Au Royaume-Uni, le changement climatique fait que les plantes fleurissent désormais avec un bon mois d'avance. Cela pourrait avoir de lourdes conséquences pour l'agriculture et l'horticulture, et représenter un péril mortel pour la faune sauvage.
Tel est le principal résultat d'une étude publiée le 2 février dans les Proceedings of the Royal Society B Biological Sciences. Menée par l'équipe d'Ulf Büntgen, professeur d'analyse des systèmes environnementaux à Cambridge, elle se fonde sur plus de 400.000 observations de 406 espèces végétales –arbres, arbustes, herbes et plantes grimpantes– avec des données datant de 1753 à 2019 récoltées dans les îles anglo-normandes, les Shetland, en Irlande du Nord et dans le Suffolk.
Elle conclut que la date moyenne de la première floraison de 1987 à 2019 s'est avancée d'un mois entier par rapport à la période 1753-1986, soit celle de l'accélération du réchauffement climatique anthropique liée à la révolution industrielle.
Le point de départ d'une cascade de déséquilibres
Ce phénomène peut avoir de fâcheuses conséquences pour les agriculteurs et les jardiniers. Comme peuvent en témoigner bien des producteurs de fruits français après les gelées historiques d'avril 2021, si des arbres fruitiers se mettent à fleurir tôt après un hiver doux et sont ensuite touchés par un gel tardif, des récoltes entières risquent d'être détruites.
Selon les chercheurs, les risques écologiques sont encore plus préoccupants. En effet, une floraison précoce peut être le point de départ d'une cascade de déséquilibres. Pourquoi? Parce que les plantes, les insectes, les oiseaux et autres représentants de la faune sauvage ont évolué de concert pour synchroniser leurs stades de développement. Lorsque telle plante fleurit, elle attire tel insecte, qui va attirer tel oiseau, et ainsi de suite. Mais si un élément de la chaîne s'adapte plus vite que les autres au changement climatique, il y a un risque de désynchronisation... et d'effondrement des espèces les plus lentes à réagir.
Et ce n'est encore qu'un début. Si les températures mondiales continuent d'augmenter au rythme actuel, Büntgen et ses collègues estiment que le printemps au Royaume-Uni pourrait même bientôt démarrer en février.