Société

Les jeunes générations sont-elles vraiment moins fortes que les précédentes?

La tendance à critiquer la génération suivant la sienne n'est pas nouvelle. Mais sur quels critères s'appuyer?

La force d'une génération est-elle une donnée mesurable? | Polina Tankilevitch <a href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/filles-adolescent-adolescents-gen-z-6988675/">via Pexels</a>
La force d'une génération est-elle une donnée mesurable? | Polina Tankilevitch via Pexels

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

Nombrilistes, fainéants... Les jeunes sont bien souvent dévalorisés par les plus âgés, qui se vantent d'appartenir à une meilleure génération que l'actuelle. La tendance n'est pas nouvelle: chaque génération a la critique facile sur la suivante, et à peu près toujours dans les mêmes termes. «La tendance des adultes à dénigrer le caractère de la jeunesse existe depuis des siècles», observe Peter O'Connor, professeur de gestion à l'Université de technologie du Queensland en Australie.

Le chercheur souligne que cette pratique demeure bien ancrée de nos jours. Des recherches montrent que des milliers d'Américains pensent que «les enfants d'aujourd'hui» manquent cruellement de qualités en comparaison des générations précédentes.

Mais y a-t-il une part de vérité dans l'idée actuelle que les individus des générations Y (nés entre 1980 et 1996), Z (1997-2010) et Alpha (après 2010) sont moins forts que ceux des plus anciennes? Selon certains spécialistes, les baby-boomers (1943-1960) et la génération X (1961-1981) jugent les nouvelles générations bien trop sévèrement et se réfèrent à des normes qui ne sont plus en vigueur aujourd'hui. Ainsi, tenir compte du contexte générationnel pourrait être la clé pour sortir de ces médisances un peu trop faciles.

Des normes datées

La force d'une génération est-elle une donnée mesurable? Certains experts le pensent. Une étude de 2010 s'est penchée sur des étudiants diplômés de l'université entre 2004 et 2008 et a démontré qu'ils avaient une plus faible résilience –résistance aux chocs et traumatismes– que ceux diplômés avant 1997. D'autres recherches ont établi que les jeunes générations étaient davantage égocentriques et avaient besoin de plus de reconnaissance que les précédentes.

Mais ces données ne sont pas significatives aux yeux de certains spécialistes. En effet, ce type de comparaison serait inepte car les problèmes qui touchent une génération ne sont pas les mêmes que ceux de la précédente –ni de la suivante, d'ailleurs. De plus, comme le note le Dr Carl Nassar, professionnel de la santé mentale chez LifeStance Health, «les générations précédentes ont appris à réprimer au lieu d'exprimer, mais pour les nouvelles générations, c'est l'inverse. Il y a rupture de perception, les générations plus âgées voyant cette expression comme un signe de faiblesse, car on leur a appris que la vulnérabilité est une faiblesse et non une force.»

La génération Z fait face à une variété de défis auxquels les autres générations n'ont pas été confrontées au même stade de leur vie, explique Jason Dorsey, président d'une société de recherche sur les générations. Il cite notamment la pandémie de Covid-19 et la pression constante des médias sociaux.

Les baby-boomers et la génération X n'ont peut-être pas grandi avec le confort matériel que peut représenter un smartphone, mais ils n'ont pas eu à connaître le cyberharcèlement non plus. Chaque génération a des défis différents et il n'est pas très pertinent de comparer les malheurs de chacune.

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