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Pourquoi les bruits de personnes en train de manger sont aussi agaçants

Selon une étude, chez les individus souffrant de misophonie il existerait une connexion plus forte entre la région du cerveau qui traite le son et celle qui contrôle la bouche et la gorge.

Selon les chercheurs, les sons déclencheurs activeraient les neurones miroirs du cerveau. | Andrea Piacquadio <a href="https://www.pexels.com/fr-fr/photo/grand-mere-pensif-avec-petite-fille-ayant-une-conversation-interessante-tout-en-cuisinant-ensemble-dans-une-cuisine-moderne-et-legere-3768146/">via Pexels</a>
Selon les chercheurs, les sons déclencheurs activeraient les neurones miroirs du cerveau. | Andrea Piacquadio via Pexels

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Les personnes qui mâchent la bouche ouverte, qui font du bruit en buvant ou en avalant vous horripilent au point de vous dégoûter, de vous rendre anxieux, en colère ou même violent? Vous n'êtes pas seul·e. Vous souffrez sûrement de misophonie –littéralement une haine du son–, un trouble neuropsychique assez courant. De plus en plus de scientifiques étudient d'ailleurs le sujet.

Récemment, des chercheurs de l'université de Newcastle ont affirmé avoir découvert les raisons pour lesquelles ces sons quotidiens peuvent être si dérangeants pour certaines personnes. Selon leur étude publiée dans la revue scientifique The Journal of Neuroscience, la connexion entre la partie du cerveau qui traite les sons et la partie du cortex prémoteur, qui organise les mouvements des muscles de la bouche et de la gorge, serait plus forte chez les individus souffrant de misophonie.

Dans le cadre de cette étude, trente-sept participants ont dû écouter des «sons déclencheurs», c'est-à-dire des bruits d'alimentation, de respiration ou de mastication. Pendant cet exercice, ils ont été soumis à des IRM fonctionnelles cérébrales. Résultat: lorsque les personnes malades entendaient un des sons, la région du cerveau impliquée dans les mouvements de la bouche et de la gorge était suractivée par rapport au groupe témoin.

Vers des traitements plus efficaces?

«Ce que nous suggérons, c'est qu'en cas de misophonie, le son déclencheur active la zone motrice, même si la personne ne fait qu'écouter le son», explique le Dr Sukhbinder Kumar, neuroscientifique à l'université de Newcastle et auteur principal de l'étude, au quotidien The Guardian. «Cela leur donne l'impression que les sons s'immiscent en eux.»

Les chercheurs attribuent ce phénomène aux neurones miroirs du cerveau, qui s'activent lorsqu'une personne effectue une action ou lorsqu'elle voit d'autres individus exécuter des mouvements spécifiques. Si l'activation du système des neurones miroirs par ces sons n'a pas incité les personnes atteintes de misophonie à se mettre involontairement à mâcher ou à avaler, les scientifiques pensent que cela peut se produire.

Certains misophones pourraient notamment imiter le son en question, afin de trouver du réconfort ou pour contrôler les sensations qu'ils ressentent, indique le Dr Kumar. Cette nouvelle étude pourrait ainsi ouvrir la voie à des thérapies plus efficaces contre la misophonie, ciblant les régions du cerveau responsables du mouvement plutôt que sur les sons en eux-mêmes. Le professeur estime également que les neurones miroirs pourraient être entraînés afin de briser le lien entre un son et les effets que les patients ressentent.

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