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Peut-on récupérer le pétrole d'une marée noire?

Oui, il peut même très bien se retrouver dans votre voiture.

Temps de lecture: 2 minutes

Une fuite dans une plateforme pétrolière offshore déverse plus de 185.000 litres de pétrole par jour depuis la forte explosion qui s'y est produite jeudi 22 avril au large de la côte de la Louisiane. Des sous-marins téléguidés essaient de colmater la fuite, et des équipes de nettoyage ont déjà collecté plus de 211.000 litres d'eau chargée de pétrole. Peut-on utiliser le pétrole récupéré?

Oui. Même l'or noir qui arrive directement des puits de forage profonds est mélangé avec de l'eau. Le pétrole le plus pur des marées noires, celui qui est écumé à la surface de la mer, n'est qu'une version plus diluée de l'original. Après avoir été séparé de l'eau, les raffineries peuvent le traiter et le rendre utilisable pour les voitures, les chaudières à mazout et les fabricants de pots de lait. Et si le pétrole récupéré est trop salé, ou trop contaminé par de petites particules solides pour être traité par des raffineries ordinaires, il peut toujours être utilisé pour faire marcher les incinérateurs et les fours à briques.

Récupérer du pétrole répandu est assez simple. Un écumoir flottant, allié à un produit chimique qui attire le pétrole, l'aspire de la surface de l'océan, puis une pompe entraîne le liquide collecté, qui est encore composé d'eau (à hauteur de 30% à 50%), dans un réservoir. (Les écumoirs modernes peuvent traiter plus de 2.000 litres par minute). L'eau commence presque instantanément à descendre au fond du réservoir, puis en est expulsée. Le pétrole restant est pompé vers un autre réservoir pour répéter l'opération. Après trois ou quatre fois, ce qui reste est composé quasiment à 100% de pétrole. Dans certains cas (contrairement à une croyance répandue), l'eau et le pétrole se mélangent, ce qui complique le processus. Cette émulsion vicieuse, connue sous le nom de «chocolate mousse» (mousse au chocolat), doit être «cassée» par des produits chimiques avant de subir les multiples étapes du processus de séparation.

Si le pétrole atteint le rivage, il ne pourra sans doute plus être utilisé pour faire marcher votre voiture, mais il pourra toujours servir à quelque chose. Les spécialistes de la récupération de pétrole mélangent du sable de plage enduit de pétrole avec de la chaux vive pour en faire des pavés. (Les petites boules de goudron que l'on trouve parfois sur les plages sont en fait des grains de sable qui se sont mélangés à des restes de marées noires.) Si le pétrole se mélange à d'autres épaves ou déchets à la dérive, il finira sans doute dans une décharge. Les récupérateurs mettent les débris enduis de pétrole dans un réservoir chauffé ou dans une bétonnière et utilisent un solvant pour extraire le précieux liquide. Le mélange solvant-pétrole est ensuite combiné à un autre produit chimique pour le solidifier, et placé dans des fosses alignées pour l'empêcher de s'infiltrer dans le sol.

Des chercheurs expérimentent actuellement la bioremédiation, l'utilisation de cellules vivantes pour séparer les polluants environnementaux et accélérer le lent processus naturel par lequel les énergies fossiles se décomposent. Une de leurs expériences consiste à répandre du pétrole sur un bout de terre cultivée loin de tout système de drainage, et d'y ajouter des micro-organismes qui se nourrissent d'hydrocarbures. Si les champignons montrent des signes encourageants -les chercheurs inoculent le mélange pétrolier avec des mycéliums de champignons, qui mangent le pétrole, et le terrain se transforme en un grand champ de champignons-, la bioremédiation n'est pour l'instant qu'un petit joueur dans la cour des grands nettoyages.

Brian Palmer

Traduit par Grégoire Fleurot

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Photo: Nettoyage de la marée noire au large de la Louisiane le 23 avril 2010, REUTERS/Ho New


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