Sciences

Les plaques de neige rouge se multiplient dans les Alpes françaises

En cause, l'algue «Sanguina», qui prolifère à cause du changement climatique.

Éric Maréchal et ses collègues scientifiques ont découvert que l'algue rouge des neiges ne poussait qu'à partir de 2.000m dans les Alpes françaises. | Muséum national d'Histoire naturelle <a href="https://www.youtube.com/watch?v=INpkx-NrrFU">via YouTube</a>
Éric Maréchal et ses collègues scientifiques ont découvert que l'algue rouge des neiges ne poussait qu'à partir de 2.000m dans les Alpes françaises. | Muséum national d'Histoire naturelle via YouTube

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur BBC

Si vous randonnez assez haut dans les Alpes françaises à la fin du printemps ou au début de l'été, il y a de fortes chances que vous rencontriez des plaques de neige qui ressortent parmi le calcaire gris et les touffes de végétation flétries. Et à certains endroits, la neige n'est pas blanche, mais rouge sang, explique BBC.

Ce phénomène particulier, parfois appelé neige de sang, est le résultat d'un mécanisme de défense produit par des algues microscopiques qui poussent dans la neige alpine. Habituellement, ces algues ont une couleur verte car elles contiennent de la chlorophylle, un pigment que produit la plupart des plantes pour absorber l'énergie solaire. Cependant, lorsque ces algues de neige se multiplient et sont exposées à un fort rayonnement solaire, elles se mettent à produire des molécules pigmentaires appelées caroténoïdes, qui agissent comme un pare-soleil et qui protègent la chlorophylle.

Un mécanisme d'auto-destruction

Bien que l'algue rouge des neiges ait déjà été mentionnée dans des livres datant de 1819, elle reste entourée de mystères que les scientifiques essayent encore de percer. Il y a seulement deux ans, des botanistes tchèques ont identifié un tout nouveau genre de ces microalgues responsables de la formation de neige rouge et orange, qu'ils ont nommée «Sanguina». Ils ont découvert des formes d'algues Sanguina qui provoquent des plaques de neige rouge en Europe, en Amérique du Nord et du Sud ainsi que dans les deux régions polaires.

Cette découverte signifie bien plus que l'explication des taches rouges sur le sol neigeux alpin. L'apparition et la disparition de cette microalgue est un marqueur du changement climatique et de la façon dont il affecte les écosystèmes où se trouvent l'algue Sanguina. «L'augmentation des niveaux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère augmente la température, ce qui entraîne une plus grande fonte des neiges. Au moment où il y a de l'eau liquide sur la neige, les algues commencent à pousser», explique Liane G. Benning, professeure de géochimie d'interface au Centre de recherche allemand pour les géosciences à Potsdam.

Et ce n'est pas tout. Cette prolifération d'algues en montagne contribue aussi au réchauffement climatique. Le pigment rouge assombrit la surface de la neige, réduisant la quantité de lumière qu'elle réfléchit dans l'espace. En piégeant une plus grande partie de la chaleur du soleil, la neige fond encore plus vite. «C'est un cercle vicieux dans lequel les algues détruisent leur propre habitat», commente Liane G. Benning.

En janvier 2017, une étude utilisant des images satellites des terrains enneigés de la péninsule Fildes, sur l'île du Roi-George au large des côtes de l'Antarctique, avait révélé que 26% de la neige étaient assombris par des algues. Pour les scientifiques comme Liane G. Benning ou Éric Maréchal, du Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale de Grenoble, la fréquence de prolifération de ces algues Sanguina ne va faire qu'augmenter au fur et à mesure que la crise climatique empire.

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