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Le renseignement américain dévoile son rapport sur les ovnis, un «premier pas» vers la transparence

Le document précise que les données sont limitées et qu'il existe des incohérences dans les signalements.

Il y en a qui vont être déçus. | Júlia Borges <a href="https://unsplash.com/photos/hd0ZKh8VjhQ">via Unsplash</a>
Il y en a qui vont être déçus. | Júlia Borges via Unsplash

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Vendredi 25 juin, la communauté du renseignement américain a remis au Congrès un rapport très attendu au sujet des «phénomènes aérospatiaux non identifiés» observés par le personnel militaire américain au cours des deux dernières décennies. Sur plus de 140 situations étudiées, une seule a pu être expliquée. Pour les autres, le flou persiste notamment en ce qui concerne les mystérieux engins volants visibles dans les vidéos déclassifiées de l'US Navy qui avaient fait l'objet d'une importante médiatisation aux États-Unis en avril 2020.

 

 

Ovnis oui, aliens non

Aucune preuve d'intervention extraterrestre n'a pu être démontrée bien que le rapport ne détermine pas ce que les militaires ont vu entre 2004 et 2021. Plusieurs pistes sont avancées pour expliquer une partie des observations recensées. Il pourrait s'agir de fouillis radar, de phénomènes naturels ou encore d'erreurs d'interprétation. «Sur les 144 éléments que nous avons traités ici, nous n'avons aucune preuve qu'il y ait une explication non-terrestre», détaille un officiel américain.

On imagine aisément la déception de ceux qui s'attendaient à des révélations fracassantes à la lecture de ce rapport. Le document de neuf pages précise cependant que les données sont limitées et qu'il existe des incohérences dans les rapports qui rendent parfois l'interprétation difficile. En effet, il n'y a pas encore de procédure standardisée pour la déclaration de ce type d'événement.

Une menace pour la sécurité nationale

Bien qu'il n'y ait jamais eu d'incident, le renseignement américain s'inquiète de dix-huit situations où des phénomènes aérospatiaux non identifiés présentaient des caractéristiques de vol inhabituelles. Le groupe de travail n'a pu attribuer aucune de ces observations à l'armée américaine ou à une technologie avancée du gouvernement américain. L'incertitude a donc poussé les rapporteurs à considérer d'autres théories: «Cela pourrait présenter un danger pour la sécurité des vols et constituer un danger plus large si certains cas représentent une collecte sophistiquée contre des activités militaires américaines par un gouvernement étranger ou démontrent une technologie aérospatiale révolutionnaire détenue par un adversaire potentiel.»

Le rapport évoque donc «un défi pour la sécurité nationale». La Chine et la Russie travaillent en effet sur des projets d'armements hypersoniques depuis plusieurs années. Cette hypothèse ne convainc pas Christopher Mellon, ancien responsable du renseignement au Pentagone, qui rappelle qu'il n'y a «aucune preuve suggérant que ces objets proviennent de Russie ou de Chine […] Cette théorie semble particulièrement faible lorsque l'on considère le temps depuis lequel ce type de phénomène a été observé.» Selon lui, certaines informations complémentaires n'ont pas été transmises aux élus du Congrès.

Un premier pas vers plus de transparence

Si le rapport n'apporte que peu de réponses quant à l'origine de ces phénomènes aérospatiaux non identifiés, son existence et sa publication sont saluées par la presse et ceux travaillant sérieusement sur le sujet depuis plusieurs années. Il s'agit en effet de la première évaluation non classifiée du gouvernement en un demi-siècle. Les dirigeants politiques américains semblent désormais se préoccuper d'un problème longtemps considéré comme marginal.

Marco Rubio, sénateur républicain de Floride et vice-président de la commission sénatoriale du renseignement, rappelle que «durant des années, les hommes et les femmes en qui nous avons confiance pour défendre notre pays ont signalé des rencontres avec des aéronefs non identifiés dotés de capacités supérieures, et pendant longtemps, leurs préoccupations ont souvent été ignorées et ridiculisées». Selon lui, ce travail constitue un «premier pas important» qui devra être complété pour «savoir si ces menaces aériennes présentent un grave problème de sécurité nationale».

Le mystère reste donc entier mais une chose semble certaine: la fascination des Américains pour les ovnis et les extraterrestres, qui débuta en 1947 après la médiatisation des observations de «soucoupes volantes» par Kenneth Arnold, ne devrait pas disparaître de sitôt.

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