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Les combattantes ukrainiennes, symboles d'une tradition féministe qui ne date pas d'hier

Des dizaines de milliers de femmes d'Ukraine ont pris les armes. Elles constituent entre 15 et 17% des forces de combat du pays.

La femme célibataire qui s'en sort sans l'aide d'un homme est une figure récurrente du folklore ukrainien. | Daniel Stuben. <a href="https://unsplash.com/photos/qU8fmSn_2k4">via Unsplash</a>
La femme célibataire qui s'en sort sans l'aide d'un homme est une figure récurrente du folklore ukrainien. | Daniel Stuben. via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Conversation

Elles sont nombreuses à conduire leur famille à la frontière avant de faire demi-tour pour rejoindre les forces de défense du pays. Deux expertes se sont intéressées aux combattantes ukrainiennes pour The Conversation, et montrent qu'elles sont le symbole d'une tradition féministe née bien avant l'invasion russe.

La géographie ukrainienne explique en partie l'indépendance réputée des femmes ukrainiennes, selon Mia Bloom et Sophia Moskalenko. Le climat y est tempéré et les terres fertiles, ce qui permet aux habitants (sous réserve d'un travail acharné) d'accéder à une certaine autosuffisance. Ainsi, la tradition des dots n'existe pas en Ukraine: une veuve pouvait rester seule tant qu'elle s'occupait de ses terres et de ses bêtes. Les femmes célibataires qui s'en sortent sans l'aide d'un homme, elles, sont des figures récurrentes du folklore ukrainien.

Bien sûr, toutes les expériences ne rentrent pas dans ce type de narration et la vie des femmes ukrainiennes, comme partout dans le monde, n'a pas toujours été un conte de fées. Néanmoins, l'idéal culturel ukrainien met en avant une certaine indépendance des femmes.

Dans le mariage aussi, les femmes ukrainiennes, plus que d'autres en Europe et ailleurs, avaient leur mot à dire avant le XXIe siècle. En automne, période des demandes, une femme pouvait refuser la main d'un homme et offrir à sa famille une citrouille en échange, d'où l'expression ukrainienne «attraper une citrouille», l'équivalent de «se prendre un râteau» en français.

Une résistance féminine et féministe depuis 2014

Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreuses vidéos de femmes plus badass les unes que les autres tournent sur internet. Parmi elles, une Ukrainienne criant à un soldat qu'il n'aura plus jamais d'érection puisque les femmes de sa ville sont des sorcières. Une autre donnant aux soldats russes des graines de tournesol à mettre dans leur poche pour que, au moins, «ils poussent quand ils mourront tous». Ou encore Olena, qui a abattu un drone à l'aide d'une boîte de tomates en conserve.

En 2014 déjà, la «révolution de la dignité» rassemblait nombre de volontaires pour créer un État parallèle à l'État corrompu. Les femmes participaient en fabriquant des vêtements, de la nourriture, ou encore en cachant les blessés. En 2022, des grands-mères secourent des animaux abandonnés et construisent des gilets pare-balles.

Comme chez les Kurdes qui se battent en Syrie et en Irak, il y a des effets psychologiques indéniables quand les femmes prennent les armes. En 2014 par exemple, les soldats du groupe État islamique qui ont perdu face aux Unités de protection de la femme se sont sentis complètement émasculés.

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