Construite pour le pharaon Khéops (qui aurait régné autour de 2.600 avant notre ère), la pyramide de Gizeh est la plus large jamais construite en Égypte ancienne. ScienceAlert s'est intéressé à la technologie appelée «tomographie muonique» qui pourrait permettre d'en découvrir davantage sur celle qui était considérée, dans l'Antiquité, comme la première des sept merveilles du monde.
Entre 2015 et 2017, le projet «Scan Pyramids» a établi l'existence de deux vides dans le monument grâce à l'analyse de muons. Ces derniers sont des particules élémentaires de charges électriques négatives qui se forment quand les rayons cosmiques entrent en collision avec les atomes de l'atmosphère terrestre. Ces particules pleuvent constamment sur Terre (mais sont inoffensives) et se comportent différemment selon qu'elles entrent en contact avec de l'air ou de la pierre. C'est précisément ce qui permet aux chercheurs d'utiliser des détecteurs ultra-puissants aussi appelés «télescope à muons» pour identifier les zones de vide dans une construction.
La plus large des deux cavités se trouve juste au-dessus de la grande galerie qui mène à ce qui pourrait être la chambre du pharaon Khéops. Elle ferait à peu près 30 mètres de long et 6 mètres de haut selon les scans de 2017. Ces vides pourraient être deux grandes salles ou plusieurs petites. Les scientifiques espèrent trouver la fonction de ces dernières, la possibilité la plus réjouissante étant qu'il s'agisse de la chambre funéraire cachée du pharaon. Autre hypothèse moins excitante: ces pièces pourraient simplement avoir une fonction technique dans la construction de la pyramide.
Une nouvelle exploration prévue
Une nouvelle équipe de chercheurs aimerait désormais analyser de nouveau ces muons plus en détail, avec une technologie encore plus puissante. «Nous prévoyons de déployer un télescope cent fois plus puissant que le précédent», écrit une équipe de scientifiques dans un article prépublié sur arXiv –qui n'a donc pas encore été relu ou approuvé par des pairs. Le détecteur imaginé par les chercheurs étant très large, il ne peut pas être placé à l'intérieur de la pyramide. Le projet est donc de le déplacer le long de la base carrée du monument. Il devrait être si précis qu'il pourrait même révéler la présence d'artefacts.
L'équipe de recherche a déjà reçu l'approbation du ministère égyptien du Tourisme et des Antiquités. Mais tout n'est pas joué: l'équipement demande du temps pour être construit et surtout des fonds. Alan Bross, l'un des scientifiques du Fermi National Accelerator Laboratory, déclare: «Nous sommes à la recherche de sponsors. Une fois trouvés, il nous faudra environ deux ans pour construire le détecteur.» Pour l'instant, les investissements sont suffisants uniquement pour conduire des simulations et concevoir des prototypes.
Même une fois le détecteur en place, il faudra 2 à 3 ans de collecte de données pour exploiter le maximum de la capacité de cette technologie et mener à bien l'étude.