Sciences / Culture

Des lettres de la Renaissance lues pour la première fois

Des scientifiques ont déplié numériquement 577 lettres, trouvées dans une malle du XVIIe siècle à La Haye, aux Pays-Bas.

Les lettres sont dépliées et lues numériquement à l'aide d'un rayon X. | Jarmoluk <a href="https://pixabay.com/fr/photos/lettres-anciennes-lettres-436501/">via Pixabay</a>
Les lettres sont dépliées et lues numériquement à l'aide d'un rayon X. | Jarmoluk via Pixabay

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Science Alert

Pendant des siècles, avant l'invention des enveloppes scellées, les écrits sensibles et privés étaient protégés des regards indiscrets grâce à des techniques complexes de pliage. Ce procédé transformait une lettre en sa propre enveloppe sécurisée. Celles qui ont résisté à l'épreuve du temps ne pouvaient jusqu'à présent être ouvertes qu'en les coupant en morceaux... Mais une nouvelle méthode de radiographie offre aujourd'hui aux chercheurs une alternative non invasive, en maintenant la forme pliée originale de la lettre. Pour la première fois, les scientifiques ont appliqué cette méthode aux écrits «verrouillés» de la Renaissance. Ces lettres étaient conservées dans une malle qui faisait partie de la collection du musée néerlandais de la poste à La Haye, aux Pays-Bas, depuis 1926.

Quatre lettres ouvertes, dont une française

Connues sous le nom de collection Brienne, les lettres ont été écrites en néerlandais, anglais, français, italien, latin et espagnol. Pour des raisons inconnues, une fois les missives arrivées à La Haye, elles n'ont jamais été livrées à leurs destinataires et ont été détenues par le chef de poste nommé Simon de Brienne. On a dénombré 3.100 lettres non livrées, dont 577 verrouillées.

Pour pénétrer dans les couches de papier plié, les auteurs de l'étude ont utilisé un scanner extrêmement sensible à rayons X, du laboratoire de recherche dentaire de l'Université Queen Mary de Londres (QMU). À partir des numérisations, l'équipe a reconstruit les lettres en trois dimensions. À l'aide d'un algorithme, elle a réussi à déchiffrer les techniques sophistiquées de pliage, pli par pli, ouvrant les lettres virtuellement. «Les scientifiques ont alors eu le privilège de lire ces écrits anciens de 300 ans pour la première fois», a déclaré David Mills, coauteur de l'étude, directeur et professeurs à la QMU.

Les scientifiques ont ouvert numériquement quatre courriers en utilisant cette méthode révolutionnaire. Ils ont déchiffré le contenu d'une lettre écrite le 31 juillet 1697, par un homme nommé Jacques Sennacques, un juriste français habitant à Lille. Il demandait un certificat de décès officiel pour un parent nommé Daniel Le Pers, à son cousin Pierre Le Pers, qui vivait à La Haye, «peut-être en raison d'un héritage», supposent les scientifiques.

Une fois sa demande émise, le juriste passe le reste de la lettre à demander des nouvelles de la famille. «Nous ne savons pas exactement pourquoi Le Pers n'a pas reçu la lettre de Sennacques, mais compte tenu de l'itinéraire des marchands, il est probable qu'il ait déménagé», rapportent les chercheurs. Utiliser la technologie pour lire des histoires intimes qui n'ont jamais vu le jour et qui n'ont même jamais atteint leur destinataire est vraiment extraordinaire. Des dizaines de milliers de documents scellés de ce type peuvent dès à présent être dépliés et lus.

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