Depuis le début de la pandémie de Covid 19, la Nouvelle-Zélande est l’un des pays qui parvient à maîtriser le virus le plus efficacement. Initialement, ce succès a été obtenu par une politique «zéro covid» très efficace, mais avec l’arrivée du variant Delta, les autorités sanitaires du pays ont été forcées de changer de stratégie.
L’île souhaite désormais atteindre une couverture vaccinale à hauteur de 90% de la population éligible. Un objectif très ambitieux qui nécessitera la coopération d’un groupe inattendu: les membres de gangs.
Cet aspect de la société néo-zélandaise est peu connu, mais la population du pays a l’un des taux d’appartenance à un gang les plus élevés du monde. Alors que le pays compte tout juste cinq millions d'âmes, la police estime que 8.000 personnes sont affiliées à un gang. Si le calcul prend en compte leurs familles et associés non-membres, il faut multiplier ce nombre par dix.
D’après le New York Times, 86% de la population éligible a déjà reçu sa première dose. Les personnes restantes sont surtout des populations marginalisées que les autorités sanitaires ont du plus de mal à contacter, dont les gangs.
De gangsters à travailleurs essentiels
Les autorités ont donc fait le choix de collaborer avec les leaders de ces gangs afin de convaincre leurs membres de se faire vacciner. Des cadres de la Mongrel Mob, le gang le plus important du pays, ont ainsi pu bénéficier du statut de «travailleur essentiel» et conserver leur liberté de se déplacer malgré le confinement.
Ces gangs sont essentiellement constitués de Maoris ou autres autochtones des îles pacifiques. Le New York Times raconte que l’essor des gangs dans le pays dans les années 1970 (le premier chapitre des Hell’s Angels hors États-Unis était en Nouvelle-Zélande) a coïncidé avec l’arrivée des autochtones maoris vers les centre-villes pour trouver du travail.
Pour les Maoris, qui vivaient auparavant majoritairement dans des zones rurales au sein d’une tribu, les gangs offraient alors un cadre social pouvant de prendre le relais des structures tribales, explique Jarrod Gilbert, un sociologue spécialiste de la question.
Malgré leur forte implication dans le trafic de drogue, être membre d’un gang n’implique pas, d’après Gilbert, de mouiller forcément dans le crime organisé. Au sein d’une même organisation, certains membres sont des criminels endurcis et d’autres des piliers de leur communauté, et les plus à même de convaincre leurs proches de se faire vacciner.