Donald Trump a de nouveau mis le feu à Twitter, le 30 juillet, en annonçant qu'il souhaitait reporter l'élection présidentielle américaine prévue en novembre. La raison de son courroux est le «mail-in voting», ou vote à distance.
D'après le président, cette méthode de vote est moins sûre que le vote traditionnel. Or, l'épidémie de Covid-19 ne montrant aucun signe de ralentissement aux États-Unis, de plus en plus d'États envisagent toutes les possibilités pour ne pas entasser les citoyen·nes dans les bureaux de vote.
Trump a donc tweeté que 2020 serait l'élection la plus «INEXACTE et FRAUDULEUSE de l'histoire. Ça va être une humiliation pour les États-Unis. Reporter l'élection jusqu'à ce que tout le monde puisse voter de manière sûre et normale???»
With Universal Mail-In Voting (not Absentee Voting, which is good), 2020 will be the most INACCURATE & FRAUDULENT Election in history. It will be a great embarrassment to the USA. Delay the Election until people can properly, securely and safely vote???
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) July 30, 2020
La même date depuis 1845
Cette proposition inquiète jusque dans les rangs des Républicains, mais est-elle seulement possible? Pour les spécialistes en droit constitutionnel, c'est extrêmement improbable. En effet, la date du 3 novembre n'a jamais été modifiée depuis 1845.
Ce n'est d'ailleurs absolument pas le président qui a le pouvoir de modifier cette date au niveau fédéral mais le Congrès. Or, il est quasiment impossible que cette proposition obtienne une majorité. Même pendant la guerre de Sécession, la date n'avait pas changé.
En effet, la constitution des États-Unis est très claire. L'article 20 prévoit que le mandat du président débute et se termine le 20 janvier. Élection ou pas, le mandat actuel de Donald Trump s'arrêtera quoi qu'il arrive le 20 janvier 2021.
Or, ces deux mois et demi, du 3 novembre au 20 janvier, sont nécessaires afin que les États et les grands électeurs puissent constituer le collège électoral puis que le Congrès compte les voix. «Tout ça doit se dérouler d'ici au 20 janvier, c'est pourquoi le Congrès ne décalera pas [la date de l'élection], même d'une semaine ou deux, la timeline est déjà assez serrée», explique Trevor Potter, l'ex-directeur de la Commission électorale fédérale, à NBC.
Il y a donc peu de chances que Trump croit lui-même à sa proposition. Il espère peut-être mobiliser ses troupes en jetant d'ores et déjà le discrédit sur les élections de novembre qui s'annoncent pour lui difficiles.