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Réserver des Airbnb est-il vraiment un bon moyen d'aider les Ukrainiens?

L'idée n'est pas mauvaise, mais elle comporte des défauts.

Un pompier et une femme se prennent dans les bras, le 15 mars 2022, après une frappe russe contre un immeuble résidentielle à Kiev. | Aris Messinis / AFP
Un pompier et une femme se prennent dans les bras, le 15 mars 2022, après une frappe russe contre un immeuble résidentielle à Kiev. | Aris Messinis / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Vox

Depuis le début de l'invasion Russe, un élan de solidarité mondial avec les civils ukrainiens a fait naître de nombreuses initiatives. Parmi les plus relayées: réserver des Airbnb dans les principales villes ukrainiennes comme Kiev, Kharkiv, Odessa ou Lviv, et ne jamais s'y rendre. Une analyse de Vox s'est questionnée sur l'efficacité du projet.

Elle révèle d'abord que c'est un moyen d'envoyer rapidement de l'argent en Ukraine, car la plateforme a levé les charges et la durée du transfert est inférieure à 24 heures. Selon un porte-parole d'Airbnb, l'idée a été popularisée par des influenceurs et, depuis le 4 mars, la valeur totale de ces réservations aurait atteint les 2 millions de dollars.

Anit Mukherjee, un chercheur en politique au Center for Global Development a analysé le phénomène. Il explique son ampleur par le fait que les donateurs ont l'impression d'être plus directement connectés aux civils que par l'intermédiaire d'ONG.


Que signifient réellement ces dons?

En revanche, en réservant sur Airbnb, seule une partie très spécifique de la population ukrainienne bénéficie de l'aide des donateurs étrangers, celle-là même qui est généralement la mieux dotée, puisqu'elle peut se permettre de louer une propriété et possède un accès à internet.

Tyler Hall, le directeur de la communication de l'ONG GiveDirectly reconnaît également qu'Airbnb «n'est pas un système conçu pour atteindre les personnes les plus vulnérables». Pour cause, l'Ukraine est un des pays les plus pauvres d'Europe. «Ne nous voilons pas la face, écrit Anit Mukherjee. L'aide n'est pas dirigée de façon efficace. On cible 5% de la population, peut-être même 1%.»

Les trois plus importants donateurs sont les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni. Le chercheur en politique estime que l'initiative est sous-tendue par un biais «dont personne ne veut parler». Pour lui, elle est symptomatique du triste constat que la crise ukrainienne offre aux locataires occidentaux des victimes auxquelles ils peuvent s'identifier plus facilement, pour des raisons géographiques, culturelles et religieuses. La même mobilisation est quasi inexistante pour les victimes des conflits syrien, yéménite et afghan.

L'initiative est donc imparfaite, mais elle reste un moyen de débloquer des dons qui ne seraient sûrement pas disponibles autrement, puisque un rapport du Baromètre Trust 2022 indique que la majorité des gens font plus confiance aux entreprises qu'aux ONG, aux médias ou aux gouvernements.

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