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Une compagnie énergétique espagnole poursuivie pour électrocution d'oiseaux

Environ 33.000 oiseaux de proie meurent par électrocution chaque année sur la voie migratoire espagnole, à cause de câbles aériens et de pylônes mal isolés.

Des étourneaux se rassemblent sur un fil électrique à haute tension avant leur migration saisonnière, le 1er octobre 2012 à Strazeele, dans le nord de la France. | Philippe Huguen / AFP
Des étourneaux se rassemblent sur un fil électrique à haute tension avant leur migration saisonnière, le 1er octobre 2012 à Strazeele, dans le nord de la France. | Philippe Huguen / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Chaque année, des milliers d'oiseaux meurent électrocutés sur des pylônes électriques et des câbles aériens. En Espagne, le procureur général de l'environnement de Barcelone, Antoni Pelegrín, a décidé d'engager des poursuites contre la compagnie d'électricité Endesa et six de ses cadres supérieurs, pour crimes écologiques. Après avoir instigué une enquête de trois ans, il soutient que la compagnie aurait manqué aux exigences de sécurité, enfreignant la réglementation destinée à protéger la faune sauvage.

Si le problème est mondial, il est particulièrement grave en Espagne, qui compte avec la péninsule ibérique et le détroit de Gibraltar l'une des principales voies de migration aviaire. Tous les ans, ce sont des millions d'oiseaux qui traversent les Pyrénées.

Espèces menacées

Les oiseaux de petite taille ne courent que peu de risques, mais les espèces les plus grandes peuvent s'électrocuter en touchant un pylône mal isolé alors qu'elles déploient leurs ailes. Selon la Société espagnole d'ornithologie (SEO), environ 33.000 oiseaux de proie périssent ainsi chaque année, sur le million de kilomètres de câbles électriques déployés sur le territoire. L'électrocution est d'ailleurs la première cause mortelle des aigles royaux et de Bonelli, qui sont classés comme espèces menacées.

D'après Nicólas López, le responsable de la conservation des espèces de la SEO, qui a participé à l'enquête sur l'affaire contre Endesa, aux milliers d'oiseaux tués par électrocution s'ajoutent «environ cinq millions d'oiseaux qui meurent en entrant en collision avec les câbles».

«Nous connaissons le problème et les mesures à prendre pour éviter les électrocutions depuis les années 1980, mais on continue à installer de nouvelles lignes qui ne sont pas conformes à la réglementation», précise-t-il.

Un procès pour faire bouger les lignes

En 2013, Endesa avait présenté au gouvernement catalan un plan visant à remettre ses lignes en conformité, mais selon les plaignants, cinq ans plus tard, seulement quelques ajustements fragmentaires avaient été opérés. N'ayant pas encore répondu aux accusations dont elle fait aujourd'hui l'objet, l'entreprise affirme toutefois qu'elle investira cette année 4,6 millions d'euros pour la protection des oiseaux, après avoir déboursé 2,2 millions d'euros en 2020 pour sécuriser 659 pylônes défaillants.

En 2018, un tribunal de Castille-La Manche, au centre de l'Espagne, avait déjà condamné une compagnie d'électricité à une amende de 149.920€ pour avoir causé la mort d'un aigle ibérique, une espèce en voie de disparition. Avec le procès qui s'ouvre et vise nommément certains cadres, les acteurs engagés pour la protection des oiseaux espèrent enfin faire bouger les lignes.

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