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Pas fashion, le Premier ministre japonais?

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Difficile d'imaginer François Fillon s'attirer les foudres des critiques de mode pour ses choix vestimentaires, mais qui trouverait à redire à un classique costard-cravate? Le Premier ministre japonais, lui, a tenté une chemise multicolore type années 80: une audace qualifiée de «désastre» par un critique de mode qui y voit bien plus qu'une faute de goût.

Yukio Hatoyama avait ouvert les portes de sa résidence officielle aux citoyens lambda, pour y servir un barbecue japonais. Un signe d'ouverture ayant peu marqué le critique Don Konishi, qui a préféré consacrer un article entier d'un magazine national à... la chemise du Premier ministre :

Sa chemise date des années 1980 ou 1990. Ses idées et ses valeurs sont dépassées. Le Japon fait face à une crise qu'on ne pourra pas surmonter avec un premier ministre comme ça.

Si Konishi insiste sur ce dernier «crime envers la mode» - sans se priver de critiquer d'autres chemises multicolores, un manteau mauve et ce qu'il appelle «le plus grand faux pas», un blazer rose - c'est qu'il incarne selon lui une réalité plus large: Hatoyama n'est pas dans le coup.

Il faut dire que la popularité du Premier ministre, président du Parti démocrate du Japon, est en chute libre. Jouissant d'une grande popularité en août dernier quand son parti a détrôné le Parti libéral-démocrate qui tenait le pays depuis près de 50 ans, il a rapidement perdu le soutien de l'opinon publique, notamment à cause d'un scandale politico-financier touchant son organisme de financement et d'un épineux problème de déménagement de la base américaine de Futenma. Dans le dernier sondage publié dans le plus important quotidien du pays, le Yomiuri Shimbun, seulement 24% des Japonais apportent leur soutien au Premier ministre: c'est une chute de neuf points en seulement un mois. 67% désapprouvent sa politique.

Les Japonais ne sont pas non plus habitués au «nouveau genre» du couple Hatoyama, dont ce n'est pas la première anecdote, rappelle CNN. Mme Hayatoma a publié un conte dans lequel elle raconte avoir eu une vie antérieure dans laquelle elle a rencontré Tom Cruise. Elle a aussi raconté sur un plateau qu'elle obtenait de l'énergie en «mangeant le soleil».

Selon Keith Henry, un consultant en affaires publiques à Asia Strategy interrogé par CNN, cette histoire de chemise n'est pas à prendre à la légère. Au contraire, elle est très révélatrice d'un ras-le-bol de l'opinion:

Je pense que la presse et les Japonais ont perdu patience. Ils ne font même plus attention à ses projets politiques tant ils ont perdu la foi en sa capacité à les mettre en oeuvre.

Interviewé à la suite du sondage, Hatoyama a répondu aux journalistes:

Je prends très au sérieux cette baisse significative du taux de satisfaction de ma politique. Mais je ne compte pas démisionner.

[Lire l'article de CNN]

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Photo: Capture d'écran de l'édito de Don Konishi, repris par CNN

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