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Les candidates de télé-réalité subissent plus de cyberharcèlement que leurs homologues masculins

Les trolls en ligne qualifient les femmes de sournoises, mentalement instables, diaboliques, ennuyeuses ou en quête d'attention.

Sur les 90.000 tweets examinés, 26% mentionnant une candidate de «Love Island» étaient considérés comme abusifs. | Thomas Lefebvre <a href="https://unsplash.com/photos/gp8BLyaTaA0">via Unsplash</a>
Sur les 90.000 tweets examinés, 26% mentionnant une candidate de «Love Island» étaient considérés comme abusifs. | Thomas Lefebvre via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Les candidates des émissions de télé-réalité sont plus facilement victimes de cyberharcèlement que leurs homologues masculins. C'est ce que révèle un groupe de réflexion britannique, Demos, qui a conduit une étude sur le harcèlement en ligne pour un épisode du podcast BBC Panorama sur le sujet. «Love Island» et «Married at First Sight», deux émissions de divertissement autour de la rencontre amoureuse, ont été sélectionnées pour les recherches.

Les résultats montrent que le cyberharcèlement touche davantage les femmes qui participent à ces programmes que les hommes. En outre, les candidates de couleur sont plus ciblées par les menaces extrêmes et violentes des trolls en ligne, indique le rapport. «Ce ne sont pas seulement les discussions en ligne qui s'échauffent: ce harcèlement s'est intensifié envers les participants à ces émissions, de manière disproportionnée chez les femmes, en particulier les femmes de couleur.»

Pour conduire la recherche, le groupe de réflexion a examiné 90.000 publications et commentaires sur différents réseaux sociaux. L'équipe a découvert que 26% des tweets mentionnant une candidate de «Love Island» étaient considérés comme abusifs, contre 14% de ceux citant un homologue masculin. Dans ces publications, les femmes sont qualifiées de sournoises, mentalement instables, émotionnellement volatiles, diaboliques, ennuyeuses ou en quête d'attention. Les résultats montrent aussi que les candidates étaient plus susceptibles d'être «l'objet d'une sexualisation et d'une objectivation misogynes extrêmes» que les hommes.

Les auteurs de l'étude notent que les cyberharceleurs évoquent souvent l'idée que les femmes «ne méritent pas ce qu'elles pensent mériter», par exemple s'exprimer, prendre de la place, avoir une certaine relation, etc. Lorsque les hommes ont été attaqués par les trolls, c'est parce qu'ils étaient perçus comme émasculés, faibles, pathétiques ou doux.

Le rapport sonne l'alarme: les femmes quittent de plus en plus les réseaux sociaux pour des raisons de sécurité. Celles qui dénoncent les harcèlements subis sont souvent blâmées.

La zone grise des réseaux sociaux

Pour comprendre les mécanismes à l'œuvre en ligne, l'équipe de réflexion a voulu tester les algorithmes des plateformes. La journaliste Marianna Spring, qui a participé à cet épisode de Panorama, a créé un faux compte de troll sur cinq réseaux sociaux pour voir s'ils participaient à la promotion de la haine misogyne auprès des utilisateurs. En deux semaines seulement, Facebook et Instagram proposaient du contenu anti-femmes. Les algorithmes de TikTok et Twitter en suggéraient aussi, mais à plus faible proportion.

Les membres de Demos appellent les réseaux sociaux à améliorer la modération et la supression des contenus haineux. Selon eux, il existe une zone grise entre les critiques justifiées et le harcèlement: les algorithmes doivent être améliorés afin de décourager cette atmosphère de polarisation et de controverse, déclarent-ils.

Lutter contre le harcèlement en ligne est l'un des objectifs du prochain projet de loi sur la sécurité sur internet discuté par le gouvernement britannique. Ce dernier souhaite imposer une obligation de précaution sur les réseaux sociaux pour protéger les utilisateurs des contenus haineux.

«Plutôt que de se concentrer uniquement sur les systèmes permettant de supprimer ou de signaler les harcèlements –souvent après que le mal a déjà été causé– le projet de loi sur la sécurité en ligne devrait tenir les plateformes responsables de la manière dont leur conception [...] affecte les risques et la prévalence de comportements abusifs sur leurs services», a déclaré Ellen Judson, l'une des autrices du rapport.

Cindy Southworth, responsable de la sécurité des femmes chez Facebook, répond qu'«il y aura toujours des gens qui essaieront d'abuser des autres», mais qu'avec son équipe elle s'attelle à comprendre cette haine à l'égard des femmes, et à améliorer leur technologie pour l'éliminer.

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