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Entrer à Harvard ne repose pas tant que ça sur le mérite

Les dons faits par les parents contribuent à creuser l'écart entre les personnes racisées et les Blancs.

Cette année, seuls 57% des étudiants ont été admis à la prestigieuse université grâce à leurs bons résultats. l Emilie Karakis <a href="https://unsplash.com/photos/T-tVt4xsCdE">via Unsplash</a>
Cette année, seuls 57% des étudiants ont été admis à la prestigieuse université grâce à leurs bons résultats. l Emilie Karakis via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

C'est une université réputée pour son prestige et connue partout dans le monde. Le mythe veut que pour être admis à Harvard, il faut être doté d'une intelligence et d'une scolarité remarquables. Mais ça, c'était avant que les chiffres ne parlent d'eux-mêmes. Sur les 57.435 étudiants à avoir postulé cette année, seuls 57% des candidats blancs admis l'ont été au mérite .

La réalité qui se cache derrière ce pourcentage est accablante. «Quarante-trois pourcents des étudiants blancs de Harvard sont soit des athlètes recrutés, des étudiants ayant obtenu leur place parce que leurs parents ont fréquenté cette université avant eux, des étudiants présents sur la liste d'intérêt du doyen (ce qui signifie que leurs parents ont fait un don à l'école) ou des enfants du corps professoral et du personnel», écrit Tayo Bero, une journaliste indépendante qui signe une tribune dans les colonnes du Guardian. Ce groupe d'étudiants est nommé ALDC, pour «athlètes» (athletes), «héritages» (legacies), «liste d'intérêt du doyen» (dean's interest list) et «enfants» (children).

Ces données reposent sur une étude publiée dans le Journal of Labor Economics et conduite par la Society of Labour Economists et l'Economics Research Center. Elle ironise sur le processus d'admission «le plus connu» de Harvard et ajoute qu'«il est clair que la compétitivité de l'école n'est pas seulement fondée sur la force académique ou d'excellents résultats aux tests», mais plutôt sur les dons importants fait par les parents ou les grands-parents.

Une dynamique intrinsèquement racialisée

D'après les chiffres communiqués par l'étude que reprend Tayo Bero, 70% de tous les candidats qui obtiennent leur place dans cette université parce que leurs parents y étaient avant eux étaient blancs. Il s'avère que les chances d'une personne blanche d'intégrer Harvard sont multipliées par sept si sa famille a fait un don.

Parmi les candidats ALDC, seulement 16% sont des Américains d'origine asiatique, des Afro-Américains ou des Hispaniques. «Cette dynamique est intrinsèquement racialisée, note Tayo Bero. Ce genre de favoritisme systémique des personnes blanches, riches et connectées n'est pas nouveau quand il s'agit d'institutions universitaires d'élites. Ça a toujours un peu fait partie du jeu truqué, un jeu qui favorise massivement les riches blancs.» Avec sa tribune, la journaliste entend faire tomber l'université de son piédestal. «Harvard et d'autres écoles comme celle-ci ont longtemps été vénérées comme des espaces sacrés où seuls les esprits les plus vifs et brillants ont accès», mais le campus et les classes sont remplis «de la progéniture des privilégiés qui ne seraient pas là sans leurs relations ni leur argent», assène-t-elle.

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