Le fait de ne rien regretter est également appelé le «One life». Ce phénomène s'observe notamment sur les réseaux sociaux, où l'on peut voir des jeunes vanter leurs actes impulsifs en invoquant le «J'aime mieux avoir des remords que des regrets» d'Oscar Wilde.
Pourtant, les regrets font partie intégrante de nos vies. En 2020, le journaliste et auteur américain Daniel Pink a lancé la World Regret Survey, la plus grande enquête sur le sujet. Il a demandé à 15.000 participants de 105 pays différents: «À quelle fréquence repensez-vous à votre vie et souhaiteriez-vous avoir fait les choses différemment?» Pour 82% des répondants, le regret fait, au moins occasionnellement, partie de leur vie. 21% déclarent qu'ils ressentent des regrets tout le temps. Et seulement 1% assure n'en avoir jamais ressenti.
Si vous êtes partisan du «No regrets», vous pensez peut-être que ce sentiment est la voie du malheur. Mais c'est une idée reçue. Certes, avoir trop de regrets est nocif, mais se positionner à l'extrême inverse n'est pas mieux. Pratiquer le «One life» vous amènera à répéter les mêmes erreurs et surtout, à avoir des remords.
Aussi désagréable soit-il, un regret est un exploit cognitif incroyable. Lorsqu'on le ressent, on repense à une situation passée et on imagine à nouveau les différents choix que l'on aurait pu faire. Tous les regrets ne sont cependant pas identiques, comme l'écrit Daniel Pink. Il en existe quatre variétés, qui peuvent se combiner.
Les quatre types de regrets
Tout d'abord, les regrets de connexion relèvent d'un comportement concernant une relation importante. Par exemple, ce regret peut apparaître si vous vous êtes disputé avec un proche juste avant qu'il meure. L'entaille relationnelle, elle, est parfois due à des regrets moraux. Ces derniers sont des violations de vos propres valeurs, comme rester calme ou impartial. Un regret moral n'est pas forcément tourné vers les autres: il peut être dirigé vers vous, par exemple si vous dévoré une pizza à 15h en plein régime.
Les deux autres types de regrets, selon l'auteur américain, sont relatifs aux choix de vie. Si vous regrettez de ne pas avoir saisi une opportunité ou de ne pas avoir réalisé l'un de vos rêves, il s'agit de regrets d'audace. À un instant T, vous n'avez pas eu le courage de prendre ce poste dont vous rêviez et depuis, vous le regrettez. À l'inverse, si vous avez fait un choix qui a affecté votre vie d'une manière négative, il s'agit d'un regret de fondation. Arrêter les études pour aller vivre à New York n'était peut-être pas la meilleure idée de votre vie...
Tout regret est douloureux, c'est certain, mais il est aussi une leçon de vie. L'important, d'après Daniel Pink, est d'intégrer le regret, de reconnaître la douleur qu'il provoque et de l'utiliser pour apprendre et s'améliorer. Les regrets ont finalement plusieurs bienfaits: celui de vous endurcir, de vous rendre plus intelligent et plus performant. Ne pas en avoir rimerait à ne pas grandir. Or bien vivre signifie apprendre de tout, y compris de nos erreurs.