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Y a-t-il encore des écosystèmes intacts sur la planète?

Selon une étude qui fait débat, seulement 3% des terres de la planète resteraient encore écologiquement intactes.

Le soleil se couche alors que la fumée d'incendies illégaux d'une zone de la forêt amazonienne persiste, au sud de Novo Progresso, dans l'État de Para, au Brésil, le 15 août 2020. | Carl de Souza / AFP
Le soleil se couche alors que la fumée d'incendies illégaux d'une zone de la forêt amazonienne persiste, au sud de Novo Progresso, dans l'État de Para, au Brésil, le 15 août 2020. | Carl de Souza / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Entre les déforestations massives, le braconnage et le dérèglement climatique, rares sont les fragments de nature sauvage qui n'ont pas été endommagés par les activités humaines. Selon une étude récemment publiée dans la revue Frontiers in Forests and Global Change, seulement 3% des écosystèmes mondiaux resteraient écologiquement intacts, conservant des populations saines de leurs animaux d'origine, et un habitat non perturbé.

Ces espaces préservés se trouveraient principalement dans certaines zones des forêts tropicales de l'Amazonie et du Congo, dans les forêts et la toundra de l'est de la Sibérie et du nord du Canada, et dans le Sahara. La plupart des zones identifiées se situent dans des territoires gérés par des communautés autochtones. L'Antarctique est cependant absent de l'étude.

Réhabiliter 20% des terres

Selon les chercheurs, réintroduire un petit nombre d'espèces animales comme les éléphants ou les loups –comme cela a été fait avec succès dans le parc de Yellowstone, aux États-Unis– dans certaines zones endommagées permettrait de rétablir l'intégrité écologique de près de 20% des terres de la planète. Par revers, ce serait la prolifération d'espèces animales envahissantes, comme les chats, les renards, les lapins, les chèvres et les chameaux, qui ont contribué à avoir un impact négatif sur un territoire comme l'Australie et ses espèces d'origine.

De précédentes études, fondées sur l'analyse d'images satellites, avaient identifié un pourcentage de zones aux écosystèmes intègres bien plus élevé, allant de 20 à 40% de la surface de la planète. Ces résultats sont discutés par les chercheurs et chercheuses à l'origine de la nouvelle étude, qui relèvent que si les toundras, savanes et forêts peuvent paraître intactes vues du ciel, la réalité du terrain, qui prend en considération la présence et la répartition animale, peut varier du tout au tout.

L'évaluation nouvellement proposée combine des cartes recensant les dommages causés par l'humain sur les habitats naturels de la faune sauvage avec des cartes montrant les endroits où les animaux ont disparu de leur aire de répartition d'origine, ou y sont en nombre trop petit pour y maintenir un écosystème stable.

Des données encore incomplètes

L'étude a néanmoins été critiquée pour sous-estimer les zones intactes. Des chercheurs ont pointé le fait que les zones de répartitions animales remontant à plusieurs siècles étaient mal connues, et que les nouvelles données ne prenaient pas en compte les effets de la crise climatique, qui influe considérablement sur l'habitat des différentes espèces.

Pour Pierre Ibisch, professeur à l'université du développement durable d'Eberswalde en Allemagne, «l'accélération du changement climatique devient la principale menace pour la fonctionnalité d'écosystèmes entiers. L'intégrité des mammifères d'hier ne nous renseigne guère sur le fonctionnement des écosystèmes à l'ère [du réchauffement climatique]».

Andrew Plumptre, l'un des auteurs de l'étude, directeur du Secrétariat des zones clefs pour la biodiversité de Cambridge, reconnaît que l'estimation proposée par l'étude qu'il cosigne est encore grossière, mais souligne que «le problème est que, pour l'instant, nous n'avons pas d'autres cartes».

Le prochain enjeu de ces recherches serait donc de se concentrer sur des régions spécifiques, afin d'étudier dans le détail l'impact de l'activité humaine sur certains écosystèmes, et de déterminer les moyens nécessaires à leur restauration et leur sauvegarde.

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