Santé / Société

Ô jeunesse ennemie!

[BLOG You Will Never Hate Alone] Les chiffres des contaminations repartent à la hausse. La faute aux jeunes qui ne respectent plus rien.

Des enfants gâtés sans cervelle. | Jacob Bentzinger <a href="https://unsplash.com/photos/_HXFz-0g9w8">via Unsplash</a>
Des enfants gâtés sans cervelle. | Jacob Bentzinger via Unsplash

Temps de lecture: 2 minutes

Et voilà, comme prévu, l'été est arrivé et la jeunesse en a profité pour se rassembler au mépris de toutes les précautions sanitaires requises pour contenir le Covid-19. Comme si de rien n'était, on a dansé, on a bu, on a fait la fête. Des hordes de jeunes sans foi ni loi ont colonisé les plages, les bars, l'espace public avant de se retrouver dans des soirées privées. Sans masque, sans distanciation sociale, sans rien. Quelle honte, quelle décadence, quel égoïsme surtout.

Il fallait les voir ces morveux se coller les uns les autres, s'embrasser, rire comme si on fêtait la Libération. De la mort, de la maladie, ils s'en fichaient royalement –la jeunesse se croit toujours éternelle. Eux voulaient vivre, renouer avec la lumière de l'été, rire de tous ces mois derniers où la société les avait obligés à se tenir à carreau. L'heure de leur revanche avait sonné. On allait voir ce qu'on allait voir. L'été tant attendu serait leur terrain de jeux, le moment de tout oublier, la galère du confinement et l'épouvantail de la crise économique à venir.

Pendant ce temps-là, les vieux boucs comme moi rongeaient leur frein. Obligés de porter un masque qui leur mangeait les rides, les poches lourdes de leur gel hydroalcoolique, ils allaient solitaires dans leurs drôles de vacances, scandalisés de voir que leurs cadets ne respectaient rien des consignes édictées par le gouvernement. Quand ils pestaient à haute voix, personne ne les entendait ou bien les laissait dire. Parfois même, ils se faisaient crier dessus. Et lorsqu'ils se plaignaient auprès de gendarmes pour que la loi soit respectée, ces derniers d'impuissance haussaient les épaules.

De mon temps, les choses se seraient passées différemment. C'est qu'à mon époque, on savait se tenir: les aînés, si on ne les admirait pas forcément, du moins on les respectait. Oui monsieur. Pour rien au monde, on aurait pris le risque de les voir tomber malade. Entre générations, il fallait bien se tenir les coudes. On s'amuserait une autre fois, l'été prochain ou le suivant, quand le virus ne serait plus qu'un lointain souvenir. D'ailleurs de mon temps, on ne s'amusait guère. On passait nos étés à aller de maisons de retraite en EHPAD pour mieux soulager la douleur de nos anciens, ces hommes et ces femmes qui étaient le sel de la terre.

Aujourd'hui, les jeunes veulent tout, tout de suite. Des enfants gâtés pour qui l'existence doit ressembler à tout prix à une fête foraine. Sans aucun souci du lendemain, ils n'ont que le mot s'amuser à la bouche. S'ils restent deux secondes sans s'agiter ou sans s'occuper l'esprit, c'est comme si la fin du monde approchait. Ils ne savent pas s'ennuyer; à longueur de temps il leur faut des divertissements sinon ils dépérissent.

Ils sont paresseux, incultes, bouffis d'ignorance. On n'aurait jamais dû abolir le service militaire, moi je dis. Là ils auraient appris ce que l'ordre signifie. Rien de tel qu'une bonne marche de nuit pour se remettre les idées en place. Le goût de l'effort, la notion d'entraide, l'envie de se surpasser, voilà tout ce qui manque à la génération actuelle, cette bande de jean-foutre qui se croient tout permis.

Aujourd'hui la pandémie redémarre. Merci les jeunes. Beau boulot que vous avez accompli là. Par votre faute, à cause de votre négligence et de votre égoïsme, on va encore se taper des mois et des mois de confinement. Pourtant, on ne vous demandait pas grand-chose, juste d'être prudents, d'éviter les grands rassemblements, de réduire autant que possible vos contacts. Tu parles d'un sacrifice –les morts d'Omaha Beach vous contemplent.

Je ne décolère pas. Moi qui avais prévu d'aller à Ibiza en septembre, à Corfou en octobre, aux Maldives en décembre, c'est râpé. J'ai tout annulé. Je resterai chez moi. Seul. Sans personne à qui parler. À compter ma réserve de masques et à prier le ciel pour que le sort m'épargne. Tout cela parce que de jeunes décervelés se sont comportés comme des sales sagouins. Et après cela, ils vont nous demander de respecter la planète!

Je ne vous salue pas, jeunesse ennemie.

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