Culture

Le masque, un accessoire de mode qui refait surface

Depuis le théâtre de l'Antiquité jusqu'aux récents défilés, le masque a traversé les époques.

Des masques protecteurs de mode exposés au studio de couture de Wolfgang Schinke, à Krefeld, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 avril 2020. | Ina Fassbender / AFP
Des masques protecteurs de mode exposés au studio de couture de Wolfgang Schinke, à Krefeld, dans l'ouest de l'Allemagne, le 22 avril 2020. | Ina Fassbender / AFP

Temps de lecture: 13 minutes

Avec le Covid-19, le port du masque s'invite dans l'habillement, mais s'il est le plus souvent d'ordre sanitaire et a pour mission de protéger (soi ou les autres), il est aussi un élément fascinant de création d'un autre, que ce soit depuis le théâtre de l'Antiquité jusqu'à des événements de mode très récents, en passant par l'utilisation festive de la noblesse d'hier. Alors que certains accessoires passent de mode (les gants, les chapeaux) et que la panoplie se réduit, le masque pourrait remporter tous les suffrages et ouvrir le champ de la création. Dissimulation, mystère, les faux visages vont-ils se réinventer et devenir le nouvel accessoire de mode incontournable, un it mask

Histoires et itinéraires

Le terme français de masque plonge sans doute son étymologie dans le maschera italien, signifiant faux visage. Dans de nombreuses civilisations il est le plus souvent associé à la mort. Les masques funéraires accompagnent les défunt·es dans l'au-delà dans un esprit de conservation de l'âme de corps momifiés chez les Égyptiens ainsi celui de Toutankhamon, en or et pierres semi-précieuses. En Grèce, le masque funéraire dit d'Agamemnon et d'autres furent découverts à Mycènes dans des sépultures royales.

En Afrique les masques sont très présents et très prisés, ils participent à des rites agraires où les dieux sont remerciés. Ils sont aussi utilisés dans des cérémonies funéraires et initiatiques (passage à l'âge adulte). Jean Laude, dans Les arts d'Afrique noire, explique leur signification. «Un masque est un être qui protège celui qui le porte. Il est destiné à capter la force vitale qui s'échappe d'un être humain ou d'un animal au moment de sa mort... captée dans le masque la force vitale est contrôlée, capitalisée et ensuite redistribuée au service de la collectivité.» Dans tous les rites, le masque n'est pas un simple accessoire, il joue un rôle, il a une véritable existence et s'en emparer n'est pas sans danger; s'invite ainsi la magie avec protection ou malédiction. 

Photo prise le 16 juin 2006 de masques de la collection Vérité, une collection de plus de 500 oeuvres d'arts premiers d'Afrique et d'Océanie, à l'Hôtel Drouot à Paris. | Medhi Fedouachi / AFP

Léopold Sedar Senghor leur rendit un vibrant hommage dans une prière: 
«Masques! O masques!
Masque noir masque rouge, vous masques blanc-et-noir
...
Vous distillez cet air d'éternité où je respire l'air de mes pères.»

L'étonnante exposition Disguise au musée de Brooklyn a donné carte blanche à des artistes africain·nes pour se réapproprier leurs masques dont l'Occident avait choisi d'en oublier le sens. 

Dans les civilisations amérindiennes, les masques sont omniprésents: masques olmèques en pierre, masques mayas en jade, turquoise. Claude Lévi-Strauss dans La voie des masques s'est penché sur les œuvres d'Amérique du Nord: «À chaque type de masque se rattachent des mythes, qui ont pour objet d'expliquer leur origine légendaire ou surnaturelle et de fonder leur rôle dans le rituel, l'économie, la société.»

Le masque est aussi très important dans les accessoires militaires, objet de protection ainsi les menpô des samouraïs affublés parfois d'une moustache pour accentuer la virilité. 

Le masque mortuaire est réapparu au XVe siècle avec les rois Charles VI et Charles VII, la tradition s'est ensuite perpétuée auprès des personnalités pour fixer à jamais leurs traits. Madame Tussaud fit avec de la cire les masques de Marat ou Robespierre avant d'ouvrir à Londres son musée. Le principe relève aussi d'une forme de vanité. André Gide, qui travaillait sous l'ombre tutélaire du masque funéraire de Leopardi, en avait toute une collection et organisa la réalisation du sien. Aujourd'hui il faudrait des autorisations et un thanatopracteur pour se faire faire un masque mortuaire.

Le masque festif fut très en cour dans la noblesse et très souvent porté lors des bals avec ses modes et ses modifications ainsi l'apparition du loup qui dégagea la bouche avec des modèles noirs en soie ou en satin. Mais après la révolution le masque devint simple accessoire de travestissement utilisé surtout en période de carnaval. Le masque crée une sorte de jeu où l'on fait semblant de se cacher pour créer la surprise, la découverte. Dans le Temps retrouvé, Marcel Proust décrit un «Bal de têtes» où, chez la Princesse de Guermantes, les visages semblaient ravagés par le temps. Le XXe siècle vit quelques fêtes masquéss mémorables ainsi un bal de têtes orchestré par Alexis de Redé en 1957 avec costumes et décors d'Yves Saint Laurent. Dans un dîner de collectionneurs de têtes en 1966 les convives s'étaient affublés de masques africains. Le dîner de têtes surréaliste de Marie-Hélène de Rothschild en 1972 témoigne de ces fêtes hors du temps où le masque autorisait la métamorphose, le jeu. C'est dans cet esprit que la maison Dior organisa un grand bal masqué après un défilé couture en 2017.

Rois au théâtre

Profane, le masque signe le théâtre antique avec tragédies et comédies en Grèce (à partir d'Eschyle) et à Rome avec des personnages stéréotypés: marchand, vieux, roi, femme, mais aussi des allégories, des animaux, des monstres. Ces masques dits muets qui figent les caractères ont été réalisé en cuir ou en bois. 

En Italie, la commedia dell'arte s'est formalisée au XVIe siècle avec des personnages fameux aux caractères définis dans les costumes et les masques: Arlequin, Polichinelle, Pantalone, Colombine...

Le théâtre japonais les utilise aussi à profusion en maquillage très codifié pour le kabuki et en bois pour le Nôh. Une des figures les plus connues est l'onnamen, un visage de femme bouche légèrement entrouverte et l'esquisse d'un sourire. 

Le masque sanitaire

En Occident le port du masque ne fait pas partie des habitudes, quel que soit l'état de santé d'une personne, même grippée. En Asie, le masque se vit au quotidien par respect des autres. Est-ce pour cette raison que la population en Asie s'en sort mieux dans la pandémie qui menace l'humanité?

Le masque de soin, cosmétique, a depuis quelques années le vent en poupe. Aux caricaturales rondelles de concombre ont succédé des avancées technologiques avec des textures ludiques et colorées. Il existe aussi toute une série d'objets aux allures d'instruments de torture, mais parfaits pour faire des tutos sur Instagram, pour enlever les rides, tendre la peau... À leurs côtés la muselière d'Hannibal Lecter passe pour un objet d'enfant de cœur.

Personnification, transformation

Porter un masque peut permettre aussi de devenir un autre. Dans Le masque, le héros de Maupassant, âgé, refuse les marques du temps et, pour paraître en société, s'affuble d'un masque de jeune homme. Dans la lucha libre au Mexique, les masques sont visuellement spectaculaires, mais ils ont une valeur symbolique puissante, ils incarnent l'identité du luchador et le perdre est dramatique. Exceptionnel artiste transformiste dont le corps et l'apparence ont construit une œuvre, Leigh Bowery multiplie les panoplies, visage souvent masqué. Le photographe Fergus Greer a immortalisé ses looks qui inspirent toujours artistes et créateurs de mode. 

Le thème du carnaval renvoie évidemment à des bals masqués en Italie (Tiepolo, Guardi...), à des fantaisies ludiques ainsi Le Colin-Maillard de Fragonard. En Belgique, James Ensor est le grand peintre des masques. Ils dominent son inspiration et renvoient au carnaval, un monde à l'envers où la foule transfigurée semble une menace. Pour Ensor«le masque raconte les déguisements, les travestissements en cachant l'inadmissible sous le burlesque et les oripeaux». Au jeu des métamorphoses figurent Matthew Barney, les avatars de Cindy Sherman, méconnaissable et outrée. Louise Bourgeois a réalisé un grand nombre de masques aux visages recousus. À propos du sien, elle aurait dit (Xavier Girard: Louise Bourgeois Face à face): «Cela n'a rien à voir avec la mort ou les beaux-arts. Les masques ont assez de force pour leur résister.» En hommage posthume, pour elle insomniaque, a été créé un masque de sommeil avec son regard d'un côté et un motif à rayures de l'autre.

Une fêtarde portant un masque et un costume d'époque assiste à un bal masqué lors d'un dîner au palais Ca 'Vendramin Calergi pendant le carnaval de Venise, le 15 février 2020. | Alberto Pizzoli / AFP

Du chapeau au masque

Les modistes se sont naturellement approché·es du masque comme si le chapeau descendait sur le visage et commençait à l'oblitérer. La voilette est déjà une première approche tout en délicatesse, une résille souvent noire et parfois mouchetée vient troubler les traits du visage. Stephen Jones a imaginé les masques en dentelles pour la couture Dior et pour Thom Browne, des masques cages, des animaux. Philip Treacy a travaillé la dentelle en masques pour Valentino ou des chapeaux masques (paillettes, métal) pour Alexander Mac Queen. Portées par Isabella Blow ou Lady Gaga ses variations sur le homard recouvrent en partie le visage. 

Le Belge Christophe Coppens a souvent flirté avec les masques aujourd'hui part intégrante de son œuvre en tant qu'artiste. Il raconte: «Dans mon travail de mode, le thème du masque a été récurrent. Mon père est collectionneur d'arts tribaux et j'ai toujours été confronté au pouvoir du masque. J'ai toujours travaillé à la frontière entre art et mode et le masque m'a toujours intrigué. Il appartient à l'histoire, mais que pourrait signifier aujourd'hui le port du masque?|

Il poursuit: «Après avoir déménagé à Los Angeles j'ai créé des masques pour raconter des histoires, créer des énergies. Quand Roisin Murphy m'a appelé pour sa tournée, je lui ai juste envoyé les masques que je venais de terminer. Elle est l'exemple parfait de quelqu'un qui, avec un masque, crée des personnages sur scène, comme une extension de son corps. Une fenêtre sur son âme et sa musique. Je voulais que cette première série soit le moins “mode” possible. Il ne s'agit pas de quelque chose de “joli” ou réalisé avec des techniques de couture. Pas décoratifs, ces masques sont très brutaux; à partir d'une idée, d'un concept et avec une exécution grossière. Cela a très bien fonctionné, Roisin Murphy a ainsi contribué à la renaissance du masque sur scène.»

Toujours à Los Angeles, Christophe Coppens a continué son exploration des masques avec «Made in America», utilisant les couleurs et motifs du drapeau national. «Je voulais partager ma perception des États-Unis. En tant qu'Européen, on a une vision de l'Amérique, mais quand on y vit, les yeux s'ouvrent... J'ai imaginé un masque sur la sécurité sociale, le racisme, l'esclavage, la violence policière etc. Le masque était le véhicule parfait pour montrer ma vision des États-Unis.» 

Capture écran du site internet de Christophe Coppens

Dans la mode

Dans les années 1960, deux sources d'inspiration ont conduit les créateurs à imaginer des masques, le climat de la guerre froide et la conquête spatiale: la protection et le futur. Les space suits de Courrèges ont eu droit parfois à l'ajout de cagoules masques. Visionnaire, Emilio Pucci avait imaginé, pour la compagnie aérienne Braniff en 1965, un space bubble en plastique transparent, qualifié par la compagnie de Rain Dome, des couvre-chefs futuristes et spectaculaires, mais peu solides et pas pratiques. L'étonnant et méconnu (hors circuit des amateurs de mode) Rudi Gernreich (celui qui a inventé le monokini) a exploré le masque dans des visières masques, chapeaux intégrant des lunettes ou encore dans un total look aux imprimés animaliers.   

Mais la guerre froide s'est réchauffée et la conquête de l'espace mise en veilleuse, l'odyssée du futur ne s'est pas imposée dans la rue. 

Vingt ans plus tard, c'est Martin Margiela qui, dans sa quête d'anonymat, va logiquement vers le masque pour que ses mannequins aient le visage oblitéré, laissant la prééminence au vêtement. Vrais masques, voiles, cheveux, le masque s'invitait dans les collections jusqu'à aussi devenir un accessoire de mode dans les collections coutures. 

Chez Walter Van Beirendonck, autre Belge d'Anvers, le masque est un quasi leitmotiv qui apparaît régulièrement. Il raconte: «Depuis mes premières collections, j'ai été fasciné par les masques. Ils sont récurrents dans mes recherches d'inspirations ethniques ou contemporaines, elles sont part de rituels. Les masques changent l'apparence de celui qui les porte, ce changement m'intéresse et j'utilise cette idée dans les défilés parfois littéralement ou alors avec des maquillages, coiffures, pour donner une nouvelle apparence, une nouvelle identité, créer une nouvelle personne. C'est aussi un sentiment paradoxal de cacher son état naturel et devenir un autre.» 

Défilé Walter Van Beirendonck 2020-21. | Capture écran de la vidéo officielle

Pour sa marque W & L. T. (Wild & Lethal Trash), un des temps forts d'un défilé (1998), fut une sorte de bal masqué où des couples très chics étaient affublées de masques à gaz verts, inquiétante étrangeté d'un monde inimaginable. À l'automne hiver 99/00, ses hommes en catsuit portaient sur le visage, une bulle en plastique (avec quelques trous pour la respiration), sunglass-mask. Dans ses réflexions sur le rôle du masque en tant qu'objet de métamorphose, Walter Van Beirendonck a été en 2017 commissaire invité de l'exposition Powermask au Wereldmuseum de Rotterdam et mit en scène des rencontres entre l'art et l'ethnographie avec des créations de Thom Browne, Richard Quinn, Viktor & Rolf, Louise Bourgeois... 

Les masques se sont récemment démultipliés dans les collections. Undercover avait commercialisé au Japon un masque avec la mention «Brain washed generation» et fit défiler à Paris d'extravagants masques en plumes ou des loups à nez exacerbé pour la collection en référence à Orange mécanique. Les Viktor & Rolf avaient accessoirisé leurs robes sculptures de masques blancs dans une approche cubiste (la boucle se boucle avec les masques africains). Marine Serre, depuis ses débuts remarqués, utilise régulièrement le masque, la cagoule dans ses collections privilégiant l'upcycling. En total look avec ses robes ou masques de protection manifestes pour réfléchir à la protection, à l'évolution  actuelle du monde et de la mode.

Trublion de la mode, Naco crée depuis maintenant une vingtaine d'année. Rebelle avec une cause («art is resistance»), le créateur a hésité à faire des masques par crainte de surfer sur une tendance et de paraître récupérer l'air du temps, mais puisque les masques réutilisables allaient être payants, il s'est lancé dans l'aventure. Des masques en tissus à motifs ou porteurs de ses phrases fétiches et utilisant sa graphie signature célèbre depuis la création de son tote bag «Karl Who». Une démarche artisanale et esthétique avec des masques baptisés «mieux que rien» lavables et avec une ouverture pour inclure un filtre. Naco raconte: «J'ai longtemps vécu en Asie, le port du masque est pour moi assez naturel. Quand j'eus fini ma première série de masques, j'ai considéré que oui le masque était un accessoire de mode et ce même si l'épidémie évolue.» 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Serie Masques " MIEUX QUE RIEN ... " by Naco-Paris . *** Disponibles sur notre e-shop : https://nacoparis.bigcartel.com/ *** Nos masques sont : - 100%coton lavables à 60° et réutilisables - 18x12cm / elastiques : 20cm = Taille unique unisexe adulte - double couche de tissu et ouverture en haut du masque permettant d'y glisser un filtre ( filtre non fourni ) - Frabriqués à la main artisanalement en France dans le studio de création de Naco-Paris - Coupés dans les tissus collectors d'anciennes collections Naco-Paris recyclés ou de tote bags collectors d'archives Naco-Paris recyclés . Tous les masques sont en sèrie limités. Nos tissus et matériaux sont propres , stockés dans de parfaites conditions d'hygiene et sont repassés plusieurs fois avec vapeurs haute température lors de la fabrication et avant l'emballage . - Produits dans des conditions d'hygienne strictes , de désinsfection réguliere des espaces et surfaces de travail , application strictes des mesures barrieres ( port de gants , masques etc ) - Estampillés du cachet Naco-Paris que nous utilisons pour certifier les oeuvres que nous produisons *** IMPORTANT : Bien que nous appliquons une parfaite hygienne dans la conception , production ainsi que l'emballage de nos masques nous vous conseillons d'appliquer vos propres mesures d'hygienes dés reception de votre achat . Nos masques ne sont PAS conformes aux critères des protection contre les virus , ils ne répondent à aucune normes et ne peuvent pas ètre considérés comme tels et ne peuvent pas remplacés un masque certifié. Nous sommes designers d'articles de mode . Nous avons décidés de créer ces masques car ils sont : " Mieux que rien ... " Pour des raisons d'hygiene et de sécurité les masques ne sont ni repris ni échangés. *** - Nos masques sont distribués par notre association TRANCE RAT SISTERS qui met en place des actions et fait la promotion de la creation textile et de l'art contemporain . - Pour tout achat de 100 euros minimum ( soit 5 masques ) , une boite-oeuvre peinte à la main " Art is Resistance " vous sera offerte ( limité à 18 exemplaires ) #nacoparis #masques #madeinfrance

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Le Belge Jean-Paul Lespagnard repense le circuit de la mode dans son espace bruxellois Extra-ordinaire et propose des masques ou des kits pour les faire soi-même avec tuto explicatif. 

Ronald van der Kemp pratique lui l'upcycling haute couture depuis plusieurs saisons et défile à Paris. En réaction à la pandémie et à propos de masques, il a orchestré le 28 avril un événement à Amsterdam. Dans l'Hôtel Europe, 29 mannequins dans 29 chambres ont ouvert les fenêtres (façon pub Égoïste de Chanel par Jean Paul Goude?) portant des masques confectionnés pour l'occasion, un drapeau blanc à la main tandis qu'un autre mannequin défilait dans une barque sur le canal. Un happening de mode et des masques vendus au profit d'une association qui va en faire réaliser par des réfugiés.

Jean Paul Gaultier vient de poster sur Instagram quelques réalisations imaginées avec son  équipe, ainsi une version marine égayée d'une bouche rouge dans le cadre d'un projet de masques de mode pour le magazine Gala.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Les people sont aussi de la partie avec notamment Billie Eilish et son petit bonhomme vert. Les masques avec logos de groupes musicaux, ainsi les Rolling Stones qui tirent la langue, sont aussi en vente, une partie des bénéfices allant heureusement à différentes associations. Sur son site Skims, Kim Kardashian propose à 8$ un masque en tissu en plusieurs tons s'approchant de la carnation. Stock vendu en un clin d'œil avant réassort et alibi caritatif, avec un don de 10.000 masques. D'autres démarches sont plus opportunistes et mercantiles, Off White (Virgil Abloh) n'hésite pas à faire des masques avec son sigle de flèches blanches vendu à un prix discutable (87€) et pas de donation à la clef.

Et demain?

Si le futur du masque est sanitaire, il pourrait aussi être un peu plus agréable à regarder. Pour Walter van Beirendonk, «le masque a été très présent ces dernières années et probablement que nous (les créateurs de mode) sentions le besoin de porter des masques pour protéger les humains en danger. À partir de maintenant le masque va devenir part du look et sûrement un accessoire de mode». Pour Christophe Coppens, «le masque sera un accessoire». «Il figurait déjà dans les collections de plusieurs créateurs (toujours chez Walter) et en Asie il existe depuis longtemps. Mes masques ont très peu à voir avec la protection, ni avec les accessoires. Personnellement, je préférerais un masque acheté en pharmacie. Je ne suis pas prêt à porter un masque décoratif ou lié à une marque. Au stade actuel, la sécurité d'abord.»

Sécurité, protection, c'est aussi une direction qui inspire Elisabeth de Senneville depuis longtemps: «En fait j'ai été la première entre 2003 /2016 à penser à la protection de la pollution dans les villes avec un foulard anti-pollution, une veste à capuche masque avec ce fameux tissu anti-pollution que j'ai inventé. Je préfère les masques foulards ou capuches, mais pas ceux qu'on voit aujourd'hui qui sont un symbole d'enfermement. Mais pour les collections de 2022, j'espère qu'on passera à autre chose.»

Au fil des siècles, les masques ont été chargé d'histoire, de symboles, de force, de magie alors aujourd'hui le petit bout de tissu ou de papier qui sert d'écran de protection est certes utile, mais bien insipide, d'une banalité tristement affligeante sans compter sa source de pollution. La mode pourrait, à défaut de sens, donner au masque du style, des couleurs et égayer les hordes de «sans visages» qui désormais peuplent la planète terre. 

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