Ella, 15 ans, a accueilli la pandémie et le confinement avec une résolution: courir. Très vite, la course, l’activité physique et le mouvement deviennent un besoin de tous les instants pour la jeune fille. Au fur et à mesure, la nourriture, elle, est boudée. Ses parents s’inquiètent, tentent de la faire prendre en charge mais les centres d’accueil sont bondés, les médecins débordés. Selon l'article de la journaliste Sandee LaMotte pour CNN, l'histoire d'Ella est loin d’être un cas isolé.
Le pédiatre Mark Norris, spécialiste des troubles alimentaires chez les enfants et adolescents n’a jamais été aussi sollicité que depuis juin 2020, juste après la fin du premier confinement. Pour lui, comme les troubles alimentaires sont souvent déclenchés par le stress, il avait surtout peur que d’anciens patients rechutent. Cela a été le cas mais le docteur a également constaté l'arrivée massive de nouveaux patients sans symptômes préalables.
Norris et d’autres scientifiques ont conduit une enquête auprès d’une cinquantaine de patients, publiée en juin 2021 dans laquelle ils affirment que les jeunes accueillis aux urgences pour des troubles alimentaires –après le premier confinement– se présentaient à des poids moins élevés qu’à l’accoutumée, avec un niveau d’affaiblissement supérieur, avec pour conséquences davantage d'admissions à l'hôpital. Dans le cadre de l’enquête, 40% des jeunes pointaient la pandémie comme étant responsable de leur trouble.
D’après les données analysées par un centre de recherche américain auprès de 80 hôpitaux américains et canadiens, les admissions pour troubles alimentaires ont augmenté de 25% après les débuts de la pandémie. L’augmentation est encore plus forte chez les jeunes femmes, elle est de 30%. Pour d’autres maladies mentales comme des troubles anxieux, dépressifs, l’augmentation n’est pas aussi drastique. Les appels vers les numéros d’écoute pour les personnes victimes de troubles alimentaires ont, eux, augmenté de 107% depuis le début de la pandémie selon l’association nationale des troubles alimentaires américaine. Selon une des porte-parole de l’association contactée par CNN, la plupart des appelants ont entre 13 et 24 ans.
Selon le docteur Norris, en règle générale, les troubles alimentaires sont causés par une forme d’insécurité, des traumatismes liés à l’enfance ou une forme de pression ressentie de la société. La pandémie pourrait être à ajouter à cette liste tant elle entraîne de comportements susceptibles de se transformer en troubles alimentaires: isolement social, utilisation excessive des réseaux sociaux, etc.