Politique / Monde

La Barbade ne veut plus de la reine d'Angleterre comme cheffe d'État

Le mouvement Black Lives Matter relance le débat sur l'héritage du colonialisme. D'autres pays caribéens pourraient suivre l’exemple.

Mia Mottley, première ministre de la Barbade à Nairobi au Kenya décembre 2019 | Tony Karumba / AFP 
Mia Mottley, première ministre de la Barbade à Nairobi au Kenya décembre 2019 | Tony Karumba / AFP 

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur New York Times

Comme le soulignent Mark Landler et Azam Ahmed, journalistes au New York Times, la dernière fois que des pays caribéens sont devenus des républiques en coupant les liens avec la Reine Elizabeth II se situe dans les années 1970, au moment du mouvement Black Power. La dernière indépendance date des années 1990.

Mercredi 16 septembre, la Barbade a relancé le mouvement et décidé que le pays deviendrait une république en novembre 2021 et qu'ainsi, Elizabeth II ne serait plus la cheffe de l'État.

Le mouvement Black Lives Matter et ses nombreuses manifestations contre des policiers ayant tué des personnes noires aux États-Unis ont replacé le débat sur la légitimité de l'héritage impérial dans les anciennes colonies britanniques au cœur de l'actualité. Le royaume du Commonwealth de la Reine comprend encore aujourd'hui seize pays.

Pour le professeur d'histoire des Empires, Richard Drayton, «si la Barbade parvient à franchir cette étape, d'autres pays pourraient être inspirés à faire la même chose», a-t-il déclaré au New York Times –également encouragés par le Brexit et la perte d'influence britannique dans le monde. 

La Première ministre, Mia Mottley, a déclaré: «Le temps est venu de laisser complétement derrière nous notre passé colonial. Les Barbadiens veulent un chef de l'État barbadien.» En effet, après son indépendance en 1966, la Barbade a continué de reconnaître la Reine comme sa cheffe d'État ainsi qu'un gouverneur général servant de représentant du Commonwealth sur l'île.

La Première ministre a aussi demandé à la Grande-Bretagne et aux anciennes colonies de réfléchir aux versements de réparations pour la traite des esclaves. Entre 1627 et 1807, des milliers de personnes noires venues de différents pays d'Afrique ont été forcés à travailler sur l'île dans de grandes plantations dans les conditions terribles que l'on connaît.

Si le mouvement Black Lives Matter a pu accélérer le processus, les mécanismes sont à l'œuvre depuis les indépendances caribéennes des années 1960 et 1970. À cette époque, une enquête avait été menée, censée évaluer la faisabilité pour la Barbade de devenir une république, et avait conclu à un manque de soutien public. Puis l'idée a refait surface en 1995 et en 2005. En 2015, l'ancien Premier ministre se fixait un objectif: faire coïncider le 50e anniversaire de l'indépendance avec la création d'une république.

En Jamaïque, le mouvement républicain gagne du terrain et l'idée est soutenue par les Premiers ministres successifs. De la même manière, à Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le mouvement gagne du terrain. 

Selon les experts interrogés par les journalistes du New York Times, cette indépendance ne perturbe pas outre mesure le palais de Westminster et sa Reine. «De toute façon, la Barbade a déjà sa Reine et son nom est Rihanna», ont ironisé certain·es sur Twitter. 

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