Boire & manger / Société

Peut-on manger du porc vegan quand on est musulman?

Ça a l'air tellement bon.

Une dégustation d'Impossible Pork, le 9 janvier 2020 à Las Vegas. | David McNew / AFP
Une dégustation d'Impossible Pork, le 9 janvier 2020 à Las Vegas. | David McNew / AFP

Temps de lecture: 12 minutes

Je suis fasciné par les gens qui mangent du porc, et ça n'a aucun sens. Je suis musulman, je n'en ai donc jamais goûté (en tout cas jamais délibérément), mais quand je m'envoie toute une saison d'émissions de voyage et qu'il y a un épisode sur un barbecue américain, c'est toujours celui que je regarde en premier. C'est peut-être l'air de guitare électrique ringard en fond sonore au moment où la nourriture apparaît, ou la sympathique association de gars barbus et de douces mamies sudistes; quoi qu'il en soit, à ce stade je suis probablement capable de faire la différence entre la version authentique, la variation régionale et une pâle imitation de barbecue américain. Pour autant, jamais je n'en mangerais. Ce serait haram.

Cet intérêt, je le dois notamment à l'épisode du barbecue du chef David Chang, diffusé dans le cadre de la série Ugly Delicious, dans lequel il fait le tour du monde des diverses variétés de cette cuisine ardente. Il va des Caroline à Pékin en passant par le Danemark et, naturellement, le Texas, tout en philosophant sur le porc à la manière de Platon. Il y a quelque chose d'indéniablement plaisant à regarder un cow-boy narquois en train de réinjecter le gras d'un cochon dans sa viande pendant qu'il cuit et lancer à la caméra que c'est «au naturel» (en français dans le texte) avec un fort accent texan. Même si on est condamné à ne jamais y goûter.

On peut trouver une certaine poésie, peut-être même quelque chose d'un peu divin, au fait que le restaurant de David Chang, le Momofuku Ssäm Bar, soit le premier (et pour l'instant le seul) à servir le tout nouveau Impossible Pork: du porc vegan présenté comme plus sain, plus vert et –à les en croire– encore meilleur que le vrai. Pour la première fois de ma vie, la seule chose qui me sépare de la possibilité d'une assiette de porc, c'est un trajet en train jusqu'à Manhattan.

La devanture du Momofuku Ssäm Bar, à New York. | City Foodsters via Flickr CC License by

Quand j'ai appris la nouvelle, j'ai d'abord été tout excité. Puis un conflit intérieur s'est imposé. J'ai grandi dans un quartier à prédominance sud-américaine. Éviter les produits à base de porc est devenu un élément inné de ma vie quotidienne. Vous savez à quel point c'est difficile de dire à vos amis brésiliens que vous refusez leur invitation à venir manger dans un authentique rodízio? C'est dur! Très dur!

Culpabilité au max

Il est extrêmement bizarre d'examiner la relation qu'on entretient avec une viande qu'on n'a jamais goûtée. Mais je ne veux pas me précipiter pour en changer sans y avoir bien réfléchi avant. Wajahat Ali s'y attarde dans son nouveau livre Go Back to Where You Came From: And Other Helpful Recommendations on How to Become American. Il raconte en détails la première fois qu'il a goûté du porc par accident après avoir essayé d'enlever le pepperoni d'une pizza et comment il n'a pas décoléré d'avoir trouvé ça si délicieux.

La couverture du livre de Wajahat Ali, à paraître le 25 janvier 2022. | W. W. Norton & Company

«J'étais persuadé que j'allais aller en enfer» m'a confié Wajahat Ali. «Cela n'en valait pas la peine. Pendant deux semaines, j'ai été comme un personnage d'une nouvelle d'Edgar Allan Poe. Ravagé par la culpabilité.» Il n'avait que 7 ans à l'époque, mais ce sentiment de culpabilité est très familier à beaucoup d'entre nous. Manger du porc est un péché pour les musulmans, mais c'est également le cas de beaucoup d'autres choses qui ne sont pas aussi stigmatisées socialement, comme colporter des ragots, mentir ou répondre à ses parents.

«Tu peux sniffer de la coke sur les fesses d'une strip-teaseuse tout en buvant des shots de vodka. Mais en même temps, tu vas dire “Ah non mec, moi je mange pas de porc”.»
Wajahat Ali, écrivain

Recevoir ou verser des intérêts dans le cadre d'un prêt est également considéré comme un péché grave par l'islam, mais c'est une pratique courante chez les musulmans aux États-Unis, tout particulièrement parmi ceux qui contractent un prêt étudiant ou hypothécaire. Mais manger du porc? C'est une limite infranchissable pour de nombreux musulmans du monde entier. «Tu peux, je sais pas, sniffer de la coke sur les fesses d'une strip-teaseuse tout en buvant des shots de vodka pendant un plan à trois. Mais en même temps, tu vas dire “Ah non mec, moi je mange pas de porc. Astaghfirullah”», plaisante Wajahat Ali.

Il m'a expliqué avoir toujours baigné dans un environnement où se trouvaient des produits à base de porc, mais n'avoir jamais été tenté. Sauf, peut-être, un peu, par l'odeur du bacon. «Je n'ai jamais mangé de bacon, mais même moi je peux dire, juste en me basant sur l'odeur, que c'est probablement délicieux», dit-il. «Les musulmans vont vous dire “Non mec, le bacon de dinde, le bacon de bœuf, franchement ce sont des substituts honnêtes”, mais moi je ne peux pas. Je ne peux pas mentir. Je ne peux pas mentir à Dieu. C'est des conneries.»

Quand je lui ai demandé s'il avait essayé une alternative au porc de style Impossible Pork, il m'a répondu que seul le côté nouveauté l'intéressait. «J'en mangerai pour accompagner mon Martinelli's au jour de l'An», dit-il en évoquant dans un sourire une boisson pétillante sans alcool. «C'est le maximum de délire que je m'autorise. À quel point on peut s'en approcher sans franchir la limite? Parce que bon, c'est une asymptote, ça ne touche jamais la ligne», explique-t-il. Il ne s'attend pas à ce que ça ait un goût plus évolué que celui du tofu transformé.

Moi aussi j'ai goûté du porc par accident. Récemment, j'ai commandé un burger sans me rendre compte qu'il contenait du bacon jusqu'à ma deuxième bouchée. Les serveurs sont généralement très conciliants et on me l'a remplacé par un autre, sans bacon. Asad Dandia, auteur originaire de New York, me confie que faire constamment marcher son radar à cochonnaille fait de lui un meilleur musulman.

«Le fait de demander si un restaurant sert du porc ou pas augmente vraiment la conscience spirituelle, parce que quand je vais manger quelque part, je vais vouloir savoir s'il y a du porc au menu. Et il me semble que le fait de me poser la question est une manière pour moi d'observer ma tradition religieuse», explique-t-il.

Une viande surcotée?

Asad Dandia est un peu le stéréotype du New-Yorkais. Il aime le base-ball et, parfois, il aimerait bien pouvoir s'acheter un hot-dog, comme les autres fans. Il mange beaucoup au restaurant aussi, et organise même des soirées pizzeria toutes les semaines avec ses potes. Pour lui, le fait d'avoir du porc vegan au menu pourrait tout changer. «Mais carrément. Pourquoi pas? C'est vegan», me dit-il. «Je pense que c'est une parfaite alternative. Je ne lance pas une fatwa. Les cheikhs vont me tomber sur le râble. Mais juste d'un point de vue social et spirituel, je ne vois pas où il y pourrait y avoir un problème.»

Il a surtout très hâte que le porc végan fasse son entrée dans les recettes de cuisine d'Asie du Sud. «Le porc à l'indienne! Je n'ai jamais goûté. Je n'ai jamais pu. En Asie du Sud, il y a énormément de gens qui apprécient la cuisine végane, alors je pense que ça ferait une super combinaison», estime-t-il.

«J'ai essayé le bacon juste parce que tout le monde disait que c'était un truc de dingue. Honnêtement, j'ai pas compris.»
Layla, musulmane

Et si le porc est réellement le tabou ultime dans de nombreuses sphères islamiques, il existe des musulmans qui en ont goûté délibérément. «J'ai essayé le bacon juste parce que tout le monde disait que c'était un truc de dingue. Honnêtement, j'ai pas compris», rapporte Layla, qui insiste pour être citée sous pseudonyme –ce qui vous montre à quel point le porc est réellement tabou dans notre communauté.

Elle prend la religion très au sérieux et reconnaît que manger du porc est un péché. «Je m'attendais à un truc du genre l'aliment le plus incroyable du monde. La viande la plus savoureuse, tu vois? C'est censé être la plus grasse, et te faire halluciner tellement c'est bon. Mais tu sais quoi? J'ai déjà goûté du bacon de bœuf, et c'est vraiment de la bonne viande. C'est à ça que ça devrait ressembler, le bacon. Le porc était pas à la hauteur de sa réputation délirante», estime-t-elle.

Layla a d'abord essayé à la fac lorsqu'elle a quitté la maison et qu'elle a été libre de choisir ce qu'elle mangeait. «J'ai vraiment grandi en ne mangeant que de la viande zabiha –c'est aussi à la fac que j'ai commencé à manger de la viande qui n'était pas zabiha» raconte-t-elle. Les termes halal et zabiha sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais si halal peut désigner n'importe quel type de nourriture qui n'est pas haram (interdite), la viande zabiha doit provenir d'un animal abattu par un musulman selon les préceptes de la charia. Hormis le véganisme total, c'est le moyen de se nourrir le plus sûr pour un musulman qui veut s'y conformer.

Layla dit qu'elle essaierait volontiers le porc sans viande, mais qu'elle le considèrerait davantage comme une nouvelle source de protéines plutôt que comme une réelle alternative au porc. «Je trouve ça super drôle, comme la bière sans alcool. C'est pour qui, à part, genre, les femmes enceintes? Peut-être que les gens qui arrêtent la viande ont trop de mal à se passer de son goût? Moi, en tant que personne qui a en grande partie laissé tomber la viande, je mange juste des trucs différents», dit-elle.

Une kryptonite, carnée ou non

Matt Parrett a mangé du porc toute sa vie, jusqu'au début de cette année où il a récité la chahada et s'est converti à l'islam. Né en Alabama, il vit désormais au Kentucky et pour lui, il n'est nul besoin d'une nouvelle alternative végane au porc car il en a déjà trouvé une dont il est tombé amoureux. «Le fruit du jacquier ressemble vraiment au porc, honnêtement. Il y avait ce food truck qui avait des tacos à la pomme jacque et des tacos à l'épaule de porc. Franchement, c'était difficile de faire la différence», m'a-t-il assuré.

«Récemment on a acheté du bacon de dinde, fumé et épicé. C'était censé être très proche du porc. Je l'ai utilisé pour en envelopper un blanc de poulet accompagné d'une sauce au champignon. Ma femme m'a dit que ça ressemblait tellement à du porc que c'en était presque dérangeant.» Le vrai ne lui manque pas du tout, affirme-t-il: «Je n'ai eu aucun mal à l'éliminer de mon alimentation.» Quant à moi, les substituts au porc ne m'ont jamais intéressé pour la même raison qu'ils n'intéresseraient pas un expert du barbecue: ce n'est pas authentique.

«Socialement, les gens considèrent que le porc c'est, quelque part, de la kryptonite pour musulmans.»
Amani Al-Khatahtbeh, fondatrice du blog Muslim Girl

Amani Al-Khatahtbeh, fondatrice de Muslim Girl, blog destiné aux musulmanes qui aborde très librement les tabous de leurs univers, m'a confié qu'elle ne toucherait jamais le moindre morceau de porc, avec ou sans viande. «Socialement, les gens considèrent que le porc c'est, quelque part, de la kryptonite pour musulmans, et c'est utilisé de manière tout à fait islamophobe contre nous. Évidemment, on a conscience qu'il y a des situations de style munitions au porc», m'a-t-elle expliqué, en faisant référence à l'odieux coup de pub d'un armurier qui a proposé à la vente des balles censément trempées dans le sang de cochon, comme pour tromper Dieu et lui faire croire qu'un musulman tué a mangé du porc et doit être damné.

C'est stupide, mais c'est le même genre de démarche que celle des fanatiques prêts à gaspiller du bacon cru en le déposant sur les poignées de porte de mosquées ou de l'appartement de leurs voisins musulmans. Pour Amani Al-Khatahtbeh, la viande est souillée à tout jamais avec ce sous-texte islamophobe. «La cuisine espagnole dans son intégralité a du porc presque partout», m'a-t-elle confié, en évoquant son premier voyage en Espagne.

«Historiquement, c'est une réaction aux croisades. Ils ont fait ça pour éloigner les musulmans et affirmer leur identité chrétienne. Donc j'ai l'impression qu'en quelque sorte, le porc porte ce symbolisme, peut-être pas nécessairement pour nous en tant que musulmans, je veux dire, d'un point de vue religieux, mais je pense que socialement, ça en est venu à servir à ça.» Il est vrai qu'à l'époque de l'Inquisition espagnole, les musulmans et les juifs étaient forcés de se convertir au christianisme ou à partir, et ceux qui restaient étaient obligés de consommer de la viande de porc en public.

L'approche Bugs Bunny

Wajahat Ali m'a confié avoir beaucoup réfléchi sur les implications politiques implicites du porc et a décidé d'adopter ce qu'il appelle «l'approche Bugs Bunny». Voici ce qu'il m'a dit: «Ils veulent qu'on se comporte comme Daffy Duck et qu'on se mette vraiment en colère.» Au lieu de cela, il en plaisante. «Moi mon avis, c'est que les cochons devraient aimer les musulmans, et vice-versa», dit-il en soulignant que nous ne les mangeons pas, mais que cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas les apprécier autrement.

«Continuez à manger votre porc, nous on va s'offrir un sandwich au porc vegan, et on n'en parle plus.»
Wajahat Ali, écrivain 

«Nous ne sommes pas des vampires, croyez-le ou pas. Ce n'est pas comme de l'ail. On ne va pas se mettre à fondre. On ne va pas exploser. On va le jeter. Et vous, vous aurez gaspillé un très bon bout de cochon que vous auriez pu utiliser pour faire des bonnes petites saucisses chez vous. Donc, l'idiot et le loser qui a gaspillé de l'argent pour un très bon bout de cochon et qui s'est dit que le tuer et nous le jeter dessus, ça allait nous dissoudre, c'est vous. Ça va nous offenser. C'est offensant. Mais on est toujours là. Alors vous, continuez à manger votre porc, nous on va s'offrir un sandwich au porc vegan, et on n'en parle plus.»

Quand je me retrouve face à un mur spirituel, j'ai toujours recours à ma mère pour simplifier un truc complexe. D'abord elle a ri à ma question sur l'Impossible Pork, mais quand elle s'est rendu compte que j'étais sérieux, elle a proposé une approche très noble et spirituelle de notre nouveau monde où existe le porc halal. «Dieu a tout permis, sauf le porc. Donc ce n'est pas comme si nous n'avions pas un vaste choix. Ça ne va pas se réduire à la seule chose que Dieu nous a ordonné de ne pas manger. Comme Adam et le fruit défendu. Dieu lui a dit de profiter de tout dans le jardin, sauf de ce qu'il y avait dans cet arbre-là. Avec tous les aliments que nous pouvons manger, où est le problème s'il y a juste une seule chose qui nous est interdite?», a-t-elle demandé.

Bien que ce nouveau porc sans porc puisse offrir une faille religieuse pour les musulmans curieux de goûter du porc, elle ne voit pas l'intérêt. «Je n'aurais pas envie d'y goûter de toute façon», explique-t-elle, ajoutant que les mots porc et bacon suffisent à eux seuls à lui couper l'appétit. «Nous n'avons aucun problème dans ce pays. Il y a plein de bouchers halal qui font tout en fonction de la charia islamique. Même au supermarché près de chez moi, il y a un rayon halal avec de la chèvre et du bœuf. Alors pourquoi s'approcher de ce qui est interdit quand nous avons déjà ce qui est halal?»

En fils bien obstiné, j'ai persisté et lui ai opposé que l'on pourrait y goûter juste pour savoir exactement de quoi on s'abstient. Peut-être que cela fait de nous de meilleurs musulmans de savoir de quoi nous nous privons, ai-je suggéré. «Souviens-toi, Aymann, pour chaque chose que nous faisons en tant que musulmans, nous devons d'abord nous demander: “Comment plaire à Dieu? Soubhanallah”», a-t-elle répondu.

«Souviens-toi quand nous vivions à Jersey City, et que quelqu'un a jeté depuis sa voiture: “Hey, sympa le déguisement!”. Et quand un jour on m'a dit: “Enlève ton pyjama!”. Ce sont des ignorants et ils n'ont aucune importance», a-t-elle ajouté. «Même quand les gens se moquent de nous, c'est seulement une épreuve dont nous recevrons sûrement la récompense dans l'au-delà. Donc nous ne devrions pas nous voir ou voir notre islam uniquement par leurs yeux à eux.»

L'avenir tranchera

Qui sait comment la prochaine génération de musulmans envisagera l'Impossible Pork ou d'autres produits de ce type? Notre génération peut se sentir stigmatisée quand il n'y a que du porc au menu, mais avec les imitations véganes de plus en plus ressemblantes à l'original, il est concevable que les musulmans du futur ne connaissent jamais cette sensation. Les musulmans avec qui j'ai grandi plaisantaient avec les serveurs au restaurant au moyen de petites phrases amusantes du type «pas de halouf dans ma bouffe» pour que nos restrictions alimentaires soient claires. La prochaine génération va peut-être les transformer et dire «que du halouf vegan dans ma bouffe!»

J'ai appris à juste assez compartimenter mon identité religieuse pour qu'elle ne m'oblige pas à me retirer du monde.
 

En ce qui me concerne, je suis très excité à l'idée d'essayer. Les arguments de ma mère étaient convaincants, mais je refuse de mettre le haram au centre de tout et de m'empêcher de consommer quelque chose qui est halal. Un des avantages à faire partie d'une minorité musulmane, c'est que j'ai appris à juste assez compartimenter mon identité religieuse pour qu'elle ne m'oblige pas à me retirer du monde. Je n'évite pas McDonald's parce qu'ils y servent du porc; je me contente de commander le filet de poisson. Mais je ne juge en rien les musulmans qui insistent pour ne manger qu'au restaurant chinois No Pork Halal Kitchen de Brooklyn.

Dans un sens, le porc est une partie essentielle de l'expérience musulmane en Amérique, même pour ceux qui y goûtent délibérément. Notre communauté est liée par des règles qui sont supposées nous tenir éloignés de ce qui peut nous nuire. Mais est-ce qu'une sauce à l'Impossible Pork n'a pas l'air absolument à se damner? Et puis, Dieu est miséricordieux.

cover
-
/
cover

Liste de lecture