Monde

La nuit où Robika, 5 ans, a été assassiné

Le 23 février 2009, dans un village de Hongrie, trois skinheads mettent le feu à la maison d'une famille rom avec pour projet de tirer sur tous ceux qui en sortiront.

Un skinhead tatoué du slogan SS <em>«La loyauté est mon honneur»</em>, au Musée historique militaire du quartier de Castle Hill, à Budapest, le 8 février 2014, lors de la «Journée de l'honneur». | Attila Kisbenedek / AFP
Un skinhead tatoué du slogan SS «La loyauté est mon honneur», au Musée historique militaire du quartier de Castle Hill, à Budapest, le 8 février 2014, lors de la «Journée de l'honneur». | Attila Kisbenedek / AFP

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Élève prometteuse de l'Union européenne dans les années 1990, eldorado libéral dans les années 2000, la Hongrie fait surtout parler d'elle depuis que le Premier ministre, Viktor Orbán, y a lancé une «contre-révolution conservatrice» au nom d'une conception «illibérale» de la démocratie.

Au milieu des années 2000, la violence d'extrême droite se nourrit de la haine antitsigane: une série d'attentats et de crimes sont commis par des militants qui espèrent provoquer une guerre ethnique, qui opposerait les Hongrois aux Roms. 

La Hongrie sous Orbán, publié chez les Éditions Plein Jour, sous la direction Corentin Léotard, rassemble les écrits de journalistes français indépendants installés en Hongrie, qui dressent le tableau d'un pays gangrené par une corruption systémique. Il sort le 4 février 2022.

Nous publions ici un chapitre du livre, co-écrit par Hélène Bienvenu et Corentin Léotard.

In Memoriam Róbert Csorba père et fils, Mme Tibor Nagy, József Nagy, Jenő Kóka, Mária Balogh.

Les frères Árpád et István Kiss ainsi que leur ami Zsolt Pető s'en prennent généralement aux familles tsiganes en périphérie des bourgades du nord-est du pays, dans le Hajdú-Bihar, le Borsod. Des endroits en marge, isolés, où l'État et la police sont loin. Mais cette fois leur regard a été attiré par les médias, qui font état de querelles entre Roms et non-Roms dans une localité de deux mille habitants située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Budapest, Tatárszentgyörgy. La sinistre Magyar Gárda, la Garde hongroise, y a même envoyé ses miliciens d'extrême droite pour faire peur aux Tsiganes et réclamer une politique de ségrégation raciale à l'échelle du pays, un peu plus d'un an plus tôt, le 9 décembre 2007. Les trois frères d'armes étaient montés à Budapest en cette belle journée du début du mois d'août 2007, quand la Gárda s'était révélée aux yeux des Hongrois. Des centaines de miliciens en tenue paramilitaire, dans le quartier royal sur la colline de Buda qui domine le Danube, avaient juré fidélité à l'uniforme: chemise blanche, veste, pantalon et rangers noirs, casquette ornée du blason rouge et blanc de la dynastie Árpád, la première qui régna sur la Hongrie à partir du IXe siècle. Les deux frères et leur comparse ont sans doute été déçus à la vue de cette bande de tristes sires, moustachus et ventripotents, qui peinaient à marcher au pas. Il ne leur faudrait compter que sur eux-mêmes pour porter le fer contre «l'ennemi tsigane».

Les trois hommes fréquentent de longue date le milieu skinhead à Debrecen, la grande ville de l'est du pays, un bastion calviniste plus clérical et conservateur que le reste du pays. Ils naviguent dans divers groupuscules d'extrême droite éphémères et connus de leurs seuls membres, L'Épée sanglante (Véres Kard) ou encore le Front oriental (Keleti Arcvonal Bajtársi Szövetség). Ils se vautrent dans la nostalgie d'Adolf Hitler et de Ferenc Szálasi, le chef des Croix-Fléchées, le parti pronazi hongrois qui fusilla des milliers de Juifs au bord du Danube dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Ce petit monde se rassemble au bar La Grosse Souris, ou au Loki Klub, le bar des supporters du club de football local, le DVSC. Mais l'antre des tueurs, c'est le Perényi 1, la boîte de nuit où tous travaillent. Árpád y est technicien du son, et sa compagne gère l'endroit. Il est le doyen et le cerveau de la bande. C'est un ancien batteur dans un groupe de rock et il a travaillé pendant trois ans dans un kibboutz en Israël dans les années 2000. Son petit frère István fait le videur avec Zsolt, le skinhead de la bande, qui nourrit une passion sans bornes pour les chiens et les armes, et arbore le chiffre 88 –en référence à Heil Hitler– tatoué sur la nuque. En 1995, à l'âge de 19 ans, István a été arrêté une première fois pour la profanation d'une synagogue à Debrecen, et relâché en l'absence de preuve convaincante. Il a ainsi longtemps été dans le collimateur des services de renseignement, mais ces derniers viennent justement de lever leur surveillance. Cela tombe bien, car ses ambitions ont grandi: ce qu'il veut désormais, c'est déclencher une guerre ethnique en Hongrie. Les Roms d'un côté, les Hongrois de l'autre. Une guerre civile en réalité, car tous sont citoyens hongrois et parlent la même langue, mais István ne voit pas les choses ainsi. La stratégie est simple: harceler les Roms, leur porter des coups, jusqu'à provoquer une réaction violente de leur part qui servirait de détonateur pour des représailles massives dans tout le pays. En mars 2008, les deux frères, accompagnés de Zsolt, font main basse sur quantité d'armes et de munitions dans un refuge pour chasseurs. Puis István ouvre le feu la première fois en juin 2008. En guise d'échauffement, il vise le camp de réfugiés de Debrecen.

Le trio est parfois conduit par un quatrième homme qui leur sert de chauffeur sur certains coups, István Csontos, qui, à l'occasion, se charge des travaux de maintenance au Perényi 1. Celui-ci frappe essentiellement dans le nord-est rural de la Hongrie, parmi les régions les plus pauvres du pays, où la rapide désindustrialisation dans les années 1990 a laissé sur le carreau des couches entières de la population. C'est également là que les Roms hongrois sont les plus nombreux et qu'un nouveau parti d'extrême droite, le Jobbik, est en train de prendre pied en jurant de combattre la «criminalité tsigane». Le grand parti de droite, alors dans l'opposition, le Fidesz, lui donne le change par la voix de ses polémistes, qui attisent la haine antitsigane.

Quatre mois plus tard, le 21 juillet 2008, à Galgagyörk, ils tirent des coups de feu sur trois maisons habitées, après qu'Árpád a vu un reportage télé de Zsolt Bayer, journaliste vedette à la solde du Fidesz, dont il est l'un des cofondateurs. Quelques jours plus tard, le 8 août, ils jettent des cocktails Molotov sur plusieurs habitations à Piricse, blessant l'une de ses résidentes, Magdolna Getyinás. Le 5 septembre, ils frappent à nouveau, à Nyíradony-Tamásipuszta, en effectuant quelques tirs de précision sur un domicile. Le 29 du même mois, un peu perdus, ils mettent cinq maisons en flammes –n'appartenant pas à des Roms– à Tarnabod, sans faire de victimes. Ils ont déjà tué, aussi. Le 3 novembre, c'est encore à coups de cocktails Molotov qu'ils s'en prennent à une habitation à Nagycsécs, mais sans s'en tenir là cette fois: par la fenêtre, ils tirent et blessent Tibor Nagy, et abattent son épouse et son frère. Le 15 décembre 2008 enfin, les tueurs font feu sur Krisztián Rontó, dans son jardin à Alsózsolca, qui restera invalide à vie.

Ses ambitions ont grandi: ce qu'il veut désormais, c'est déclencher une guerre ethnique en Hongrie.

Le froid est mordant en cette nuit du 23 février 2009, une couche de neige épaisse de quelques centimètres recouvre Tatárszentgyörgy et tout le centre du pays. Zsolt Pető et les frères Kiss n'ont jamais mis les pieds ici, ce trou bien éloigné de chez eux. Les trois hommes ont procédé comme les fois précédentes, étudié le terrain, cartes et images satellites à l'appui. La maison qu'ils ont choisie se trouve à l'extrémité est du village, le long d'un sentier sans asphalte, juste en lisière des bois. Le plan est simple: mettre le feu à la bicoque avec des cocktails Molotov, tirer sur ceux qui en sortiront pour échapper aux flammes, puis foutre le camp, direction leur boîte de nuit à Debrecen. Ils se sont beaucoup entraînés, et les voilà aguerris.

Ils arrêtent la voiture et coupent le contact à quelques dizaines de mètres de la cible. Vêtus de noir et encagoulés –comme à leur habitude–, István Kiss et Zsolt Pető terminent à pied, s'approchent au plus près de la maison, au n°3 de l'allée Fenyves. Arpád est resté à l'arrière pour couvrir leur fuite, armé d'un fusil de chasse. István se maintient prêt à faire feu en direction de la porte d'entrée. Minuit vient de sonner lorsque Zsolt lance le premier cocktail Molotov à travers une fenêtre, puis un second, qui embrase rapidement le grenier. Dans le remarquable film de Benedek Fliegauf Csak a szél (Just the wind[1]), une fiction inspirée par ces événements, l'enfant, sur ses gardes et qui ne dort plus que d'un œil depuis que de drôles de types l'ont suivi dans le village, s'enfuit en courant hors de la maison, des coups de feu claquent dans le noir, sans que le public sache s'il réussit à s'en tirer.

Cela ne s'est pas passé exactement ainsi dans la funeste réalité. À l'intérieur de la maison, Renáta Jakab se réfugie dans une pièce avec le plus jeune de ses enfants, Máté. Son mari, Róbert Csorba, se précipite dans le salon en feu, où dormaient les deux autres enfants, Bianka et Róbert. Tous trois se précipitent hors de la maison pour échapper aux flammes, et se découvrent au tireur, qui les vise à plusieurs reprises. Róbert, 27 ans, et son fils de 5 ans sont abattus, sa fille Bianka est grièvement blessée. Les tueurs quittent immédiatement la scène du crime, s'évanouissent dans le bois pour retrouver leur voiture et déguerpir pour Debrecen, deux cents kilomètres plus à l'est.

La voisine des Csorba, Mme Márton, a tout entendu et prévient immédiatement les secours. Les jeunes agents de police dépêchés de Dabas, une localité à treize kilomètres de là, inexpérimentés et incapables, concluent trop vite à un incendie causé par un court-circuit du système électrique, tandis que les expertises des pompiers et du médecin de garde penchent d'abord pour une mort par asphyxie. Les forces de l'ordre ne prennent même pas la peine de sécuriser les lieux, et l'un de ses représentants ne se prive pas d'uriner sur une empreinte de pas. Tout cela alors que Mme Márton témoigne avoir entendu des coups de feu et que le grand-père du petit garçon, Csaba Csorba, qui s'est précipité sur les lieux, s'efforce de leur indiquer les empreintes de pas dans la neige; les policiers ignorent aussi le jerrican d'essence qui a servi à faire les cocktails Molotov. Alertée qu'un nouveau drame s'est probablement déroulé, Viktória Mohácsi arrive sur les lieux le matin même à 9h30. Militante rom de longue date, devenue députée au Parlement européen du parti libéral SzDSz, elle a toute autorité pour faire immédiatement appel au Bureau national d'investigation, le Nemzeti Nyomozó Iroda. Ses agents trouvent sans mal les cocktails Molotov dans les décombres fumants de la maison et les cartouches sur le sol de la cour. Autant d'indices qui signent une nouvelle attaque ciblée contre les Roms.

La classe politique ne peut plus détourner le regard. Cela ne fait plus le moindre doute, un ou des commandos sont à l'œuvre, avec l'intention de faire le plus de victimes possible dans les communautés roms. L'ambassade des États-Unis, qui, dès le début, dans ses communications avec ses services diplomatiques, privilégie la piste de l'attaque raciste, dépêche en Hongrie deux profileurs du FBI pour assister les enquêteurs magyars. Il faut agir vite pour mettre un terme aux attaques, car les tensions intercommunautaires pourraient dégénérer en conflit ouvert. Le terreau social est fertile: la mouvance d'extrême droite s'organise autour du Jobbik et promet de faire mordre la poussière au gouvernement social-libéral discrédité par la violente crise économique et politique qui frappe la Hongrie; les révélations des mensonges du pouvoir pour masquer l'état des finances du pays et obtenir sa réélection aux élections législatives de 2006 ont rendu insupportables les sévères mesures d'austérité qui se préparent. Une colère sourde gronde dans tout le pays. Le lynchage à mort d'un enseignant de 44 ans, sous les yeux de ses deux filles, le 15 octobre 2006 à Olaszliszka, a échaudé l'opinion publique. Alors que la crise économique mondiale de 2008-2009 frappe la Hongrie plus fort que n'importe quel pays de l'Union européenne (à l'exception de la Grèce) et que des dizaines de milliers de ménages se retrouvent surendettés, avec des prêts en devises étrangères dont le montant a souvent triplé, la mort d'un handballeur populaire, Marian Cozma, tué dans une rixe le 8 février 2009 à Veszprém, a jeté de l'huile sur le feu.

Il faudra à la police six mois de plus pour mettre un terme à l'équipée meurtrière des quatre hommes, arrêtés le 21 août dans des raids simultanés visant leur boîte de nuit à Debrecen et le domicile de l'un d'eux. Six mois pendant lesquels ils ont eu le temps de tuer de nouveau: Jenő Kóka, fauché le 22 avril à Tiszalök alors qu'il partait au travail, et Mária Balogh, le 3 août à Kisléta, exécutée dans sa maison par un tir à bout portant, tandis que sa fille Tímea était laissée pour morte.

«Je ne comprends pas pourquoi ils s'en sont pris à nous: nous sommes normaux, nous travaillons, et la maison était entretenue.»
Erzsébet Csorba, la grand-mère du jeune Robika

Il y a foule devant le tribunal du département de Pest le 6 août 2013, jour de verdict venant clôturer deux ans de procès des trois hommes. Les familles des victimes sont montées à la capitale. D'une beauté intrigante avec son visage ridé, Magdolna Getyinás, toute menue dans sa robe fleurie, semble un peu perdue. Celle qui a survécu à l'assaut de sa maison après avoir reçu une balle dans le pied montre ses tickets de train à un photographe, lui demandant si elle pourra se les faire rembourser –ce n'est pas prévu–, et pénètre dans le tribunal plein à craquer. Des membres de communautés roms qui n'ont pu y trouver place exhibent des tee-shirts «leur couleur de peau était leur seul crime». La plupart des journalistes doivent eux aussi se contenter de suivre le verdict sur un petit écran dans une salle annexe.

Erzsébet Csorba, la grand-mère du jeune Robika, la mère de Róbert, a dû patienter dans le hall d'entrée rempli de caméras avant de rejoindre la petite salle d'audience. Pour ajouter à son malheur, elle vient de perdre son mari. L'homme, qui ne s'est jamais remis du drame qui a frappé sa famille, a succombé à un arrêt cardiaque. Les décombres de la maison où vivait son fils ont hanté Erzsébet et tous ses proches pendant de longues années. La fenêtre du salon donnait pleins feux sur ces murs jaunes criblés de balles et privés de toit, avant que des bulldozers ne finissent par les abattre. Quelques jours avant le verdict, assise sur le sofa, la jeune grand-mère aux cheveux de jais confiait alors s'être habituée à cette vue: «Au début, je ne pouvais tout simplement pas quitter la maison.» Les murs orangés de son salon rendent hommage aux disparus et rappellent, à l'aide de photos, de bons souvenirs en famille. La mort de son fils, puis de son mari quatre ans plus tard, a alors laissé Erzsébet seule à la tête d'un foyer de dix personnes à nourrir. Les fins de mois –comme les débuts– sont immanquablement difficiles, car «du travail, il y en a rarement pour les Tsiganes, de nos jours». Pourtant, Erzsébet se souvient de cet âge d'or, avant la chute du régime communiste, où elle et son mari étaient employés dans une usine de Csepel, dans la banlieue ouvrière de Budapest. À l'époque, Roms et non-Roms se serraient les coudes sur les chaînes de montage. Vingt ans plus tard, à Tatárszentgyörgy, comme ailleurs dans le pays, tout a changé: «C'est un peu comme s'il y avait un Dieu pour les Roms et un autre pour les Hongrois. À l'église catholique, on ne manque pas de nous dévisager, nous les Roms.» Les Roms, environ deux habitants sur dix à Tatárszentgyörgy, vivent en lisière de la commune, dans le «quartier tsigane», les pieds dans le sable de la Grande Plaine. Les Csorba ferment le rang, avant la forêt. «Les attaques pourraient se reproduire à tout moment», craignait encore Erzsébet Csorba en 2013. L'assassinat de son fils lui est d'autant plus incompréhensible que, loin de l'image de parasites véhiculée par l'extrême droite, le jeune père de famille travaillait dur, la veille encore dans une usine de meubles. «Je ne comprends pas pourquoi ils s'en sont pris à nous: nous sommes normaux, nous travaillons, et la maison était entretenue.»

Ce 6 août 2013 au tribunal de Pest, au terme de 167 jours d'audiences, le juge László Miszori a condamné les assassins du fils et du petit-fils d'Erzsébet Csorba à la prison à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle. Ils ont été reconnus coupables de huit attaques ayant fait six morts et cinquante-cinq blessés, dont deux resteront handicapés à vie, perpétrées au moyen de soixante-dix-huit coups de feu et onze cocktails Molotov. L'affaire est définitivement clôturée le 12 janvier 2016, lorsque la Cour suprême confirme la décision de la cour d'appel de Budapest. Depuis, les deux frères ont tenté à plusieurs reprises de rouvrir le procès, sans succès. Le Bureau national d'investigation a toutefois déposé une plainte contre X, en mai 2020, pour tenter de mettre au jour d'éventuelles complicités. Car l'histoire ne dit pas comment la bande a pu financer ses crimes. Personne n'a levé le voile sur le rôle trouble du chauffeur István Csontos, un vétéran de l'armée hongroise qui a servi dans la KFOR au Kosovo, et qui semble avoir été un informateur des services de sécurité, qu'il a tuyautés tout au long de la série d'attentats. Ayant écopé de treize années de réclusion, il sera libéré en août 2022.

En 2019, un nouveau parti d'extrême droite issu d'une scission du Jobbik, Notre Patrie (Mi Hazánk), a tenté de renouer avec les «années milices», mises hors-jeu par le Fidesz au début de la décennie 2010. Ses manœuvres ont échoué. Il n'y a plus de place pour cela dans la Hongrie mise en coupe réglée par Orbán.

 

1 — Just the Wind (2012), de Benedek Fliegauf, a été récompensé par le Grand Prix du jury au 62e Festival international du film de Berlin. Retourner à l'article

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