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La Chine compromet l'autonomie de Hong Kong avec un projet de loi de sécurité nationale

Alors que le coronavirus a laissé à Pékin un répit face aux manifestations pro-démocrates qui secouent Hong Kong depuis un an, le gouvernement chinois essaye de reprendre le contrôle par la loi.

Des législateurs hongkongais pro-démocratie protestent contre le projet de législation sur la sécurité proposé par Pékin, au Conseil législatif de Hong Kong, présidé par Starry Lee (en blanc), le 22 mai 2020. | Anthony Wallace / AFP
Des législateurs hongkongais pro-démocratie protestent contre le projet de législation sur la sécurité proposé par Pékin, au Conseil législatif de Hong Kong, présidé par Starry Lee (en blanc), le 22 mai 2020. | Anthony Wallace / AFP

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur The Guardian

Ce jeudi 21 mai s'est ouvert à Pékin la session annuelle de l'Assemblée nationale populaire, et le Parlement a déjà fait savoir qu'il souhaitait instaurer une nouvelle loi de sécurité nationale pour Hong Kong. Cette proposition fait suite aux larges manifestations pro-démocratiques qui ont opposé les Hongkongais·es au pouvoir chinois depuis juin 2019.

«La sécurité nationale est le fondement de la stabilité du pays», a déclaré le porte-parole de l'Assemblée, Zhang Yesui. D'après les premiers détails fournis, la loi interdirait «les activités des forces étrangères et extérieures» cherchant à s'immiscer dans les affaires de Hong Kong. «Si nécessaire, les organes de sécurité nationale du gouvernement populaire central mettront en place des agences à Hong Kong pour remplir leurs obligations en matière de sauvegarde de la sécurité nationale», précise le projet de loi.

Si les protestations anti-gouvernementales ont été interrompues à Hong Kong par l'arrivée du coronavirus, la condamnation de ce projet de loi ne s'est pas faite attendre du côté des pro-démocrates:

«C'est la fin de Hong Kong. Pékin, le gouvernement populaire central, a complètement manqué à sa promesse envers le peuple de Hong Kong... Ils reviennent complètement sur leurs obligations», s'est indigné Dennis Kwok, membre du Conseil législatif de Hong Kong.

La fin d'un régime spécial?

L'opposition craint que la loi de sécurité n'efface le cadre du «un pays, deux systèmes», censé garantir une certaine autonomie à Hong Kong, qui bénéficie du statut de région administrative spéciale de la république populaire de Chine.

Dans la Constitution hongkongaise, l'article 23 de la Loi fondamentale dispose déjà que la ville se doit de promulguer des lois de sécurité nationale pour interdire «la trahison, la sécession, la sédition [et] la subversion» contre le gouvernement chinois. Mais cette clause n'a jamais été appliquée, afin de préserver les libertés, et notamment celle d'expression.

En passant par le biais de l'Assemblée nationale populaire chinoise, Pékin souhaite donc contourner l'opposition locale: «Cela signifierait également que les luttes politiques façon communiste ont pris le pas sur l'État de droit, et qu'un poignard a été planté au cœur des fondations libérales de la ville», a  déclaré Kenneth Chan, politologue à l'université baptiste de Hong Kong.

Ce vendredi, le Conseil des affaires continentales de Taïwan a exhorté Pékin à ne pas pousser Hong Kong dans «une plus grande agitation», et a réaffirmé que les troubles survenus dans la région n'étaient pas le fait d'influences extérieures.

Les prétextes de «sécurité nationale» et de «contre-terrorisme» sont souvent utilisés par la Chine contre les dissident·es politiques sur le territoire continental, aussi les activistes pro-démocrates, déjà qualifié·es de «terroristes» au moment des manifestations, craignent que ces pratiques ne s'étendent et se systématisent au cas hongkongais.

Wang Yang, le président de la Conférence consultative politique du peuple chinois, a déjà fait savoir que Parti soutiendrait toute initiative chinoise visant à «arrêter le chaos et rétablir l'ordre» à Hong Kong.

De leur côté, et alors que la date anniversaire des premiers mouvements de protestation approche, les militant·es pro-démocrates se préparent à réinvestir les rues.

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