France

Ils sautent les portiques et mutualisent leurs amendes

Temps de lecture: 2 minutes

«La mutuelle des fraudeurs». L'appellation peut paraître curieuse, mais le concept autour duquel se rejoignent une dizaine de petites organisations à Paris correspond bien à celui d'une mutuelle. Réduire le risque de chacun en versant une cotisation mensuelle de 5 à 7€ qui permet ensuite de payer les amendes éventuelles de tout le collectif. Il en existerait une dizaine à Paris, dont vous n'aviez sûrement jamais entendu parler jusqu'à il y a un mois et la parution d'un dossier du Parisien qui a suivi ces sauteurs de portiques.

Ils décrivent toute une organisation, des règles informelles: quelques stations bannies du fait de la présence systématique de contrôleurs, essayer d'avoir un ticket sur soi ou de payer directement le contrôleur pour que l'amende soit moins élevée.

Mais plus que l'aspect «débrouille» dans une capitale où les transports sont souvent hors de prix pour les étudiants et les jeunes travailleurs, ces mutuelles revendiquent une réflexion politique autour de la gratuité des transports:

Au même titre que l'école ou la santé, nous affirmons que les transports en commun devraient être accessibles à toutes et tous sans distinction, donc gratuits.

Hervé Marchon a suivi ces resquilleurs du métro dans un reportage audio pour Libération:

Vu le coût des transports actuels, il y a clairement des gens qui sont assignés à résidence. Et faire le choix de se déplacer sans payer peut conduire à des conséquences complètement délirantes.

Même The Guardian parle du concept outre-Manche sans pour autant avoir l'air convaincu par la cause défendue par ces «quelques jeunes Parisiens rebelles». Le quotidien britannique conclut d'ailleurs son article sur les propos d'une utilisatrice du métro qui juge injuste cette pratique. «C'est très bien de dire que vous voulez les transports gratuits, mais qui va maintenir les stations et tout le reste?»

Mais si ces mutuelles restent une pratique très «marginale», elles relancent le débat sur le coût des transports en Ile-de-France. Comme nous l'apprend le blog d'Eric Azan du Monde.fr:

Les fraudeurs ne représenteraient que 4,2% des usagers du métro, 6,2% de ceux des bus de Paris intramuros, et 9,5% des bus de banlieue.(...) La recette voyageurs totale ne couvrirait que 30% des dépenses de fonctionnement des transports en Ile-de-France.

Un système du serpent qui se mord la queue pour ces abolitionnistes du transport payant. Puisque, comme le rapporte Le Parisien, les 2 milliards d'euros que représenterait la recette billetterie suffiraient à peine à rembourser le coût du contrôle.

[Lire les articles du Parisien ici et , celui du Guardian ]

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Photo: metro,pedrosimoes7 via Flickr CC License by

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