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Fille ou garçon, et si c'était la pollution?

Selon une étude portant sur d'énormes bases de données américaines et suédoises, la proportion de bébés humains mâles et femelles a davantage à voir avec l'arsenic dans l'eau qu'avec la saison ou la météo.

Les scientifiques n'ont pas trouvé de liens entre événement stressant et sexe-ratio à la naissance. | Christian Bowen <a href="https://unsplash.com/photos/I0ItPtIsVEE">via Unsplash</a>
Les scientifiques n'ont pas trouvé de liens entre événement stressant et sexe-ratio à la naissance. | Christian Bowen via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur medRxiv

Si on en croit une analyse de plusieurs millions de bébés nés aux États-Unis et en Suède, la variabilité du sexe-ratio à la naissance –la proportion de nouveaux-nés mâles et de femelles– aurait un lien avec la présence de polluants dans l'atmosphère et dans l'eau, mais serait sans rapport avec la saison ou à la météo, contrairement à bien des croyances populaires.

En passe d'être publiée dans la revue PLOS Computational Biology, l'étude menée par l'équipe d'Andrey Rzhetsky, de la faculté de médecine de l'université de Chicago, se fonde sur deux énormes bases de données. Avec environ 150 millions de personnes et plus de 3 millions de bébés nés entre 2003 et 2011, la première représente plus de la moitié de la population américaine. La seconde est encore plus impressionnante vu qu'on y retrouve tout simplement l'intégralité de la population suédoise –les 3,25 millions naissances vivantes survenues dans le pays entre 1983 et 2013, associées aux données médicales de 10 millions d'individus. Les informations sur les conditions météorologiques et les polluants au moment de chaque naissance ont été quant à elles extraites d'autres registres nationaux, dont ceux de l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA).

 

Une énième corrélation?

Il en ressort que les fluctuations du sexe-ratio ne sont pas associées aux saisons, à la température ambiante, ni même au taux de criminalité violente, à celui du chômage ou encore à la durée des trajets quotidiens pour se rendre au travail. En revanche, de nombreux polluants peuvent y être corrélés, certains avec une augmentation du nombre de bébés garçons et d'autres avec leur diminution. Ces associations sont particulièrement significatives avec les polychlorobiphényles (PCB), le fer, le plomb, le mercure, le monoxyde de carbone et l'aluminium dans l'air et, dans l'eau, avec le chrome et l'arsenic.

Les chercheurs ont également pu associer d'autres facteurs aux fluctuations du sexe-ratio à la naissance: les sécheresses extrêmes, les taux de mortalité routière et, plus surprenant, les permis industriels et les logements vacants dans une zone. Enfin, lorsque les scientifiques ont voulu tester les liens entre deux événements stressants survenus aux États-Unis et le sexe-ratio à la naissance des régions concernées, ils n'ont trouvé aucune association avec l'ouragan Katrina, mais une assez significative avec la fusillade de Virginia Tech.

Faut-il y voir des énièmes cas de corrélations absurdes, comme celles qu'avait rassemblées Tyler Vigen et qui mettaient en lien, par exemple, le nombre de meurtres par vapeur ou objets brûlants avec l'âge de la Miss Amérique en titre, ou encore le taux de divorce dans le Maine et la consommation américaine de margarine? On peut légitimement en douter, mais le fait est que l'étude de Rzhetsky et al. ne permet pas de déterminer si les polluants sont ou non à l'origine des changements observés dans le sexe-ratio à la naissance.

Pour cela, comme l'expliquent les chercheurs, il faudrait compléter chaque corrélation d'une étude expérimentale menée sur des cellules humaines histoire de décrypter le mécanisme à l'œuvre –et d'attester, cela va sans dire, de son existence.

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