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«Je garde mes économies sous mon oreiller»: les Russes face aux sanctions internationales

Les mesures de rétorsion des Occidentaux commencent à peser sérieusement sur la vie quotidienne des Russes.

Quelques heures après l'invasion, les dollars et les euros ont commencé à s'épuiser en Russie. | Vardan Papikyan <a href="http://unsplash.com/photos/zQagr-dwFK8">via </a><a href="https://unsplash.com/photos/zQagr-dwFK8">Unsplash</a>
Quelques heures après l'invasion, les dollars et les euros ont commencé à s'épuiser en Russie. | Vardan Papikyan via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

Les sanctions économiques des Occidentaux se mettent en place depuis l'invasion de l'Ukraine, jeudi 24 février, par les troupes russes. Elles sont renforcées chaque jour et comprennent notamment le blacklistage des banques russes, la limitation des exportations, et l'interdiction de transférer de devises à l'étranger. La BBC consacre un long article à la façon dont ces mesures de rétorsion, et la situation plus générale, affectent la vie quotidienne des Russes.

«Si je pouvais quitter la Russie en ce moment, je le ferais. Mais je ne peux pas quitter mon emploi», témoigne Andrey*. Maintenant que les taux d'intérêt ont été relevés, ce designer industriel de 31 ans ne peut plus se permettre d'obtenir une hypothèque à Moscou. «J'ai l'intention de trouver de nouveaux clients à l'étranger dès que possible et de quitter la Russie avec l'argent que j'économisais», poursuit-il.

Outre la situation économique difficile, une partie des Russes déplorent que la liberté d'expression soit encore plus restreinte que d'habitude: «J'ai peur, des gens ont été arrêtés pour s'être exprimés contre la “ligne du parti”. J'ai honte et je n'ai même pas voté pour ceux qui sont au pouvoir», confie Andrey.

Les sanctions contre certaines banques russes comprennent la coupure des cartes Visa et Mastercard, et par conséquent d'Apple Pay et Google Pay. Alors qu'elle s'apprêtait à prendre le métro, Daria n'a pas pu payer au guichet. «Je paie toujours avec mon téléphone, et ça n'a pas fonctionné. Il y avait d'autres personnes dans le même cas», raconte-t-elle à la BBC. «Il s'est avéré que les barrières sont exploitées par la banque VTB qui est sous sanctions et ne peut pas accepter Google Pay ni Apple Pay. Je ne pouvais pas non plus payer dans un magasin aujourd'hui, pour la même raison», poursuit cette Moscovite.

Des dollars sous le matelas

Pour défendre l'économie et la devise, la Banque centrale de Russie a doublé son taux directeur, de 10,5 à 20% lundi matin. Le rouble ne cesse de dégringoler. La bourse de Moscou reste fermée pour toute la semaine, par crainte d'une vente massive d'actions. Le Kremlin assure avoir suffisamment de réserves pour faire face aux sanctions, mais est-ce vraiment le cas?

Dès que la guerre a été déclenchée, les Russes se sont précipités vers les banques pour retirer de l'argent, prioritairement des dollars, se souvenant des effets économiques des crises précédentes. Dans les années 1990, après l'effondrement de l'Union soviétique, le dollar était la seule devise forte dans laquelle les Russes conservaient leurs économies –en les mettant sous le matelas. «Il n'y a pas de dollars, pas de roubles –rien!, déplore Anton dans la queue d'un guichet automatique. Je ne sais pas quoi faire ensuite. Je crains que nous ne nous tournions vers la Corée du Nord ou l'Iran pour faire face.»

Les dollars et les euros ont commencé à s'épuiser quelques heures après l'invasion. Depuis, des montants très limités de ces devises sont disponibles et il y a un plafond sur le nombre de roubles que les Russes peuvent retirer. «Lorsque l'opération dans le Donbass a commencé, je suis allé au guichet automatique et j'ai retiré les économies que j'avais à la Sberbank en dollars. Maintenant, je les garde littéralement sous mon oreiller», confie un trentenaire.

Les entreprises russes pourraient finir par réduire les heures de travail ou même arrêter la production à mesure que les sanctions pèsent. Outre la perte de valeur de leurs économies, de nombreux Russes perdraient alors aussi leur emploi.

* Les prénoms ont été changés.

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