Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian
Nous avons souvent du mal à nous détacher du rythme frénétique de nos vies, qui pousse parfois à se fixer constamment de nouveaux objectifs, des buts à atteindre, pour toujours plus d'efficacité. Certains y sont évidemment plus sensibles que d'autres. Peut-être faites-vous partie de ces personnes qui font des to-do listes à n'en plus finir, inventent sans cesse des projets ou veulent tenter de nouvelles expériences. Parfois pour se distraire des moments de déprime, ou pour éviter d'avoir à trop réfléchir à nos problèmes, confie une journaliste du Guardian.
Mais il y a un paradoxe: la chose qui donne un sens à l'existence, cet objectif tant désiré, disparaît à chaque accomplissement. Peut alors survenir une crise d'identité, à la recherche du prochain grand projet. Ce phénomène a une explication physique. Notre corps nous récompense lorsque nous visons des objectifs. De la dopamine est libérée lorsque nous anticipons la réalisation ou l'acquisition de quelque chose, elle nous pousse à adopter des comportements nécessaires à notre survie. Mais des chercheurs ont découvert que les parieurs ressentent une plus grande poussée de dopamine lorsqu'ils manquent leur coup que lorsqu'ils gagnent. Autrement dit, le fait de gagner ou de marquer des points est finalement une déception après le frisson de l'événement.
L'importance des activités atéliques
Alors comment éviter l'inévitable déception? Kieran Setiya, professeur de philosophie au MIT, s'est inspiré d'Aristote pour avancer l'idée que nous avons besoin d'activités téliques (du mot grec telos, qui signifie «but») et atéliques dans nos vies. Ces dernières sont celles que nous faisons par pur plaisir et qui n'ont pas de finalité. Elles peuvent être appréciées dans le présent et sont plus orientées vers le bien-être.
Chanter, jardiner, faire des randonnées, apprendre une langue, faire du sport juste pour le plaisir: voilà des activités atéliques, à condition de ne pas en faire une mission. Un changement de perception est parfois nécessaire pour que certains en comprennent l'importance. En favorisant un peu plus nos activités atéliques, nous pouvons apprendre à les considérer comme un complément agréable à nos activités principales.
Certains sportifs de l'extrême, qui seraient particulièrement touchés par la fièvre des objectifs, ont également trouvé une autre solution: faire de son entraînement une compétition avec soi-même. L'athlète australien Luke Tyburski, aujourd'hui coach sportif à Londres, a ainsi couru son propre triathlon en 2015. Et ce que beaucoup considèrent comme un cauchemar (12 jours de course du Maroc à Monaco, avec en moyenne un double marathon par jour et plusieurs centaines de kilomètres à vélo), a pour lui été le meilleur moyen d'être satisfait de sa préparation et de canaliser son agitation constante.