines de vies lors du naufrage de l'Oceanos

Certaines personnes ont un sang-froid insubmersible.

Photo des passagers de l'Oceanos lors de son naufrage le 4 août 1991. | Capture d'écran Bright Sun Films <a href="https://www.youtube.com/watch?v=aCiuK7qcxU4">via YouTube</a>
Photo des passagers de l'Oceanos lors de son naufrage le 4 août 1991. | Capture d'écran Bright Sun Films via YouTube

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

C'est en voyant les serveurs, trop déséquilibrés, déposer leurs plateaux que Moss Hills comprit pour la première fois la violence de la tempête. Ce musicien britannique se trouvait le 4 août 1991 à bord de l'Oceanos, et jouait avec sa femme Tracy un dernier concert dans le salon Four Seasons. C'était l'heure du dîner et le navire de croisière allait bientôt faire naufrage. La BBC nous raconte cet épisode héroïque.

Malgré des conditions météorologiques désastreuses, le capitaine avait décidé de lever l'ancre quelques heures plus tôt. Le bateau affrontait donc des vagues de 9 mètres de haut et des vents de plus de 40 nœuds (environ 75 km/h), quand Tracy prit l'initiative de faire un aller-retour en cabine pour préparer un sac d'urgence, juste au cas où. «À peine est-elle partie que toutes les lumières se sont éteintes», se souvient le guitariste.

 

Rapidement, des passagers anxieux, restés jusque-là en cabine, commencent à affluer dans le salon. Le navire martelé par les flots tremble et le mobilier ne tient plus debout. Pendant une heure, le musicien joue de sa guitare acoustique pour essayer de détendre l'atmosphère. Mais alors qu'il comprend que le navire gîte (ne revient pas à sa position normale par rapport à l'eau après avoir été secoué par la tempête), il déclare à sa femme: «Il se passe quelque chose de grave. Je vais essayer d'y voir plus clair.»

Moss et un magicien du Yorkshire décident de descendre dans la salle des machines. Sur le trajet, ils croisent un équipage complètement affolé, aux yeux «hagards». Le musicien relate: «Tout le monde avait l'air paniqué, c'était comme si nous n'existions pas.» En bas, toutes les portes étanches sont verrouillées. Pire, les salles sont vides, ce qui n'arrive jamais, même quand le navire est à quai.

«Dans l'effort de sauver des gens, nous allions peut-être les tuer»

De retour dans le salon, toujours aucune annonce de la part du capitaine. Moss demande alors à la directrice de croisière ce qu'il en est, elle lui répond que le capitaine lui a confié qu'il fallait abandonner le bateau. «On s'est ensuite rendu compte qu'un canot de sauvetage était déjà parti avec une partie de l'équipage et des officiers à son bord», ajoute Moss.

Alors, comme personne de qualifié ne s'en charge, lui et quelques autres commencent à improviser l'évacuation du navire. Pour maintenir les embarcations de sauvetage stables afin que les passagers puissent y monter, ils doivent garder un pied sur l'Oceanos, l'autre sur le canot. Mais il faut vite sauter sur le navire quand une vague creuse un trou de plusieurs mètres puis vient faire éclater les embarcations de secours contre la coque. L'opération est trop périlleuse pour continuer: «Dans l'effort de sauver des gens, nous allions peut-être les tuer.»

Le musicien décide alors de retourner à la recherche du capitaine et parvient à envoyer un signal d'alerte via une radio, dans un dialogue surréaliste: «Quel est votre grade?» demande un navire proche à Moss lorsqu'il dit ne pas connaître la position géographique du bateau. «Je n'ai pas de grade, je suis musicien. Je suis avec ma femme bassiste et il y a un magicien aussi.»

Au bout de trois heures, des hélicoptères arrivent et commencent le sauvetage des passagers restés à bord. Mais le temps est compté. Moss reçoit donc un cours de cinq minutes sur comment gérer un pont aérien en hélicoptère afin d'en assurer un à l'avant du bateau avec Tracy. Ils mènent cette difficile opération brillamment. Vidé et épuisé, le couple est parmi les derniers à être secourus.

S'il y a eu des blessés, personne n'a perdu la vie ce soir-là grâce à eux. Environ quarante-cinq minutes après que la dernière personne a été sauvée, l'Oceanos a sombré. Son épave repose aujourd'hui à 5 kilomètres de la côte sud-africaine, à environ 97 mètres de profondeur.

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