Les discriminations salariales ne reposent pas uniquement sur le genre, l'apparence ou l'origine géographique. Une récente étude révèle que les PDG masculins à la voix profonde et virile sont mieux payés par les conseils d'administration. Krishnan Nair, docteur à la Northwestern University, au nord de Chicago, étudie l'évolution biologique et culturelle qui façonne la psychologie des individus. Avec son équipe, il a mené cette nouvelle étude en se concentrant sur des enregistrements vocaux de PDG de plusieurs sociétés britanniques parmi les mieux capitalisées cotées à la bourse de Londres (FTSE 100). Les analyses ont porté sur une période de dix ans. L'échantillon comprenait seulement cinq femmes, ce qui ne permet pas de tirer de conclusions distinctes pour la gent féminine.
6,6% d'augmentation salariale
L'équipe de recherches ont étudié les trois premières années de la carrière d'un PDG, avec l'idée que dans les dernières années, c'est surtout la performance de l'entreprise qui détermine le salaire de celui qui est à sa tête. Ils ont utilisé un programme informatique spécifique pour analyser les échantillons vocaux: la «dispersion des formants». Cette mesure de résonance ne varie pas avec l'âge ou les coachings vocaux, elle est donc particulièrement intéressante pour comparer les individus.
En examinant la rémunération des individus, les scientifiques ont pris en compte à la fois le salaire et les avantages sociaux, et ont contrôlé un large éventail de facteurs, notamment la taille et les performances de l'entreprise, la formation des PDG et leur relation avec le conseil d'administration. Ils ont constaté qu'une augmentation de la «masculinité vocale» par rapport à la norme se répercutait en une augmentation de 6,6% du salaire total, ce qui est jugé «économiquement important» par les scientifiques.
Les chercheurs notent également que les entreprises des secteurs les plus compétitifs et celles comptant le moins de femmes dans leur conseil d'administration sont plus susceptibles d'être dirigées par des hommes à la voix plus profonde. Autre fait étonnant: plus il y a de femmes dans un comité de rémunération, moins ce dernier est susceptible d'offrir un salaire supérieur et des avantages au PDG en fonction de sa voix.
Les scientifiques émettent l'hypothèse qu'au cours de l'évolution, les hommes ont été plus susceptibles de commettre des violences et d'en subir. Ils sont alors plus sensibles au besoin d'un leader «fort», ce qu'une voix profonde et virile semble envoyer comme signal auprès des autres hommes.