Culture

Si Spartacus n'avait pas été trahi dans son projet d'expédition en Sicile, aurait-il pu vaincre Rome?

Quoi qu'il ait pu faire, le gladiateur était confronté à un ennemi qui souhaitait son anéantissement et qui avait les moyens d'y parvenir.

<em>La Mort de Spartacus</em> par Hermann Vogel (1882). | Adam Cuerden <a href="https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Tod_des_Spartacus_by_Hermann_Vogel.jpg">via Wikimedia Commons</a>
La Mort de Spartacus par Hermann Vogel (1882). | Adam Cuerden via Wikimedia Commons

Temps de lecture: 2 minutes

Cet article est publié en partenariat avec Quora, plateforme sur laquelle les internautes peuvent poser des questions et où d'autres, spécialistes du sujet, leur répondent.

La question du jour: «Est-ce que vous pensez que Spartacus, s'il n'avait pas été trahi dans son projet d'expédition en Sicile, aurait pu vaincre Rome?»

La réponse d'Alexandre Sombardier:

Deux réflexions préalables par rapport à votre question.

1. Les principaux récits antiques qui nous sont parvenus sur la rébellion de Spartacus et la troisième guerre servile sont soit fragmentaires, soit ambivalents voire contradictoires sur certains points. Résultat: on peut avoir des doutes sur la nature du projet de Spartacus. S'agit-il de fuir les territoires sous le contrôle de la République? Ou d'obtenir de Rome qu'il lui dicte ses conditions?

2. Comment définissez-vous les termes de la victoire?

Vaincre Rome n'est pas aisé, même durant une période troublée comme connaît alors la République tardive. Vous pouvez bien évidemment défaire ses légions, une fois, plusieurs fois (les Romains sont vaincus sur le champ de bataille régulièrement, par des ennemis divers), mais le système politique et social qui fait l'ossature de l'armée romaine est d'une résilience assez impressionnante. Qu'il s'agisse de l'invasion du cœur de ses territoires par une armée étrangère très bien commandée (comme durant la seconde guerre punique) ou d'une rébellion à grande échelle de ses sujets/alliés les plus proches (guerre sociale), Rome parvient toujours à se ressaisir. Elle finit toujours par aligner plus de soldats, plus de généraux et de moyens que ses adversaires.

Problème majeur pour Spartacus: sa révolte menace l'une des bases du fonctionnement socio-économique de la République romaine et plus généralement, de beaucoup de sociétés antiques du temps. Il met en péril la stabilité de l'institution esclavagiste. Résultat: ses actes provoquent une peur très significative chez les nombreux propriétaires d'esclaves. Dans ce contexte, les Romains ne peuvent pas laisser passer un tel état de fait. Il leur est nécessaire d'écraser la révolte et de faire un exemple.

Ajoutez à cela la course à l'échalote entre Pompée et Crassus qui, pour des raisons politiques, ont besoin de s'illustrer sur le champ de bataille, et vous arrivez à une situation où quoi qu'il puisse faire, Spartacus est confronté à un ennemi qui souhaite son anéantissement et qui a les moyens d'y parvenir.

Après, s'il était parvenu à s'en revenir jusqu'en Thrace grâce aux pirates, les Romains l'auraient-ils suivi? Honnêtement, on peut en douter, mais je n'en sais rien. Tout ce que je peux dire, c'est que du moment où il est coincé en Sicile et dépendant de gens aussi peu fiables que lesdits pirates, il est dans une situation quasi sans espoir. Aussi bon meneur d'hommes et tacticien qu'il ait pu être, aussi instruit qu'il était des méthodes de l'armée romaine, il n'avait pas à sa disposition de quoi défaire durablement le mastodonte qu'il affrontait. Il lui manquait la base de recrutement, la logistique, les moyens financiers, etc.

Sources:

cover
-
/
cover

Liste de lecture