Chaque année, l'Union européenne verse près de 200 millions d'euros pour la tauromachie, via des subventions publiques versées à des exploitations agricoles, où sont élevés des taureaux de combat. C'est dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) de l'UE, lancée en 1962, que les éleveurs peuvent prétendre à ces aides.
En 2015 pourtant, les députés européens avaient voté en faveur du blocage des fonds agricoles destinés au «financement d'activités de corrida mortelles». Mais cette interdiction n'a pas été appliquée depuis, car sa mise en place impliquerait de revoir les dispositions juridiques de la PAC.
Blocages bloqués
«Bien que nous soyons entièrement d'accord avec les députés européens quant à leur indignation morale et ce qu'ils essaient de faire, les voies légales pour y parvenir sont assez difficiles. En fait, je dirais même qu'elles sont impossibles», affirme Joe Moran, membre de l'organisation de défense des animaux Eurogroup for Animals.
De fait, il faudrait que le bien-être animal soit une compétence officielle de l'UE, et qu'elle puisse voter une loi pour interdire l'élevage de taureaux destinés à participer à une corrida, voire la corrida même, pour que ces subventions soient effectivement arrêtées.
On estime qu'il existe dans l'UE 1.000 exploitations agricoles qui font commerce de l'élevage d'animaux destinés à la tauromachie. Depuis 2003, les subventions agricoles de l'UE sont allouées en fonction de la superficie des terres cultivées, et non de la finalité des produits. Un amendement à la PAC avait été déposé en 2020 afin d'introduire une interdiction de subvention pour les exploitations dont les activités étaient liées à la tauromachie, mais il fut abandonné en cours de route.
Du côté des aficionados, on fait valoir que l'élevage de taureaux de combat sur des zones extensives a un impact sur l'environnement moins négatif que l'élevage de porcs ou de moutons, et que la mort d'un taureau lors d'une corrida serait plus rapide et moins douloureuse que celle de nombreux animaux élevés en batterie à des fins commerciales.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, le secteur de la tauromachie a essuyé d'importantes pertes financières, de nombreux festivals ayant été annulés en raison des mesures sanitaires et de la crise économique espagnole.