Santé

Un médicament pourrait-il vaincre le bégaiement?

Un psychiatre américain teste un traitement expérimental appelé l'écopipam.

Soixante-dix millions de personnes souffrent de bégaiement dans le monde. | Robina Weermeijer <a href="https://unsplash.com/photos/3KGF9R_0oHs">via Unsplash</a>
Soixante-dix millions de personnes souffrent de bégaiement dans le monde. | Robina Weermeijer via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Smithsonian Magazine

Gerald Maguire, psychiatre à l'université de Californie à Riverside, bégaie depuis son enfance. Grâce à l'écopipam, un traitement expérimental à base d'antipsychotiques, son handicap est pourtant difficile à deviner. Ce médicament n'est pas encore commercialisé, mais les premiers résultats de la recherche de Maguire pourraient donner de l'espoir aux 70 millions de personnes bègues dans le monde, dont plus de 600.000 résident en France.

Pendant longtemps, les thérapeutes attribuaient à tort le bégaiement à une anomalie de la langue ou du larynx, à des troubles d'anxiété ou même à une mauvaise éducation. Cependant, J. Scott Yaruss, orthophoniste à l'université d'État du Michigan, a tenté de prouver la présence de troubles neurologiques qui seraient à la base de ce trouble de la parole. Si les neuroscientifiques tendent aujourd'hui à s'accorder sur l'idée que le fonctionnement du cerveau joue un rôle clé dans le bégaiement, il reste toutefois difficile d'identifier avec certitude les causes de cette pathologie.

Alors que certaines recherches s'intéressent aux différentes connections entre les hémisphères du cerveau, d'autres s'interrogent sur l'aspect héréditaire de ce trouble. Gerald Maguire a lui choisi d'examiner le rôle de la dopamine, capable d'accroître et de ralentir l'activité des neurones selon le récepteur nerveux auquel elle s'accroche.

L'écopipam, l'espoir d'un traitement

Dans les années 1990, Maguire et ses collègues font partie des premières équipes de recherche à faire des scintigraphies cérébrales aux personnes bègues. Ils découvrent une activité dopaminergique trop importante dans les cerveaux étudiés. Le psychiatre se demande alors si bloquer l'action des dopamines permettrait la réduction du bégaiement.

Au fil des années, Maguire conduit quelques essais cliniques, pour lesquels il prescrit certains antipsychotiques. Ces derniers ont la propriété de bloquer la dopamine, un neurotransmetteur qui régule les émotions et les mouvements. À ce jour, ces traitements n'ont pas encore été approuvés par l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (the US Food and Drug Administration). De fait, ils présentent quelques effets secondaires, comme la prise de poids, la rigidité musculaire ou la dépression.

Toutefois, en 2019, Gerald Maguire débute un essai clinique et teste un nouveau médicament, l'écopipam, qui devrait aider les patient·es à fluidifier leur discours en bloquant la dopamine au niveau de certains récepteurs dopaminergiques. Grâce à la participation de dix personnes bègues, Maguire et son équipe remarquent que celles prenant de l'écopipam bégaient moins une fois le traitement commencé. Cette observation permet au psychiatre de rester optimiste quant à l'utilisation de cette molécule, qu'il souhaite désormais tester sur un plus grand échantillon de patient·es.

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