Politique / Sports

Monsieur le président, Maradona n'est pas une vignette Panini

Une enfilade de lieux communs et d'erreurs factuelles: on a corrigé l'hommage de l'Élysée au footballeur disparu.

Maradona brandissant la Coupe du monde remportée par l'Argentine le 29 juin 1986. | STAFF / AFP
Maradona brandissant la Coupe du monde remportée par l'Argentine le 29 juin 1986. | STAFF / AFP

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Le cœur d'un footballeur s'est arrêté de battre en Argentine, et en France, au nom de la France, au palais de l'Élysée, on en a fait des phrases. Dans mon pays courtisan, j'ai lu par-ci, par-là qu'Emmanuel Macron, ou l'Élysée, avait écrit un «hommage émouvant» à Diego Maradona. On en voyait des extraits: le président présentait ses condoléances à tous ceux qui avaient collectionné les vignettes Panini de la Coupe du monde 1986; je me suis dit qu'Emmanuel Macron avait eu 9 ans cette année-là, il nous disait sa propre histoire: c'est humain.

Mais l'idée que Maradona soit réduit à une nostalgie –un album Panini– me perturbait. Cet homme avait eu une vie splendide mais terrifiante, pouvait-on aussi parler de lui? J'ai lu alors, intégralement, le texte élyséen; ce qui était une gêne est devenu tristesse. Rien n'allait dans cet hommage; un ton faussement alerte, une enfilade de lieux communs, un lyrisme forcé, comme si le sport invitait à la trivialité; et puis l'évitement des drames; et surtout des erreurs factuelles, blessantes, impardonnables –inimaginables sur tout autre sujet: le football, Maradona, valent-ils si peu qu'on puisse en bavarder sans rigueur, et faire passer cela pour de l'amour?

Un drapeau à l'effigie de Maradona à Naples, le 26 novembre 2020. | Filippo Monteforte / AFP

L'art des mots élyséens

J'ai pensé à Maradona, dont ne me quittent pas les images de sa déchéance; j'ai pensé à un vieille phrase attribuée à Bill Shankly, qui fut entraîneur et sage à Liverpool, je cite de mémoire faillible: «Le football n'est pas qu'une question de vie ou de mort, il est bien plus important que ça.» J'ai pensé à Camus, qui jouait gardien de but et détestait que l'on nomme mal les choses. Et conscient de la vanité de l'exercice je me suis permis de corriger le texte présidentiel.

Voici.

«La main de Dieu avait déposé un génie du football sur terre. Elle vient de nous le reprendre, d'un dribble imprévu qui a trompé toutes nos défenses.»

On aurait mauvaise grâce à reprocher au chef de l'État d'utiliser le cliché de la main de Dieu, qui orne nos gazettes; mais ce n'est qu'au handball qu'on dribble avec la main, fut-elle divine. Le dribble, au demeurant, est une facétie, un ornement, un art que Maradona pratiquait: faut-il ici, vraiment, l'associer à sa mort? Pourquoi pas alors le petit pont de la blême, la roulette de la faucheuse, le tacle par derrière de la camarde?

La main de Dieu ne veut rien. Elle frappe, tout au plus. La mort n'est pas le prétexte d'une dispute au café des Sports.

Notons aussi que le mauvais geste n'était pas «imprévu». Quiconque aimait un peu Diego Maradona savait que sa survie tenait du miracle. Qu'on aille simplement visionner le documentaire sublime, Maradona au Mexique, qui montre un homme épuisé, qui ne porte plus son corps, marche en trainant, pourtant habité encore d'une flamme: elle s'est éteinte avec lui. Cela n'a rien de chaloupé, c'est juste irréparable.

 

«Voulait-elle, par ce geste, trancher le débat du siècle: Diego Maradona est-il le plus grand joueur de football de tous les temps? Les larmes de millions d'orphelins y répondent en ce jour par une évidence douloureuse.» 

La main de Dieu ne veut rien. Elle frappe, tout au plus. La mort n'est pas le prétexte d'une dispute au café des Sports. Quand un être meurt dans une famille, on ne se demande pas s'il courait plus vite ou rédigeait mieux les notes de synthèses budgétaires que l'énarque d'en face. La peine se suffit à elle-même, il faut ne pas la ressentir pour croire qu'on peut débattre quand elle vous tient. Les épris de Maradona pensent qu'il est l'unique, ils le pensaient avant déjà, et plus encore aujourd'hui. Il ferait beau voir qu'on leur conteste cette consolation.

«Né dans une banlieue pauvre de Buenos Aires, Diego Armando Maradona fait rêver sa famille et son quartier par ses passements de jambes qui crucifieront bientôt les meilleurs défenseurs européens. Boca Juniors et les derbys mythiques le révèlent au football mondial.»

Le mot, «banlieue pauvre», est une litote. Le bidonville où grandit Maradona était sordide, adouci seulement par les jeux de balle. Je ne sais pas ce que fabriquent ici les passements de jambes, ni la crucifixion, encore un cliché. Les mots élyséens donnent à l'histoire un parfum édifiant, comme si le destin rendait justice aux enfants doués, nés dans une pauvreté décente et qui étonnent leur famille aimante.

On n'existe pas seulement quand la terre des riches, «le football mondial», vous regarde.

Avant d'être une figurine Panini, Diego aurait été écrit par la comtesse de Ségur? Le premier vrai club de Diego fut Argentino Juniors, dont la formation de jeunes était surnommée «les petits oignons»; il était allé se faire détecter à l'âge de 10 ans. Il fut repéré comme un génie avant même l'adolescence, et gamin il devint célèbre dans son pays: on n'existe pas seulement quand la terre des riches, «le football mondial», vous regarde.

Au demeurant, Maradona n'attendit pas son transfert à Boca en 1981 et les derbys contre River Plate pour être révélé à la planète. Il jouait en sélection nationale depuis 1977. Nous admettrons que ces détails auraient empesé la prose élyséenne. L'imprécision est autrement charmante.

«C'est Barcelone qui décroche le diamant, pensant avoir enfin trouvé le successeur de Johan Cruyff pour dominer à nouveau le football européen.»

À nouveau? Hélas, Barcelone, même avec Cruyff dans ses rangs (on écrit plutôt Cruijff, mais je suis demi-batave) n'avait jamais dominé le football européen, ni même national. Le Hollandais volant (s'il faut user des clichés, allons-y) remporta avec Barcelone un titre de champion d'Espagne en 1974, et une Coupe en 1978. Rien d'autre. Ce n'est qu'à son retour comme entraîneur que Cruijff fit du Barça la formation de référence que l'on connaît, avec une première Ligue des champions en 1992.

 

Maradona a toujours été Maradona

«Mais c'est à Naples que Diego devient Maradona. Dans le sud italien, le pibe de oro retrouve la démesure des stades d'Amérique du Sud, la ferveur irrationnelle des supporters et emmène Naples sur la route du Scudetto, sur les toits de l'Europe.»

On ne contestera pas l'épanouissement sportif de Maradona à Naples. Pour autant, il était déjà «Maradona». On notera aussi que le Camp Nou de Barcelone n'est pas une arène tiède, et que la démesure dans les stades n'est pas exclusivement le fait de peuples sudistes irrationnels (sauf à considérer que Lens, Liverpool ou Dortmund sont peuplées de Latinos). Maradona n'a pas tant retrouvé l'Amérique latine à Naples, qu'il n'a rencontré une ville et un peuple pauvres, blessés, rétifs, fervents, qui lui correspondaient. De ce point de vue –culturel et social– on peut relier Boca Juniors et le Napoli. Le social vaut mieux que l'ethnicisme. Mais le social n'est pas une langue couramment pratiquée en haut lieu.

«Le mezzogiorno tient sa revanche sur l'histoire et ce n'est que le renfort de Platini qui permettra à la Juventus de ferrailler à nouveau à armes égales avec son rival historique.» 

Là encore, le «à nouveau» est une erreur et la concordance des temps est brouillée. Avant Maradona, Naples n'avait jamais été un «rival historique» pour la Juve ou les clubs du nord de l'Italie, mais une formation modeste, dans un sud italien effectivement peu considéré. Platini ne fut pas recruté par la Juventus pour rattraper («ferrailler à nouveau», mon Dieu!) le Napoli de Maradona. Le Français jouait depuis deux ans en Italie quand l'Argentin fut recruté par Naples en 1984. Platini et Maradona furent rivaux trois saisons, plutôt à l'avantage du Français de la Juve (coupe d'Europe 1985, championnat 1986), jusqu'à la Coupe du monde 1986, gagnée par l'Argentine. Naples ne remporta le Scudetto qu'en 1987, l'année où Platini, lassé, annonçait sa retraite sportive.

Maradona lors de la Coupe du monde de 1986. | AFP

Phrases bancales

«Joueur somptueux et imprévisible, le football de Maradona n'avait rien de récité. Avec une inspiration toujours renouvelée, il inventait sans cesse des gestes et des frappes venus d'ailleurs. Danseur en crampons, pas vraiment athlète, plutôt artiste, il incarnait la magie du jeu.»

La première phrase est bancale. La formulation «Joueur somptueux et imprévisible», appelle Maradona comme sujet de la phrase. «Joueur somptueux et imprévisible, Maradona pratiquait un football qui n'avait rien de récité.» Passons? Le «pas vraiment athlète» est une facilité, compréhensible pour qui se souvient du Maradona souvent en surpoids pendant sa carrière, puis obèse retraité. Mais à son meilleur, quand il le voulait, Maradona était une force de la nature. Les joueurs anglais, qui subirent sa domination au Mondial 1986, l'ont décrit comme «une boule de muscle». Son art était indissociable de cette force.

«Mais il lui restait à écrire l'histoire d'un pays meurtri par la dictature et par une défaite militaire. Cette résurrection a lieu en 1986, dans le match le plus géopolitique de l'histoire du football, un quart de finale de Coupe du monde contre l'Angleterre de Margaret Thatcher.»

Il est étonnant qu'un communiqué élyséen fasse de Margaret Thatcher un repoussoir.

La défaite militaire dans la guerre des Malouines contribua à débarrasser les Argentins de la Junte. Cela n'empêche pas d'aimer sa patrie. Il est étonnant qu'un communiqué élyséen fasse de Margaret Thatcher un repoussoir. Sans même inventorier ce que le macronisme porte de thatchérisme, autoritaire et libéral à la fois, peut-on se souvenir que le Royaume-Uni, pays démocratique allié et ami, fut soutenu par la France contre l'agresseur argentin, dont les dirigeants, alors, étaient bien plus antipathiques que Miss Maggie?

Quant au match «le plus géopolitique de l'histoire», comment classer la rencontre entre les deux Allemagne en 1974? Le défi des joueurs autrichiens à Hitler, battant l'équipe d'Allemagne en 1938 alors que l'Anschluss avait eu lieu? La bataille rangée de la rencontre Dinamo Zagreb-Etoile rouge de Belgrade, qui préluda à la guerre yougoslave? Mais l'histoire ne se hiérarchise pas.

La «main de Dieu», une trahison délibérée de l'esprit sportif

«Le 22 juin 1986, à Mexico, il marque un premier but avec Dieu pour coéquipier. Le miracle est contesté, mais l'arbitre n'a rien vu: le sens de l'esbrouffe de Maradona lui arrache le point.»

On discutera pas de morale ici, mais le geste de Maradona était hautement répréhensible. Bien plus que le coup de boule de Zidane qui était la réaction d'un orgueil blessé, la «main de Dieu» fut une trahison délibérée de l'esprit sportif. Seule la victoire est jolie?

Benalla, je le réalise, rime avec Maradona.

Que le président de la République valide cette tricherie, quand il nous rappelle souvent à la norme, et sa police n'est guère tendre avec la canaille, voilà qui est paradoxal. Sauf à comprendre qu'il est des élus, des premiers de cordée que leur don protège, qui peuvent s'affranchir des règles communes, transgresser, disrupter comme on dit, partir en campagne et saper un président qui vous a fait ministre, marquer de la main, que sais-je. Benalla, je le réalise, rime avec Maradona.

«S'ensuit “le but du siècle”, qui convoque les mânes des plus grands dribbleurs du football: Garrincha, Kopa, Pelé réunis dans une seule action. Sur 50 mètres, dans une course hallucinante, il passe en revue la moitié de l'équipe anglaise, dribble le gardien Shilton avant de propulser le ballon dans les filets et l'Albiceleste dans le dernier carré de la Coupe du monde. Dans le même match, dieu et diable, il marque les deux buts les plus célèbres de l'histoire du football. Il y avait un roi Pelé, il y a désormais un Dieu Diego.

Les mânes, selon le Larousse, sont les âmes des morts, devenues divinités. Pourquoi alors nommer Pelé, qui, longue vie à lui, est vivant? Notons qu'en 1986, notre Raymond Kopa était encore avec nous, son âme ne trainait pas sur un terrain mexicain. Seul Garrincha, compagnon de Pelé, dont le dribble était sans pareil en raison d'une infirmité de naissance, décédé en 1983, correspond à la prose élyséenne. Tant qu'à chercher un précédent à l'unique, il eut été délicat d'invoquer le seul Garrincha. Sa grâce différente peut rappeler, autrement, celle de Maradona. On appelait parfois Garrincha «la joie du peuple», le surnom irait aussi à Maradona. Mais le peuple est un concept flouté.

Maradona lors de la Coupe du monde de 1986. | STAFF / AFP

«Ce goût du peuple»

«Avec la même grâce, la même insolence superbe, il se faufile jusqu'à la finale qu'il marque par le plus beau geste du football: la passe décisive, le but des numéro 10. Lorsqu'il soulève le trophée, un mythe est né: l'enfant terrible est devenu le meilleur joueur du monde. Et la Coupe du monde retrouve l'Argentine: cette fois, c'est celle du peuple, pas celle des généraux.»

Admettre la triche, le soufre, mais pas un engagement politique? Il est intéressant de voir, sur ce sujet, l'Élysée se faire censeur d'un homme qui vient de mourir, et qu'on affirme admirer.

Le peuple est une étrange créature, singulièrement dans un communiqué élyséen. Rétablissons. En 1978, le peuple d'Argentine fêta sa Coupe du monde, remportée à la maison, et ce fut une joie authentique, en dépit des généraux qui gouvernaient le pays. L'entraîneur Menotti était un progressiste, un intellectuel qui faisait la part du feu. Les dissidents ne sont pas si nombreux dans le sport. Maradona lui-même, ayant déjà joué en équipe nationale, fut dépité de ne pas être retenu pour ce Mondial. Il n'attendit pas la démocratie pour être sélectionné.

«Ce goût du peuple, Diego Maradona le vivra aussi hors des terrains. Mais ses expéditions auprès de Fidel Castro comme de Hugo Chavez auront le gout d'une défaite amère. C'est bien sur les terrains que Maradona a fait la révolution.»

Admettre la triche, le soufre, mais pas un engagement politique? Il est intéressant de voir, sur ce sujet, l'Élysée se faire censeur d'un homme qui vient de mourir, et qu'on affirme admirer. Faut-il que cette question cubaine soit centrale dans notre démocratie éclairée! Pas d'ami à gauche… Il y a un peu de condescendance dans la remarque présidentielle. Les footballeurs devraient s'en tenir au ballon? Il est amusant de lire ceci quand des vedettes du foot français condamnent la brutalité policière en France.

 

Le mot «défaite» mérite qu'on s'y arrête. Une défaite, mais pour qui? Pour le maradoniste français, déçu? Maradona s'en alla à Cuba par castrisme, mais aussi pour se faire soigner. Si défaites il y eut dans la vie de Maradona, elles se situaient plutôt dans ses addictions, alcool et drogue, dans son amitié avec la Camorra napolitaine, dans les destructions qu'il s'infligeait. Elles sont d'une autre gravité que son amitié pour Fidel Castro, dont il considérait qu'il l'avait sauvé, puis son soutien à Chavez et Maduro au Venezuela. En Amérique latine –on peut le regretter– Castro était une figure charismatique, souvent considérée. Le souvenir de Che Guevara participe de la culture argentine. Ce ne sont évidemment pas nos critères? Mais après tout, en France même, le président refuse que la République déboulonne des statues.

Diego Maradona et Fidel Castro à La Havane le 27 octobre 2005. | Ismael Francisco Gonzalez / AFP

«Ce souverain incontesté»

«Le président de la République salue ce souverain incontesté du ballon rond que les Français ont tant aimé.»

Incontesté? Non. Comment dire ceci? Oui, nous admirâmes le joueur Maradona, mais pas au-delà de notre imaginaire. En 1986, nous souhaitions la victoire de la France. Nous la souhaitions vraiment.

Platini avait plus que contesté Maradona.

Michel Platini regrette encore d'avoir disputé une Coupe du monde handicapé par une blessure. Son regret résonne en moi. Il avait plus que contesté Maradona, et il s'en faut de peu qu'il ne l'ait surpassé. J'entends bien que ceci semble mesquin. Mais tant qu'à parler au nom du pays, autant se souvenir de nos belles pages, même incomplètes.

Une figurine de papier

«À tous ceux qui ont économisé leur argent de poche pour compléter enfin l'album Panini Mexico 1986 avec sa vignette, à tous ceux qui ont tenté de négocier avec leur compagne pour baptiser leur fils Diego, à ses compatriotes argentins, aux Napolitains qui ont dessiné des fresques dignes de Diego Rivera à son effigie, à tous les amoureux de football, le président de la République adresse ses condoléances émues. Diego se queda.»

La chute est habile. Elle ramasse des souvenirs intimes et les deuils populaires. Mais cette pirouette concrétise la rouerie d'un texte, qui prétend rendre hommage à Maradona, sans le connaître ni le respecter.

Se protège-t-on, là-haut, du soufre, de la vie, de la laideur, de ce qui ne nous ressemble pas?

L'enfant d'Amiens qui collectionnait ses vignettes Panini ne pouvait pas savoir que son héros peuplait ses nuits et sa vie de bandits, de femmes vénales ou exploitées, d'alcool et de cocaïne. L'adulte de l'Élysée ne peut pas l'ignorer, et, lui qui se pique à raison de littérature, devrait célébrer la noirceur d'un homme, indissociable de son génie et de l'amour qu'il aura suscité.

Un texte de France ne devrait pas limiter la diablerie de Diego à un but volé, mais l'appréhender dans toutes ses dimensions, et en même temps, vous en souvient-il, montrer la grandeur, la grandeur et la chute. Il aurait fallu pour cela s'affranchir des clichés, s'exposer à Maradona, dire aussi bien le Pibe de oro que l'homme fourbu, obèse et sans voix, qui pourtant ranimait des joueurs et insufflait un rêve, dans une pauvre équipe à Sinaloa, Mexique, la terre des cartels.

Emmanuel Macron aurait pu penser Maradona, c'est notre fonction sur terre, Français, de penser ce qui inquiète. Il a préféré –on a préféré pour lui– faire de Maradona une figurine de papier, un pantin rassurant, un garçon turbulent mais que l'on a pardonné dans une bienveillance bourgeoise juste un peu trop suave.

Se protège-t-on, là-haut, du soufre, de la vie, de la laideur, de ce qui ne nous ressemble pas? Nous en avons l'habitude. Cette pusillanimité m'attriste et m'inquiète, car nous sommes nombreux, différents, bancals, contestataires, qui ne sommes pas regardés. Diego lui s'en fout, je le sais qui picole avec George Best. Ils joueront pintés.

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