Sciences

Les effets positifs de l'homéopathie sont très largement surestimés

Selon une nouvelle étude, la recherche sur cette «médecine alternative» est bourrée de biais et de failles méthodologiques.

Une grosse partie des essais cliniques sur l'homéopathie ne sont jamais publiés. | <a href="https://www.piqsels.com/fr/public-domain-photo-ovdeo">Piqsels</a>
Une grosse partie des essais cliniques sur l'homéopathie ne sont jamais publiés. | Piqsels

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BMJ Evidence Based Medicine

Cela fait plus de deux siècles que l'homéopathie existe, et à peu près autant qu'elle est au cœur d'un âpre débat entre ses adeptes qui, par définition, l'adorent et le gros de la communauté scientifique qui n'en finit plus de la juger au mieux inefficace et au pire charlatanesque.

Une étude publiée le 15 mars dans le prestigieux BMJ Evidence Based Medicine et fondée sur l'analyse d'à peu près toutes les données actuellement disponibles sur cette «médecine alternative» enfonce un peu plus le clou en montrant que la mauvaise qualité générale des travaux arguant de ses effets positifs indique que ces derniers sont très largement surestimés.

Cette étude constate notamment qu'une grosse partie (38%) des essais cliniques sur l'homéopathie ne sont jamais publiés et qu'une majorité (53%) ne sont pas enregistrés –c'est-à-dire qu'avant de faire l'essai, les chercheurs doivent consigner ce qu'ils prévoient de trouver et, une fois le protocole terminé, de préciser ce qui a été confirmé ou pas. Et même parmi les études enregistrées, les dérapages méthodologiques sont loin d'être évités, vu que 25% d'entre elles voient leur résultat principal changé en cours de route.

Une «absence préoccupante» de normes éthiques

Autant d'éléments qui, pour l'équipe d'Andreea Iulia Dobrescu, du département d'évaluation et de médecine fondée sur les faits (EBM) de l'université de Krems, en Autriche, indique une «absence préoccupante de normes scientifiques et éthiques dans le domaine de l'homéopathie et un risque élevé de biais de publication».C'est pour y remédier que des registres publics d'essais cliniques ont été créés et que, depuis 2008, l'enregistrement et la publication des résultats des essais cliniques sont considérés comme une obligation éthique, bien que non-obligatoire, pour les chercheurs.

Pour cette étude, Dobrescu et ses collègues ont passé au crible les principaux registres internationaux d'essais cliniques pour se focaliser sur ceux enregistrés jusqu'en avril 2019, ainsi que dans les bases de données de recherche pour suivre leur publication jusqu'en avril 2021.

Autre hic, par rapport à ce qui se fait dans le reste de la science médicale, les études portant sur l'homéopathie sont plus susceptibles d'être enregistrées de manière rétrospective, soit une fois qu'elles ont été commencées, ce qui augmente d'autant plus le risque de grossir artificiellement des effets positifs –et des effets tout court. Enfin, l'équipe de Dobrescu note que les «revues publiant des essais d'homéopathie ne respectent pas les directives du [Comité international des rédacteurs de revues médicales], qui exigent que seuls les [essais contrôlés randomisés] enregistrés soient publiés». En France, l'homéopathie n'est plus prise en charge par la sécurité sociale depuis janvier 2021.

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