Politique / France

Et si Sarkozy ne se représentait pas en 2012?

Cette possibilité est évoquée avec de moins en moins de retenue, y compris dans les rangs de la droite.

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Et voilà que le papa s'en mêle. C'est Pal Sarkozy, le père du chef de l'Etat en promotion pour son livre autobiographique, qui s'y est mis il y a quelques jours dans une interview au Parisien: «personnellement, je pense qu'il aura une vie beaucoup plus tranquille et beaucoup plus confortable s'il ne se représente pas», a-t-il déclaré à propos d'un éventuel deuxième mandat de son fiston. Dans le Figaro Magazine publié le lendemain, Carla Bruni réitérait des propos qu'elle avait déjà tenus il y a plusieurs mois. Interrogée sur son souhait de voir son mari se représenter, elle a redit: «en tant qu'épouse, je ne le souhaite pas vraiment. Peut-être ai-je peur qu'il y laisse sa santé, peut-être ai-je envie de vivre ce qui nous reste à vivre dans une certaine paix?».

Nicolas Sarkozy, pas candidat à sa propre succession? Ce serait bien le premier président à ne pas être tenté par un second mandat. A l'Elysée, on explique qu'«il n'a pas encore pris sa décision». Un langage de pure convenance: il est beaucoup trop tôt pour se déclarer et si d'aventure il décidait de s'en tenir là, il le garderait pour lui pour éviter que la majorité, déjà fortement bousculée, ne se transforme en champ de bataille pour sa succession.

Primaires à droite?

Mais l'idée s'instille dans tous les esprits. Au point que certains n'hésitent plus à en parler tout haut. Alain Juppé a ainsi mis les pieds dans le plat la semaine dernière en expliquant: «s'il arrivait, pour des raisons qui lui appartiennent, qu'il ne soit pas à nouveau candidat, moi, je pense qu'il faudrait des primaires au sein de l'UMP». Et l'ancien Premier ministre d'ajouter qu'il n'«excluait pas, à ce moment là, d'être candidat à la candidature». Prend-t-il ses rêves pour la réalité en espérant si fort que Nicolas Sarkozy renonce à un second mandat?

Pas si sûr, même si la plupart à droite, comme le sénateur Gérard Longuet, ne peut pas «imaginer un seul instant que Nicolas Sarkozy, qui est dans la force de l'âge, puisse ne pas se représenter». Le chef de l'Etat lui-même laisse régulièrement entendre qu'il pourrait avoir «une autre vie» après la politique. Il n'a notamment jamais caché qu'il souhaiterait gagner beaucoup d'argent comme ses amis patrons du CAC 40, les Martin Bouygues, Henri Proglio et autres. Il explique aussi qu'il pourrait vouloir se consacrer plus pleinement à sa vie de famille et au couple qu'il forme avec Carla Bruni. Mais tous ceux qui le connaissent ne croient pas un seul instant qu'il puisse délaisser la politique pour une activité moins prenante.

Précédents

L'Elysée s'ingénie à laisser planer le doute sur une deuxième candidature. Jacques Chirac et François Mitterrand - surtout - en leur temps avaient fait de même. «C'est un moyen de dire à tous ceux qui lui cherchent des noises dans la majorité: attention, je pourrais bien vous laisser en plan si vous m'emmerdez tôt et on verra bien ce qui se passe». Le hic, c'est que ce qui était jusqu'alors pure tactique pourrait se révéler plus vraisemblable que prévu.

Selon un sondage Ipsos pour le Point, une nette majorité de Français, 57%, ne souhaite pas qu'il soit en lice pour 2012. Même parmi les sympathisants UMP, ils sont 21% à espérer qu'il ne sollicite pas à nouveau leurs suffrages. En effet, l'idée se répand chez les élus de droite que Nicolas Sarkozy pourrait tout simplement ne pas être en mesure de se représenter. Parce que trop impopulaire et déjà trop usé. Alors qu'il est au plus bas dans les sondages (moins de 30% d'opinions positives), de nombreux parlementaires commencent à craindre pour leur réélection. D'autant plus que, selon les projections effectuées d'après les résultats des régionales, 80 circonscriptions seraient menacées de basculer à gauche. Du coup, les députés concernés se demandent si un nouveau candidat ne leur permettrait pas de sauver leur peau.

Pour l'instant aucun n'ose le dire tout haut. Seul le sénateur de la Moselle Jean-Louis Masson s'est demandé au lendemain des régionales si Nicolas Sarkozy «est le meilleur candidat pour 2012 ou si une autre alternative doit être recherchée», citant «Villepin, Juppé ou Copé». Une déclaration rejointe vendredi 2 avril par son collègue de l'Orne Alain Lambert,  mais au train où va la dégradation du climat à droite, d'autres voix pourraient bientôt se joindre à celles-là.

Ariane Istrati

Photo: Près de la gare St Lazare à Paris, REUTERS/Charles Platiau

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