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Pourquoi les barbus doivent être un poil plus vigilants face au Covid-19

Des études suggèrent que la barbe accumule des bactéries et peut être un réservoir de virus.

39% des barbus ne se lavent pas la barbe quotidiennement et un quart d’entre eux se la lavent uniquement de 2 à 4 fois par semaine. | Drew Hays / Unsplash
39% des barbus ne se lavent pas la barbe quotidiennement et un quart d’entre eux se la lavent uniquement de 2 à 4 fois par semaine. | Drew Hays / Unsplash

Temps de lecture: 4 minutes

Ça y est! Après plus de deux mois et demi de confinement, la vie sociale reprend, presque normalement. Les bars et des restaurants rouvrent, les rassemblement familiaux et amicaux de plus de 10 personnes sont à nouveau autorisés… Pour autant, l’euphorie ne doit pas venir balayer les gestes barrières, car le COVID-19 est toujours là. Afin de profiter pleinement de cette liberté retrouvée, il est indispensable de garder les bonnes habitudes prises ces dernières semaines. 

Pour les hommes, à l’heure où le port du masque est généralisé, c’est aussi l’occasion de prendre conscience des risques spécifiques qui les concernent. D’autant que, d’après un sondage réalisé par l’institut Harris-Interactive pour Gillette*, la moitié d’entre eux portent la barbe…

Le visage, porte d’entrée des virus

C’est un fait sur lequel s’accordent tous les médecins et professionnels de santé: le visage est la porte d’entrée des virus. Or, chaque jour, nos mains entrent en contact environ 3.000 fois avec celui-ci –que ce soit au niveau de la bouche, du nez ou des yeux. Ce sont des gestes inconscients, des réflexes. Machinalement, on se frotte les yeux quand on est fatigué, on se prend la tête entre les mains, on pose son menton dans le creux de la main, on se caresse la barbe, on la peigne avec les doigts…

Aussi, autant que faire se peut, il faut éviter de se toucher le visage. C’est d’ailleurs une des consignes de base délivrées chaque hiver par les Agences Régionales de Santé (ARS) à l’occasion des épidémies saisonnières de grippe et de gastro-entérite. Une recommandation d’autant plus pertinente dans le contexte de risques de COVID-19.

Mais, pas facile, voire impossible de contrôler des gestes qui relèvent du réflexe. Dans ces cas-là, il est primordial de se laver régulièrement les mains.

Selon un communiqué publié début mars par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), « la maladie se transmet principalement d’une personne à l’autre par le biais de gouttelettes respiratoires expulsées par le nez ou par la bouche lorsqu’une personne malade tousse, éternue ou parle. Ces gouttelettes peuvent se retrouver sur des objets ou des surfaces autour de la personne malade. On peut alors contracter le COVID-19 si on touche ces objets ou ces surfaces et si on se touche ensuite les yeux, le nez ou la bouche ».

Le visage étant la porte d’entrée des virus, en plus de se laver régulièrement les mains, il est indispensable de se nettoyer régulièrement le visage. En temps normal, la peau du visage produit de la sueur, du sébum, et stocke en permanence des déchets dans le cadre des processus biologiques et d’exfoliation naturels. Tout ceci crée un environnement propice au développement de bactéries. La peau du visage est également exposée aux éléments extérieurs: polluants, poussière et saleté de tous les jours. Mais, dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, cela devient plus problématique. Car, lorsqu’une personne malade tousse ou parle, des particules virales peuvent s’échapper de sa bouche ou de son nez et entrer en contact avec le visage de son interlocuteur. Ces gouttelettes peuvent être inhalées par la bouche ou par le nez, mais aussi entrer en contact par les yeux. D’où l’intérêt de porter un masque, de respecter la distanciation physique, ainsi que de se nettoyer le visage pour diminuer la charge en agents infectieux, bactéries ou virus!

Par ailleurs le rasage, par l’action nettoyante du gel ou de la mousse à raser et par l’action mécanique du rasage lui-même, élimine efficacement le sébum et les peaux mortes. Ce qui contribue à créer un environnement défavorable à l’installation et à la prolifération des virus.

Selon un sondage réalisé par l’institut Harris-Interactive pour Gillette sur les habitudes des Français en matière de rasage et d’hygiène faciale*, parmi les hommes rasés de près (qui représentent 36 % des sondés), 63% considèrent le rasage comme un moyen de se nettoyer le visage. Et 20% des hommes rasés déclarent l’être depuis l’apparition du Covid-19.

Pour un nettoyage du visage encore plus efficace, il est recommandé que l’eau coule directement sur le visage (comme sous la douche) plutôt que d’être projetée sur le visage avec les mains (comme dans un lavabo).

Une attention particulière pour les barbus

Pour les hommes barbus, qui représentent 50% des sondés, le nettoyage du visage est primordial. En effet, selon le Professeur Roger Jankowski, chef du service d’ORL du CHU de Nancy: «Des études suggèrent que la barbe accumule des bactéries et peut être un réservoir de virus. Si vous parlez avec quelqu’un qui postillonne même un petit peu, ses postillons vont s’accrocher plus facilement sur un visage barbu que sur un visage glabre.» 

Pourtant, selon le sondage, se nettoyer la barbe quotidiennement n’est malheureusement pas un geste acquis. En effet, 39% des barbus ne se lavent pas la barbe quotidiennement. Un quart d’entre eux se la lavent uniquement de 2 à 4 fois par semaine, ce qui est insuffisant. Et 4% des sondés déclarent ne jamais se laver la barbe, ce qui est problématique.

De plus, dans le cadre sanitaire actuel, le port de la barbe a des inconvénients.

Selon ce sondage, 84% des Français portent un masque quand ils sortent de leur domicile (40% en portent de manière systématique, 44% de manière ponctuelle selon les types de sortie)

Or, la barbe atténue l’efficacité du masque. Ce n’est pas trop problématique dans le cadre du port d’un masque chirurgical ou d’un masque en tissu «fait maison».  «Ces masques sont faits pour protéger l’autre, explique le Pr Jankowski, c’est-à-dire que si vous postillonnez vous le faites à l’intérieur de votre masque et vous interrompez ainsi la chaîne du virus: c’est très important pour contrôler la diffusion d’une épidémie.» 

«S’il est correctement porté, couvrant la bouche et le nez, le masque chirurgical continue à assurer une protection contre les projections directes. Il est démontré que les chirurgiens portant la barbe ne contaminent pas plus leurs patients que les chirurgiens imberbes pour des germes dont la contamination se fait par le mode gouttelettes», explique le Pr Jankowski.  Pour le masque en tissu, destiné à réduire l’émission de gouttelettes et ainsi diminuer le risque de transmission du virus lorsque les mesures de distanciation ne peuvent être respectées le médecin n’est pas alarmant: «Il n’est pas occlusif, donc même si la barbe peut diminuer l’étanchéité du masque, les conséquences seront moindres dans cette application du port du masque.»

Là où la barbe pose le plus de problèmes, c’est pour les masques respiratoires type FFP2 N95 ou équivalent (qui protègent celui qui le porte de l’infection, en évitant les contaminations par aérosolisation de particules par lesquelles le virus pourrait se transmettre). Selon le Pr Jankowski: «Ces masques doivent coller à la peau pour être efficaces. Et la présence de la barbe créé un interstice qui diminue leur efficacité».

Retrouvez tous les conseils pour une peau saine

*Étude menée en mai 2020 auprès de 1.040 hommes âgés de plus de 18 ans

 

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