Sciences

Il y a 12.000 ans, les humains avaient déjà modifié les trois quarts de la planète

L'idée d'une nature vierge et sauvage est depuis longtemps un mythe.

La nature intacte était déjà rare il y a 12.000 ans. | Pedro Nuno Caetano <a href="https://www.flickr.com/photos/12962905@N05/49730100546">via Flickr</a>
La nature intacte était déjà rare il y a 12.000 ans. | Pedro Nuno Caetano via Flickr

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur PNAS, New Scientist

On décrit souvent la crise actuelle de la biodiversité comme une lutte pour préserver des habitats vierges. Sauf qu'une étude, reconstituant les populations humaines et l'utilisation des terres au cours des 12.000 dernières années et les combinant avec les données actuelles sur la biodiversité, montre que près des trois quarts de la nature terrestre étaient déjà modifiés et exploités par nos ancêtres, et notamment les peuples aujourd'hui dits indigènes. Cette proportion grimpe même à 95% dans les zones tempérées, et à 90% dans les régions tropicales.

Ce qu'en conclut l'équipe de recherche dirigée par Erle Ellis, professeur de géographie et spécialiste des systèmes environnementaux à l'université du Maryland, c'est qu'à de rares exceptions près, les pertes actuelles de biodiversité ne sont pas dues à la conversion ou à la dégradation d'écosystèmes intacts, mais plutôt à l'appropriation, à la colonisation et à l'intensification de l'exploitation des terres habitées et utilisées par des sociétés antérieures.

L'état de la biodiversité dépend plus du passé que du présent

«Notre travail confirme que la nature intacte était presque aussi rare il y a 12.000 ans qu'elle ne l'est aujourd'hui», commente Ellis dans le New Scientist. L'étude permet en effet de constater que les terres aujourd'hui considérées comme naturelles, vierges ou sauvages sont en général concernées par une longue histoire d'exploitation humaine, tout comme les zones protégées et les terres habitées par un nombre relativement faible de peuples dits indigènes.

L'étude montre également que dans les régions aujourd'hui considérées comme naturelles, la richesse actuelle en espèces de vertébrés et la biodiversité globale sont plus fortement corrélées aux tendances passées d'utilisation des terres qu'à ce qui en est fait aujourd'hui. Selon Ellis et ses collègues, cela indique que la crise actuelle de la biodiversité ne peut uniquement s'expliquer par la disparition de terres sauvages inhabitées. Et que l'idée d'une nature vierge est depuis longtemps un mythe.

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